L’auteur nous place dans une fin de premier mandat, avec un président dont la popularité est en berne et qui voit les ambitions et les poignards s’affûter pour sa succession. Entouré de conseillers dont les recommandations ne sont pas forcément des plus pertinentes, le président doit gérer la parution à venir des mémoires sulfureuses de son ex-femme. Toute ressemblance avec un président de la République entre 2012 et 2017 n’est évidemment pas une coïncidence
Première Dame – Didier Tronchet – Jean-Philippe Peyraud, Collection : 1000 feuilles.
Désopilant et décapant
Dans une conjoncture politique pour le moins incertaine et si l’on souhaite se changer les idées avec un peu d’humour, cet album de 265 planches vient à point nommé.
L’auteur nous place dans une fin de premier mandat, avec un président dont la popularité est en berne et qui voit les ambitions et les poignards s’affûter pour sa succession. Entouré de conseillers dont les recommandations ne sont pas forcément des plus pertinentes, le président doit gérer la parution à venir des mémoires sulfureuses de son ex-femme. Toute ressemblance avec un président de la République entre 2012 et 2017 n’est évidemment pas une coïncidence.
Les hasards d’un déplacement présidentiel conduisent le président Langlois, ancien rugbyman originaire du sud-ouest, à croiser le chemin d’une actrice militante, militante de la cause des migrants dont il tombe éperdument amoureux.
L’intrigue peut être très classique, mais c’est surtout dans les allers-retours avec des situations réelles que l’on apprécie tout l’humour de situation que nous propose le scénariste. Le lecteur pourra essayer de retrouver les personnages réels, avec leurs postures et leurs ambitions, et faire le lien avec l’actualité la plus immédiate. Le ministre de l’Intérieur cherche à se construire un destin présidentiel, et les deux derniers occupants de la place Beauvau ressemblent furieusement au personnage de la bande dessinée. Belle synthèse assurément.
On retrouve également la trame historique de ce film déjà ancien avec Jean-Louis Trintignant, et Catherine Deneuve « le bon plaisir » et de très nombreuses autres références à des événements qui ont pu se dérouler lors de la remise des Césars, ou encore l’occupation d’une église remplie de migrants avec Emmanuelle Béart et tant d’autres événements que l’on pourra apprécier, dès lors que l’on a pu suivre attentivement les péripéties de la vie politique pendant quelques décennies.
Évidemment, François Hollande et ses péripéties en scooter, sa construction d’une relation avec une actrice, se retrouve très clairement dans le récit, avec l’impact de la presse people que les protagonistes cherchent à instrumentaliser.
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L’affaire se corse lorsque celle qui occupe, à son corps défendant, la fonction de nouvelle première dame, se voit gagnée par des ambitions présidentielles très largement à la gauche de celles du titulaire de la fonction.
Il ne faut évidemment pas dévoiler la fin de l’intrigue, mais elle peut être assurément surprenante, mais en tout cas particulièrement rafraîchissante. Et puis, dans un contexte plutôt morose et incertain, quelques éclats de rire au détriment de ces communicants hors-sol qui bâtissent des stratégies foireuses, cela fait plutôt du bien.