Les rebelles du M23, avec le soutien logistique et militaire du Rwanda, ont pénétré mardi soir dans les faubourgs d’Uvira, ville stratégique de l’est de la République démocratique du Congo (RDC) située aux portes du Burundi voisin.
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Des combattants du groupe armé antigouvernemental sont entrés par le nord de l’agglomération de plusieurs centaines de milliers d’habitants, selon des sources locales et militaires. Ces nouvelles violences surviennent quelques jours après la ratification sous les auspices de Washington d’un accord Kinshasa-Kigali, visant à ramener la paix dans l’Est congolais, frontalier du Rwanda et riche en ressources, mais en proie à des conflits depuis trente ans.
Le Burundi coupé de la RDC
La chute d’Uvira signe un revers pour les autorités de la République Démocratique du Congo qui voient le chef-lieu du Sud-Kivu, province de plus de 8 millions d’habitants leur échapper tandis que le Burundi perd lui, de manière effective, sa frontière terrestre avec son allié congolais. Ces avancées significatives du M23 ont déjà provoqué la fuite de plusieurs dizaines de milliers de civils vers le Burundi, de concert avec la perpétuelle retraite des soldats congolais, burundais ainsi que des milices alliées. Le M23 se trouve désormais à moins de 10 kilomètres de Bujumbura, la capitale économique du Burundi.
Accords de Washington… du vent ?
Le gouvernement rwandais accuse la République démocratique du Congo et le Burundi de « violations délibérées » des processus de paix dans l’est de la RDC, au lendemain de l’entrée du groupe armé M23, soutenu par Kigali, dans la ville stratégique d’Uvira.
Cette nouvelle percée du groupe antigouvernemental M23, qui affirme défendre les intérêts des populations tutsies de la région, intervient près d’un an après l’offensive éclair qui lui avait permis, avec ses alliés rwandais, de s’emparer entre janvier et février des deux grandes villes de l’est de la RDC, Goma et Bukavu.
Le Burundi a dénoncé l’attitude belliqueuse du Rwanda, qui selon les observateurs, chapeaute les opérations militaires du M23 et joue un double-jeu sur la scène diplomatique internationale en ne cachant qu’à moitié ses vues sur les ressources minières rares dont regorge le Nord-Kivu (80% des réserves mondiales de coltan).
Quelles limites pour le M23 ?
Le Mouvement du 23 Mars (M23) est une organisation militaire fondée en 2012 par d’anciens soldats mutinés de l’armée congolaise et des ex-rebelles du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP). Pendant une décennie, les combats avec les forces gouvernementales se sont limités à des escarmouches sporadiques, suivies de trêves fragiles et d’accords rarement respectés. Cependant, l’année 2025 a vu une intensification des combats et une forte expansion territoriale du M23 dans toute la région du Kivu, permettant sa montée en puissance en terme d’effectifs et de moyens militaires.
Le M23 a démontré sa capacité à conquérir, mais également conserver et défendre militairement ses gains territoriaux. De fait, l’avenir des territoires sous son contrôle interroge, y aura t-il une volonté d’instaurer une administration locale à long terme et/ou de créer un état indépendant dans la région du Kivu ?
Pour répondre à cela, il est sans doute primordial de se tourner vers les intérêts premiers de Kigali, principal bénéficiaire de l’instabilité et de la perte de contrôle des autorités congolaises dans la région. Paul Kagamé aura plusieurs choix : laisser son « proxy » tendre vers l’autonomie, ou bien viser, à long terme, l’annexion des territoires conquis par le M23, convoités par le Rwanda.
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