<i class='fa fa-lock' aria-hidden='true'></i> Livre – War and Religion

14 mars 2020

Temps de lecture : 3 minutes
Photo : A l'issue de la troisième croisade, les croisés concluent un traité avec Saladin, leur accordant Jaffa, Acre et le droit de visite à Jérusalem, Auteurs : MARY EVANS/SIPA, Numéro de reportage : 51334475_000001.
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Livre – War and Religion

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Le dernier ouvrage d’Arnaud Blin, chercheur franco-américain, consacré aux relations entre guerre et religion est un tour de force original qui le situe comme un des meilleurs historiens de la guerre. Son approche concerne essentiellement l’Europe, la Méditerranée et l’Orient jusqu’à l’Iran. Le cœur du propos se concentre sur la période qui va du IVe au XVIIe siècle, soit de la fin de la persécution du christianisme par l’empereur Constantin au Traité de Westphalie (1648) qui institue un ordre fondé sur des intérêts d’État.

 

Au cours du VIIe siècle, les succès fulgurants de l’expansion de l’islam profitant d’une épuisante épreuve de force entre l’Empire romain d’Orient et la Perse suscitent une configuration géopolitique radicalement nouvelle. L’Empire romain d’Orient perd le Proche-Orient et par la suite tout le pourtour méridional de la Méditerranée tandis que la Perse zoroastrienne disparaît. L’islam pour sa part, dès la mort de Mahomet, se divise sur la succession de celui-ci : revient-elle à la famille ? (dont naîtra le chiisme) ou aux Compagnons ? (qui établissent le sunnisme). Dominé, le chiisme connait cependant des épisodes glorieux : Fatimides en Égypte, Bouyyides en Irak et surtout Safavides en Iran. Entre temps, les Omeyyades créent l’Empire arabe dont l’expansion va d’Espagne aux marches de l’Inde. L’apogée est atteint avec l’Empire abbasside à partir de 750 symbolisé par Haroun al-Rachid, contemporain de Charlemagne. En 751 les musulmans battent les Chinois en Asie centrale.

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L’Empire romain d’Orient résiste à toutes les tentatives visant à le détruire et contribue ainsi à sauver la survie du réduit européen jusqu’à ce que celui-ci, au XIe siècle, organise une contre-offensive largement préparée par la Reconquista espagnole. Tandis que l’Espagne chrétienne contre-attaque, les musulmans issus du Maroc, Almoravides et par la suite Almohades, du XIe au XIIIe, cherchent à reprendre la situation en main. La chrétienté suscite des ordres militaro-religieux tels les Templiers et les Hospitaliers. À l’extrême fin du XIe siècle, la contre-offensive chrétienne se déploie au Proche-Orient avec la prise de Jérusalem, tandis que les Turcs Seljoukides jouent un rôle militaire important. Il faut attendre la réorganisation opérée par le sunnite Saladin pour que Jérusalem tombe au lendemain de Hattin (1187). Les royaumes latins perdurent jusqu’à la fin du XIIIe siècle et disparaissent par manque de démographie sous les coups des Mamelouks. La quatrième croisade, dévoyée par Venise se solde par le sac de Constantinople (1204) affaiblissant le christianisme oriental et contribuant à sa chute (1453). Des croisades tardives aux Balkans ne parviennent pas à desserrer l’étau musulman.

Mais au lendemain de la chute du Royaume de Grenade (1492), c’est l’arrivée des Espagnols sur le continent américain et bientôt la conquête du Mexique et du Pérou qui transforment graduellement l’Amérique en « Extrême-Occident ». Entre temps, en 1501, avec l’adoption du chiisme comme religion d’État, l’Iran ajoute un regain de discorde dans l’islam. L’alliance de François Ier avec Soliman fut perçue comme une mésalliance fondée sur des intérêts d’État auquel répond – c’est moins connu – l’alliance de revers des Safavides avec les Habsbourg. Le protestantisme fait son apparition et s’impose militairement (Maurice de Nassau, Gustave Adolph). Les Ottomans se rendent maîtres de la Syrie et de l’Égypte (1517) et assiègent, en vain, Vienne (1529).

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On est passé des guerres saintes aux guerres de religion et bientôt aux intérêts d’État, mutation en partie due au génie politique de Richelieu s’alliant aux protestants pour affaiblir les Habsbourgs.

Le Traité de Westphalie (1648) institue une architecture géopolitique toute nouvelle. La contre-offensive menée contre les Ottomans tend à devenir victorieuse dès le début du XVIIIe siècle.

L’apparition récente du phénomène islamiste est un avatar aux conséquences limitées tant que la croissance économique n’est pas au centre des préoccupations des tenants d’un retour à la puissance.

Arnaud Blin, War and religion, UC Press, 2019.

À propos de l’auteur
Gérard Chaliand

Gérard Chaliand

Géopolitologue de terrain, Gérard Chaliand a parcouru de nombreuses zones de guerre, dont le Kurdistan, où il se rend régulièrement depuis de longues années.
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