« Napoléon, l’Épopée Immersive » ouvre ses portes à Paris

13 avril 2025

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« Napoléon, l’Épopée Immersive » ouvre ses portes à Paris

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Cette exposition doublée d’une expérience immersive en réalité virtuelle permet de plonger au cœur de l’ère napoléonienne. Un récit du Premier Empire rapporté de manière inédite, dans lequel le visiteur devient lui-même acteur de l’histoire aux côtés de Napoléon. Située aux Galeries Montparnasse à Paris, l’exposition, qui a débuté le 27 mars 2025 et s’étend sur trois mois, a déjà conquis les premiers visiteurs.

Éléments et informations sur l’exposition

On ne raconte plus Napoléon : il a déjà fait l’objet de tant de recherches, de récits, de romans. « Vivant, il a marqué le monde ; mort, il le possède. » avait dit Chateaubriand en son temps. Aujourd’hui la polémique demeure : modernisateur, tyran, commandant hors pair ou ogre sans pitié : quoi qu’il se dise de lui, Napoléon est désormais une figure historique maîtresse. Il a fait du Premier Empire une époque charnière, dont l’héritage est colossal et alimente encore notre société moderne.

C’est la raison pour laquelle le Studio Sandora, créateur d’expériences immersives culturelles, entreprend de lui dédier une exposition sous un nouvel angle : la réalité virtuelle. Revivre la bataille d’Austerlitz, le voyage à Sainte-Hélène, l’érection de la colonne Vendôme ou le passage de la Bérézina ; pour Marin de Saint-Chamas, fondateur de Sandora, il s’agit de découvrir la réalité de l’époque napoléonienne au-delà de sa légende, à la fois noire et dorée, dont les aspects sont présentés au cours de l’expérience.

Explorer l’histoire autrement 

Coiffé d’un casque de réalité virtuelle HTC Vive Focus 3, le visiteur chemine à sa guise dans un espace prévu à cet effet, et découvre aux côtés de Napoléon, qui s’érige en véritable guide, l’ensemble de son œuvre : victoires éclatantes, défaites sanglantes, monuments grandioses et suppressions de libertés. Au-delà de l’aspect contemplatif, la réalité virtuelle permet de s’immerger pleinement dans l’histoire du Premier Empire, en y prenant soi-même part. Il ne s’agit plus de la raconter, mais de permettre au visiteur de vivre l’épopée. L’exposition propose un format collectif, en faisant participer des groupes de six à douze personnes.

Une fois le casque enfilé, nous sommes propulsés en 1817, à Longwood, au cœur de la dernière demeure de Napoléon sur l’île de Sainte-Hélène, où ce dernier dévoile alors ce qu’a vraiment été son épopée. Nous voilà à présent dans ses campements, sur le champ de bataille, parés à traverser le Pont de la Bérézina, au sommet de la colonne Vendôme, autour du dôme des Invalides, enfin sur son navire qui fait voile vers Sainte-Hélène. On découvre son héritage : La Madeleine, La Banque de France, le Baccalauréat, l’Arc de Triomphe. On apprend davantage sur son sacre, ses stratégies de guerre, son rapport aux Français, sa femme Joséphine. Une demi-heure au cours de laquelle le spectateur se prête aisément à la mise en scène et ne voit guère le temps passer.

Ce spectacle est le terme d’un travail de longue haleine, où se sont multipliées les réflexions en termes d’apparitions, de ralentis, d’échelle. La minutie et le souci du détail transparaissent au cours de l’expérience, à travers des décors époustouflants, une bande-son qui emprunte au registre épique et des effets visuels et sonores saisissants de réalisme. Tant d’éléments qui témoignent, en dépassant la barrière des siècles qui nous séparent du Premier Empire, du gigantisme napoléonien.

Un apport instructif important

L’exposition ne se limite pas à la réalité virtuelle : elle est divisée en trois pans complémentaires qui permettent au visiteur de mieux saisir l’histoire de Napoléon dans son intégralité.

La première partie de l’exposition est centrée sur le contexte historique et culturel du Premier Empire. Ce parcours introductif est une véritable entrée en matière où l’on découvre plusieurs tableaux, qui mettent en lumière les personnages phares du règne napoléonien. Le public s’y attarde, soucieux de redécouvrir ces figures clés pourtant mal connues, de l’empereur lui-même au Maréchal Murat, en passant par le simple soldat de la garde impériale. Cette présentation permet au spectateur de s’accoutumer à la réalité de la période et préfigure la deuxième expérience, fondée sur la réalité virtuelle – où l’on retrouve ces personnages. C’est aussi dans cette salle que les visiteurs peuvent contempler diverses répliques d’objets historiques.

À lire aussi : Histoire bataille – Napoléon Bonaparte. Austerlitz (2 décembre 1805). Un chef-d’œuvre de A à Z

Après avoir fait l’expérience de la réalité virtuelle, reste une dernière escale avant la fin : l’exposition continue de mettre la technologie au service de la culture à travers l’usage de l’intelligence artificielle. C’est ainsi qu’un écran interactif représente un Napoléon à l’écoute des visiteurs, qui peuvent l’interroger à leur guise sur l’expérience qu’ils viennent de vivre et sur l’histoire du Premier Empire. Une seconde borne, plus ludique, propose de prendre des photos qui permettent au public d’incarner Napoléon, sa femme Joséphine, un soldat sur le champ de bataille… En parallèle, des cartes ornent les murs et dressent un bilan des grandes batailles qui ont constitué un tournant décisif dans l’histoire de l’Europe : Trafalgar, Austerlitz, La Guerre d’Espagne, la Campagne de Russie, et bien sûr Waterloo. Une frise chronologique, en rappel, met le doigt sur les grandes dates et périodes constitutives du Premier Empire.

Représenter le gigantisme napoléonien dans une vocation à l’authenticité

Le scénario de l’expérience virtuelle, signé Marin de Saint-Chamas, suscite une réaction unanime. Par le biais d’une innovation technologique de pointe, le créateur de « Napoléon, l’Épopée immersive » retranscrit admirablement la grandeur et la démesure du règne napoléonien.

Contraint à faire un choix narratif parmi les épisodes majeurs de la période du Premier Empire, puisque l’expérience, dense et spectaculaire, ne s’étend pas au-delà de trente minutes, il n’en demeure pas moins soucieux de les retranscrire avec justesse et offre dès lors une relecture saisissante du règne napoléonien en réalité virtuelle. Grâce à un important travail d’archives et de documentation, l’œuvre dépasse la simple reconstitution visuelle : elle vise à faire émerger la réalité, complexe et contrastée, de l’héritage napoléonien, entre légende dorée et légende noire.

Cette exigence de justesse est garantie par un Comité scientifique composé notamment de la Fondation Napoléon, de la Ville de Rueil-Malmaison, du Musée national de la Légion d’honneur et du Musée royal de l’Armée de Bruxelles. Dans un souci d’authenticité, la petite équipe de sept personnes ayant intégralement travaillé sur le projet s’est appuyée sur ces partenaires institutionnels pour garantir l’exactitude historique du récit. Exportée au-delà de Bruxelles à la capitale française, ayant vocation à s’étendre en province, l’expérience entend replacer Napoléon au cœur de notre culture nationale, en rappelant que, quels que soient les jugements portés sur lui, son empreinte irrigue encore profondément notre société contemporaine.

Le divertissement au service de la culture

Avec Napoléon, l’Épopée immersive, Sandora assume une ambition claire : rendre la culture accessible au plus grand nombre, en conjuguant les puissances de la réalité virtuelle et les exigences de la transmission historique. Loin de se substituer aux musées, l’expérience se présente comme un complément stimulant, une porte d’entrée vers un patrimoine historique, scientifique, artisitique et envrionnemental, que l’entreprise cherche à valoriser à travers des récits uniques et captivants. Son approche immersive bouleverse les codes pédagogiques traditionnels : le spectateur devient acteur, plongé dans des paysages d’immensité qui le marquent durablement.

À lire aussi : Les douze morts de Napoléon. Entretien avec David Chanteranne

La réalité virtuelle s’avance dès lors comme un moyen de choix afin de promouvoir la transmission, l’apprentissage et la culture. Le résultat de l’expérience ? Une meilleure appropriation des grands événements de l’histoire du Premier Empire, et une vision renouvelée de cette époque monumentale. Jeunes, retraités, enseignants, élèves ou simples curieux ressortent conquis, fascinés par la qualité des graphismes et la profondeur des décors. Ainsi, outre le souvenir d’une expérience unique en son genre, il reste au spectateur en quittant les lieux une maîtrise accrue de cette période. Ce modèle d’apprentissage par l’émotion redonne à la culture son pouvoir fédérateur, et offre à chacun les clés pour comprendre le monde d’hier comme celui d’aujourd’hui. Car tel est le credo de Sandora : faire du divertissement un véritable levier de connaissance, et permettre à chacun de se l’approprier.

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Emmanuelle de La Serre

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