Taïwan : une équation à plusieurs inconnues 1/2

10 août 2021

Temps de lecture : 23 minutes

Photo : Taïwan : une équation à plusieurs inconnues 1/2. Crédit photo : Unsplash

Abonnement Conflits
Abonnement Conflits

Taïwan : une équation à plusieurs inconnues 1/2

par

La rivalité des puissances autour de l’île de Taïwan accroit la pression sur cette région du monde. Un nouveau grand jeu est en train de se mettre en place, qui implique les principales puissances mondiales.

En 1840, Alphonse de Lamartine écrivait : « L’Angleterre acceptera un siècle de guerre en Méditerranée, avec nous et avec tout le monde, plutôt que de concéder les clés du canal de Suez… Pourquoi ? Parce qu’elle ne peut se laisser fermer cette porte de son immense Empire indien, de sa puissance, de sa politique et de son commerce sans la défendre jusqu’à extinction de ses forces » ([1]).

La Chine ne saurait déroger à ces principes fondamentaux de la puissance sauf à créer une ambiguïté stratégique. Et longtemps pourtant l’histoire de Taïwan est pleine de ces ambiguïtés, de ses adversaires changeants de règle ou changeant de jeu, ces rapports au monde qui dépassent ou bouleversent la géographie et ses équilibres pour donner des situations imprévues. Tout comme la Chine ne saurait oublier qu’au nom du poids de l’histoire et des forces expéditionnaires qui l’assiégeront par les mers tout au long du XIXe et pour moitié de celui du XXe. Désormais, cette donne imposée à la Chine par les puissances occidentales, constitue dans l’esprit des stratèges chinois le repère géopolitique majeur et rappelle le fait que la Chine restera colonisée jusqu’en 1949.

Avec la normalisation des relations sino-américaines de 1979, nous crûmes que la question « Forgotten Taiwan » s’était figée et nous étions rassurés par l’intégration chinoise à l’ordre international avec son entrée en 2001 au sein de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) en faveur de la prospérité mondiale et nous acquiescions que le statu quo restât de rigueur.

Face à ce triple constat de ce « whatever it takes », sur la détermination au sommet du Parti Communiste de Pékin a opéré sa révolution mentale sur la question de la réunification de l’île de Taïwan au continent ([2]). Une première inconnue sur le sujet de l’usage de la force pour s’unir est levée depuis 2005 et la loi anti-sécession adoptée par le Congrès national du peuple chinois. Autrement dit, si Taïwan n’accepte pas d’être réunifié paisiblement, il sera forcé de le faire. Nous y voilà, quinze ans plus tard, ces quelques mots qui pourraient changer le sort de Taïwan et de la zone du Pacifique. Comme le professait Lénine, « faites-leur avaler les mots, vous leur ferez avaler la chose…». Or, pour les États-Unis, toute hégémonie nouvelle ne peut être tolérée !

Nombreux sont les experts, les décideurs civils et militaires, les chercheurs qui travaillent sur ces questions et inconnues, certains ont émis le souhait d’un renouvellement clair de l’ambiguïté stratégique entre Washington et Pékin au sujet du lien trop ténu de Taïwan. Malheureusement, l’enjeu du statu quo pour chacun des deux acteurs conduit, pas seulement à la notion d’intérêt national, au nouvel équilibre des pouvoirs sur la scène internationale, qui peine à les dissuader de faire quoi que ce soit en faisant croire que les coûts qu’ils supporteraient dépasseraient les bénéfices attendus. Compte tenu de ce constat, de la situation des acteurs concernés et de la répartition de leurs forces, cet article repose sur plusieurs hypothèses auxquelles nous adhérons et que nous empruntons à la théorie de l’équilibre des puissances réalistes des relations internationales.

À lire également

La guerre pour Taïwan ? Précédents historiques et risques militaires

La première est fondée sur la notion d’intention entre les États-acteurs, dans la cohérence des décisions et des actions entreprises de leurs pensées stratégiques. La deuxième hypothèse est le caractère anarchique de l’ordre international, que les relations entre États s’inscrivent dans un ordre dépourvu d’autorité supérieure. Formulant l’hypothèse rationnelle que le but principal et final de chaque État est d’être en mesure de survivre, que pour y parvenir, leur bottom line stratégique se résume à deux arguments contradictoires inhérents de concurrence illusoire : devenir un hégémon et empêcher son émergence.

Avec une analyse qui se déroule en deux articles et qui aura pour ambition de présenter les dimensions actuelles du rapport de forces grandeur nature avec un volet consacré à la Chine, à ses considérations géopolitiques et un autre, abordant les États-Unis et leurs avantages de puissance à long terme. Pour reprendre une formule empruntée à Hans Morgenthau sur « l’empathie stratégique » ([3]), nous nous chargeons d’apporter des réflexions objectives, fiables en nous mettant à la place des deux protagonistes englobant dans cet agenda de taille les questions de rivalité sur la nature de leur opposition. Dans le même temps, tout change et évolue sur les terrains du rapport de forces et de la réalité géopolitique : visant à se projeter dans une vision du futur de l’espace-temps pour permettre une analyse solide, pour ne pas se servir seulement d’un rétroviseur et pour que les arguments de ces réflexions ne soient pas des jalons, mais des vigies pour anticiper ce conflit à venir.

Le principal élément de toute politique des États-Unis vis-à-vis de Taïwan constitue le maintien du statu quo de long terme. Remplaçons « Taïwan » par le Pacifique, et aujourd’hui plus qu’hier l’approche reste parfaitement sensée. Au vu de la réalité de la puissance des États-Unis, l’US Navy est libre d’y errer, de la liberté de se déplacer, d’accéder àcertaines terres et espaces maritimes sans aucune concurrence de son hégémonie régionale. À priori la Chine ne peut pas faire valoir ce contrepoids à l’influence américaine, bien qu’elle montre aujourd’hui les mêmes tendances expansionnistes et putatives de James Monroe mettant en garde les Européens au XIXe siècle dans les Caraïbes ([4]). Raisonner stratégiquement, c’est s’efforcer de penser avec rigueur les raisons de discorde qui se multiplient et se renforcent autour de l’importance de la présence des puissances navales, car Taïwan marque une rupture dans cette rivalité patiemment construite. À ce titre, Taïwan a une remarquable charge symbolique prépondérante autant pour Washington que Pékin et cristallise un enjeu sécuritaire vital dans la légitimation pratique du recours à la force militaire. Balayons le cours futur des scénarios stratégiques en essayant de comprendre comment Pékin et Washington regardent Taïwan, et comment leurs perceptions, ainsi que leurs intentions, influencent leurs politiques et leurs actions. Le contexte de Taïwan est l’occasion d’une reconsidération stratégique à l’échelle du Pacifique, révélant des réalités géopolitiques incertaines et complexes. Où en sommes-nous de cette grande transformation de la puissance ? Un pacte global entre États-Unis et Chine pourrait-il être une option à la hauteur de la situation ([5]) ? Est-ce que la prise de contrôle chinoise de Taïwan constituerait une menace réelle pour les intérêts vitaux américains ? Et, dans un jeu de dominos, pour ceux du Japon et pour la crédibilité américaine auprès de ses alliés régionaux ? Vers quelle intensité de rivalité allons-nous évoluer ? C’est à ces questions que ce double article entend répondre.

À lire également

Danger sur Taïwan

Le statu quo dans l’œil de Pékin

Comme on le voit dans les écrits d’Ernest May, la revalorisation du passé ne peut être qu’une solution momentanée, il faut au cours de la si longue histoire développer une nouvelle stratégie en temps voulu ([6]). Fini les illusions du passé de la Chine et l’époque de sa désagrégation partielle par les puissances occidentales. Non seulement des humiliations subies par des traités d’extraterritorialité aux XIXe et XXe siècles, avec en ce temps-là, l’octroi de ce qu’ont appelé les « ports à traiter ». Comme le souligne brillamment l’historien Jonathan D. Spence, il y avait à cette époque une crainte latente que la Chine devienne parcellaire, qu’elle perde sa cohésion en tant que nation ([7]). Ce fut aussi avant cela, la période où les États-Unis s’intéressaient de plus en plus à la Chine puisque leur succès dans la guerre hispano-américaine de 1898 ouvrait la parenthèse exceptionnelle de leur accession au rang de puissance. C’est le cas notamment en Asie avec l’idée pragmatique de s’opposer à la notion de sphère d’influence et de répondre aux négociants et marchands britanniques qui contrôlaient pas moins de 80% du commerce extérieur chinois. Cette volonté américaine de monter une architecture de politique étrangère régissant les relations commerciales entre les puissances avec l’Open Door policy de John Hay, du reste perçue comme un succès diplomatique de premier plan ([8]). Aujourd’hui, l’ombre de cette politique rappelle aux stratèges chinois, une constante des relations internationales avec le mythe des bonnes intentions américaines. Chaque épisode emblématique de ce rapport de forces pesé au trébuchet de l’histoire constituant autant de revers dans les intentions et principes du bien des États-Unis.

Les griefs ouverts par la catastrophe géopolitique chinoise du XXe et du monde qui s’y substitue, constituent dans le récit chinois une forme de motivation puissante et nulle besoin d’être dans la tête de Xi Jinping pour comprendre quel pays affichait un caractère commun avec l’armée nationale révolutionnaire engagée dans une guerre civile face aux forces du parti communiste chinois. À l’effroi des vainqueurs de la Chine continentale, ce pays reste le principal allié du gouvernement taïwanais et continu à armer la forteresse Taïwan. Sans omettre que le passé colonial de la présence de l’Empire du Japon a marqué Taïwan pendant un demi-siècle de 1895 à 1945. Le statu quo d’aujourd’hui ne s’appuie pas sur un équilibre des puissances, mais autour de l’hégémonie américaine. Autre concept fort vivace, et redoutablement opératoire pour nourrir le récit, les référents de l’histoire et de la géographie à l’origine de l’ambiguïté stratégique et dont la configuration géopolitique dominante de Taïwan, empêche de poser frontalement la question du lien avec la Chine continentale en tant que telle. La question taiwanaise est clivée, ensuite par les engagements qu’entretiennent les États-Unis et Taïwan, par exemple, mais plus profondément par la loi du Taïwan Relations Act votée en 1979, opposant l’application du principe de rattachement de Taïwan à la partie continentale ([9]).

La manière dont ce « grand jeu » peut être lu à Pékin à ce moment ne s’accommode plus à la rivalité sino-américaine et le statu quo est devenu plus que jamais un enjeu géopolitique d’importance décisive. Aucune des deux nations ne peuvent pronostiquer le statu quo sur la seule base de leur intention et subrepticement cela change son centre de gravité et aussi sa nature : dans un mouvement de containment de la liberté d’action des Taïwanais. Une réflexion historique qui nous rappelle l’importance des positions idéologiques de Xi Jinping en utilisant le passé. Une réflexion qui nous révèle la permanence du balancement de Taïwan entre indépendance et réunification. Ainsi, c’est en 1999 que le défunt président Lee Teng-hui, premier président taïwanais élu au suffrage universel et père spirituel de la présidente Tsai Ing-wen, avait proposé pour la première fois l’idée d’une réunification avec la Chine sur le concept de relations « d’ État àÉtat ».

À cet égard, le parti d’Hu Jintao avait redoublé de fureur sur cette question de politique intérieure qui taraude les maîtres du Great Hall of the People, entre cette même nécessité d’avoir à articuler deux visions antinomiques et àconforter l’une pour faire face à l’autre. En un mot, le pragmatisme en pariant sur le temps long, doit accompagner la position de Pékin de dépasser le soi-disant « consensus de 1992 » en vertu duquel il était convenu qu’il n’y eût qu’une seule Chine, mais laissant chaque partie avoir une interprétation différente de ce que cela signifiait ([10]). Pour dire les choses autrement, la probabilité d’unification paisible avec l’île est faible et les régimes politiques comme les hommes passent, alors que les pays restent et dessinent les plus grandes victoires qui sont généralement les plus discrètes. C’est dans ces temps-là qu’évolue le débat national dans son contexte politique et idéologique des grands problèmes stratégiques. Aussi bien dans le long discours de Xi Jinping lors du 19e Congrès national de 2017, que dans le rapport annuel du Premier ministre au Congrès national du peuple chinois, le mot « pacifique », jusqu’en 2019, les a engerbés, de ce qui souligne l’éminent signal d’un calendrier sur les liens avec Taïwan. Le choix de ne plus nier cette possibilité a étéjugé à Pékin plus urgent que celui de l’esquiver. Il en résulte que lors de la récente session de cette année 2021, le mot manquait à nouveau !

Et aussi, au-delà du sens du mot, une vision centrique des mots qui ne sont pas utilisés sans but. Une discipline idéologique, première condition, montrant et imposant à tous les cadres et subordonnait le résultat visé par le pouvoir supérieur. Pour reprendre les mots de l’historien Karl Wittfogel, sur sa théorie générale de l’exemple d’organisation systématique à grande échelle alliant modernité occidentale et autoritarisme, celles-là mêmes qui habitaient le développement des « civilisations hydrauliques » ([11]). Discipline des fondements théoriques et active sur le plan de la diplomatie, deuxième condition, pour conserver le droit d’agir dans le sens voulu. Là doit se placer la notion supérieure de l’ère politique de Xi Jinping et à plus forte raison pour ceux qui tiennent les premiers rangs au sein du parti communiste chinois. Ne résistons pas à la rigueur de citer ici le quatorzième chapitre du discours de Xi Jinping, ce qui vaut mieux que le paraphraser. Pour servir cette communauté de destin commun, il appelle « à continuer à faire régner une discipline rigoureuse dans les rangs du Parti… D’avoir le courage de s’imposer une révolution et appliquer une stricte discipline dans ses rangs.. », car être discipliné ne veut pas dire davantage qu’on exécute les ordres reçus, mais bien qu’on entre franchement dans la pensée, dans les vues du chef « Xi » qui a ordonné, et qu’on prend tous les moyens humainement « 1,4 milliard de camarades » pour lui donner satisfaction. En haut lieu, discipline égale l’activité de l’esprit pour une éthique nationale qui cherche constamment à créer les événements du rêve du peuple chinois, non à les subir. Sur ce terme de « rêve chinois », du rajeunissement de la nation chinoise que décrit Xi Jinping, rappelons les mots d’Orville Schell sur cette analyse du passé selon laquelle le piétinement des libertés ou la politique répressive de Xi Jinping ramène à faire un bond en arrière dans le traumatisme historique de la Chine ([12]). À l’issue de cette période d’humiliations, Mao-Tsé Toung fut l’homme de la souveraineté, alors que Deng Xiaoping celui de la prospérité. Xi Jinping construit son image de père de l’hyperpuissance de la Chine, laquelle passe par la récupération de la province perdue pour léguer son empreinte politique à l’histoire de la Chine. Et pour finir, le rêve est étroitement lié aux rêves des autres peuples : Banque asiatique d’investissement dans les infrastructures (AIIB) ; les nouvelles routes de la Soie, une kyrielle de grands projets marshalliens qui promeut l’avènement d’un nouvel ordre régional et économique.

Voilà également une approche qui permet d’aborder la dimension civilisationnelle de la communauté des destins du monde et qui prédit sa revanche sur le déclinant monde de l’Occident. Vu sous un autre angle d’approche utile à ce regard porté sur l’œil de Pékin, je sais gré à Yuji Miyamoto, ancien ambassadeur du Japon en République Populaire de Chine de ses efforts à m’expliquer la distinction entre défenses et sécurités autour du concept chinois de « cultural confidence » ([13]). Le fil directeur de ce concept peut tout aussi bien être énoncé ainsi : de la confiance accumulée au cours des trente dernières années les plus glorieuses de l’histoire millénaire chinoise et qui en fait le premier partenaire commercial auprès de 120 pays. Dans ce nouvel ordre sans croyances et sans valeur communément admises, qui s’appuierait ou se recentrerait sur la Chine.

Du reste, sur ce sujet, les États-Unis eux-mêmes, fondateur en collaboration avec le Royaume-Uni et d’autres, ont établi le système international libéral en ce sens qu’il devait fonder ce nouvel ordre sur l’état de droit. À cette fin, un concept d’arrangements internationaux, représenté par des institutions pour promouvoir les valeurs occidentales et la paix (les Nations unies), le développement économique (la Banque mondiale), le commerce et les investissements (FMI et OMC plus tard). La différence, cette fois, c’est que dans l’enceinte des relations internationales, l’influence grandissante de la Chine est un « game changer », qui va à l’encontre des leçons de morale que les États-Unis dispensent sans assurance que le monde s’accorde. Ce n’est pas faute des principes de bon sens qui appelle à répondre à ces défis institutionnels en considérant la gouvernance de l’ordre international, sans quoi un affaiblissement de la communautéinternationale à même de bouleverser la donne du balancier des 193 États des Nations unies qui bon gré mal grée se révèle aux yeux de la Chine sur l’ordre d’après.

Cet ordre international cher aux dirigeants des États-Unis et de leurs alliés est paradoxalement confronté à un retour du système westphalien cher aux disciples de l’école Realpolitik qui structure le système international, la codification des relations sur la souveraineté et les fondements des intérêts vitaux des États. En d’autres termes, ce n’est pas le système lui-même qui conduit à la guerre, mais plutôt le non-respect de ses règles. Il se trouve que sur cet aspect de « core interest » ([14]), la question du statu quo de Taïwan apparaît tout à fait à propos pour nous le rappeler et à la lecture des discours et textes placés en annexe ([15]), on comprend tout de suite comment cet enjeu dichotomique dans les faits montre la tactique de susciter la perplexité et l’art de dissuasion dans la stratégie d’affrontement entre la Chine et les États-Unis.

Sur cette même question, la Chine dessine « son statu quo », considérant que les règles du jeu de l’ordre international actuel ne conviennent pas à ses intentions. Chaque situation de rapport de forces à son propre flux, sa dynamique et chaque enjeu a ses nécessités propres. Il est vrai que d’un sujet géopolitique ou géoéconomique à l’autre, on passe du statut de partenaire, à celui de concurrent, voire d’adversaire selon qu’on examine la dénomination ou le contenu. Afin de consolider cet investissement commun dans un nouvel ordre et de reconnaître toutes les limites de l’actuel, la Chine assume son rôle historique engagé depuis 2013 sous l’égide de Xi Jinping. Parce que tous les acteurs majeurs de l’ordre international sentent le sol géopolitique bouger sous leurs pieds, observant qu’en dépit du cours d’industrialisation de la Chine en phase aiguë de son nationalisme, la planète des États glisse irrémédiablement vers l’empire du Milieu. Bien sûr, son modèle capitaliste est domestiqué, mais la Chine n’est pas encore un État-nation. Il y a exactement quatre-vingt-dix ans, l’Empire du Japon promulguait son concept de sphère de coprospérité pour les pays d’Asie, en faveur d’un nouvel ordre international. Le testament de l’histoire pèse aujourd’hui encore lourd sur la marge de manœuvre et l’ambition du Japon, désormais subordonnée sur le plan militaire et ne satisfait pas nécessairement ses intérêts. Mais revenons à la vision géopolitique de la Chine et de son concept des routes de la soie avec ses gigantesques projets d’infrastructure à l’assaut du monde pour un destin commun, et un nouveau cadre de référence pour une mondialisation « prospère, mais sinisée ».

Engoncé dans sa conception révisionniste, le pouvoir chinois poursuit massivement cette vaste initiative de la BRI (acronyme officiel désignant la « Belt and Road Initiative » pour étendre son influence et faire rayonner la Chine dans son analyse des rapports de forces. On peut rappeler à cet égard, la lecture tout à fait d’actualité d’Alfred Cobban qui nous fournit une analyse éclairante quand il suggère que si la notion de souveraineté entre puissances reste la condition sine qua non de leurs relations politiques, alors « the great states should seek to engulf their neighbours, and the small states be kept alive, if at all, only when they are in the position of buffers between the great » ([16]). La Chine n’a pas encore obtenu pratiquement ce qu’elle voulait et reste décidée à aller loin dans la paix ou dans la guerre pour son unité et l’intégration de Taïwan. S’il y a un maître des horloges qui s’appelle le temps, convient le Parti communiste chinois, l’histoire pourrait faire son retour, et n’est-ce pas d’ailleurs ainsi que le roman historique du XIVe siècle, « Romance des trois royaumes », considéré comme l’un des plus grands romans classiques de la littérature chinoise, porte une observation d’ouverture sur la nature cyclique de l’histoire chinoise : « L’empire, longtemps divisé, doit s’unir et longtemps unis, doit se diviser. Ainsi, il n’a jamais été » ([17]). Voilà un axe de réflexion pour demain.

À lire également

Taïwan : la plateforme des semi-conducteurs

L’incontournable Taïwan

Faire le tour de la question de Taïwan est l’occasion d’une reconsidération de la géographie de la Chine sous toutes ses formes. Bref, une territorialité beaucoup plus vaste que le Pacifique et une Marine chinoise dont les déterminants englobent les éléments de la théorie développée par l’amiral Alfred Thayer Mahan à la fin du XIXe siècle ([18]). La position géographique, qu’il appelle également la disposition du territoire et les bordures côtières, caractérise un premier déterminant. Le second est lié au rayonnement économique et comme il le décrit dans son ouvrage, « the influence of Sea Power upon History » influence la puissance maritime et ajoute à la capacité de projection de forces navales. Ce nouveau regard sur les océans n’est pas si moderne, car bien que considérée comme une puissance continentale à l’instar de la Russie, la Chine a dominé l’Asie en termes maritimes sous les dynasties des Qin et des Ming, jusqu’au XVIIe siècle.

Concernant le cadre géographique, comme le rappelle fort justement Sir Halford MacKinder, qui commande la zone pivot, contrôle l’île du monde et qui règne sur l’île du monde commande le monde ([19]). Mieux connu comme la théorie du Heartland avec en son cœur la zone Eurasie comme pivot géopolitique. En situant sur une carte l’Heartland, il est aisé de constater les efforts de la Chine à favoriser une plus grande intégration de son littoral et à projeter sa puissance maritime en se donnant l’accès aux océans. Halford MacKinder insistait sur la capacité d’une puissance à maîtriser la vaste Eurasie en pouvant utiliser ces ressources pour construire une énorme flotte. En s’assurant des routes terrestres et maritimes du XXIe siècle en gros, la Chine se déploierait sur ces deux océans Indien et Pacifique, à travers les mers de Chine méridionale et orientale pour ultimement vaincre Taïwan afin de dominer en hégémonie ses deux façades maritimes.

Les aspirations navales de la Chine sont encouragées par plusieurs atouts. Parmi ceux-ci, son vaste territoire, le plus grand d’Asie et le troisième plus grand du monde avec le quart de la population mondiale. Avec plus de 5 000 kilomètres d’une frontière à l’autre, elle dispose d’un socle solide pour bâtir une véritable sphère d’influence et préparer son grand retour nationaliste. Pour Pékin, la mer de Chine est avant tout une mer intérieure. Sa géographie l’oriente vers cet axe maritime dont les pourtours constituent au nord le théâtre et l’enjeu privilégiés de projection naturelle vers l’océan Pacifique et au sud, une antichambre de l’océan Indien, en direction du Moyen-Orient en monopole de ses grandes ambitions afin de sécuriser ses approvisionnements énergétiques en provenance des pays du golfe. Dans ce monde d’incertitudes et des défis majeurs pour l’Asie qui absorbe 81% de la production pétrolière du Moyen-Orient d’ici 2025, la géopolitique reste un joker autant pour la Chine que pour l’Inde qui devrait voir sa demande d’énergie dépasser celle de la Chine selon les statistiques ([20]), de l’agence internationale de l’énergie (AIE).

En direction de l’Eurasie, la région du Xinjiang, dernière base arrière et ancrage de sa stratégie des routes de la soie avec les pays de l’Asie centrale, riches en ressources naturelles et pièce maîtresse de l’économie chinoise. Après l’annonce du retrait des troupes américaines et plus largement de la fin de mission pour la coalition de l’OTAN en Afghanistan en 2021, c’est un moment géopolitique important et une page stratégique va se tourner. Pas de malentendu : c’est aussi une nouvelle page qui s’ouvre pour la Chine, l’Afghanistan, doté d’extraordinaires richesses minérales, notamment en réserves mondiales de cuivre, d’or et d’uranium, ainsi que la région, connue pour détenir des gisements miniers en nombre les moins exploités parmi les stocks mondiaux ([21]). Il en va de même de ses convoitises auprès d’autres pays, la Mongolie ou le Myanmar constituent autant de vastes territoires pour les sociétés minières chinoises àl’affût de nouvelles ressources naturelles. Bien que ralentis par les conséquences de la crise de la Covid-19, les projets de la Route de la soie doivent être alimentés en matières premières. La demande chinoise en ressources naturelles a étéexponentielle depuis son décollage économique, elle est le premier pays consommateur de cuivre, de nickel, de terres rares, d’aluminium, et autres. En résumé, la part de la Chine dans la consommation mondiale est passée de 10 à 25 pour cent depuis son accession à l’OMC en 2001, soit une décennie ([22]). Armée de ces nouveaux champions appliqués à la période 2004 à 2018, une seule entreprise chinoise figurait parmi les dix premiers producteurs d’acier au monde, alors qu’en 2018, six des plus grands producteurs sidérurgiques devenaient chinois, reléguant les anciens mastodontes sud-coréens, indiens et américains à la marge de ce qui lui permet d’être l’acteur dominant d’une industrie vitale pour l’ensemble des secteurs de défense et de technologie et atteste de son appétit et intentions impérialistes, mais rien ne va de soi.

Dans l’effort de garantir sa sécurité, on trouve les bases d’appui stratégiques portuaires qui s’étendent tout au long du couloir maritime qui va des champs de pétrole du Moyen-Orient à la mer de Chine. Ainsi, s’il y a un autre domaine oùla Chine excelle et qui lui permet de renforcer ses positions navales, c’est celui des installations portuaires et des containers. L’importance géopolitique dans l’itinéraire de développement des infrastructures portuaires de la Chine s’appuie sur 172 ports actifs comme point de départ de sa résilience maritime, et fait de la sûreté de son commerce mondial un art majeur ([23]). Selon certaines estimations, la Chine possède six des dix premiers ports mondiaux en termes d’efficacité et de performances ainsi que sept ports pour le commerce de conteneurs et de shipping ([24]). Le rachat de plusieurs terminaux en Europe de Zeebruges à celui du Le Pirée, ces dernières années confortent cette stratégie de convergence qui accroît les capacités portuaires européennes de la Chine, qui en contrôle d’ores et déjà un dixième et àterme utile pour projeter sa marine en mer Méditerranée. En ce sens, aucun autre pays ne dispose plus que d’une installation portuaire dans ces classements et démontre le facteur clé de résilience des ports maritimes en tant que nœuds cruciaux du trafic logistique international. En parallèle de ces hubs technologiques et maritimes, la somme des investissements chinois dans l’acquisition de concession portuaire représente un autre moteur de défiance à l’égard des intentions chinoises. Du port militaire de Gwadar au sud-ouest du Pakistan, à celui du port de Chittagong au Bangladesh, ces développements laissent que peu de temps et de place pour ces défis de taille à approfondir selon les stratèges américains. Sans reprendre l’analyse que nous avions déroulée sur le terrain de jeu du Myanmar, un autre enseignement vaut d’être rappelé : la portée tactique des ports qui s’équipent d’outils de surveillance électronique et d’enregistrement des communications des navires marchands y compris militaires qui sillonnent dans le détroit d’Ormuz ou en mer d’Arabie pour l’exemple de Gwadar. Quelques semaines après l’étude de ce terrain de jeu on peut tout juste souligner les propos du vice-président de la banque asiatique d’investissement pour les infrastructures (AIIB) sur le fonds de lourds intérêts géostratégiques. Dans un entretien donné au journal Financial Times, la banque continuera d’intervenir au Myanmar selon sa « checklist » et non sur la forme du gouvernement ([25]). Une condition : que la junte contrôle son territoire, car plusieurs projets chinois sont en jeu dont la construction d’un port dans l’ État d’Arakan qui transformerait le Myanmar en fenêtre sur l’océan Indien.

Bénéficiant de son emplacement stratégique au sud-est de Malacca, la Thaïlande pourrait acter un retour du balancier sur l’échiquier géopolitique, en scellant l’accord de construction du sempiternel canal traversant l’isthme de Kra ([26]), et qui ouvrirait une route de navigation alternative et directe entre l’océan Indien et le golfe de Thaïlande afin de faire transiter le pétrole et le gaz des oléoducs entre le Myanmar et Yunnan. À la lumière de ce projet, la Chine n’est pas en reste et l’autre option déterminante pour résoudre le « dilemme de Malacca », sous bonne escorte de la VIIe flotte de l’US Navy, reste l’oléoduc entre le port de Gwadar et Xinjiang.

Vus sous l’angle du contexte d’aujourd’hui, ces actifs portuaires à défaut d’être des bases militaires recèlent un potentiel comme corridor stratégique des communications maritimes et occupe une place de choix pour les stratèges chinois, pour accéder à la haute mer ([27]). Mais, contrairement aux États-Unis dans le passé, la Chine dépend de base maritime étrangère plutôt que vers des colonies pour ancrer son expansion hégémonique. Celle-ci, soutenue par la modernisation de sa marine, du point de vue technologique en pointe dans plusieurs domaines, doit prioritairement étendre ses capacités opérationnelles, préalables à toute tentative de tester la VIIe flotte américaine dans la profondeur stratégique des océans. C’est dans cette complexité-là que les exercices militaires en commun avec la flotte russe pourraient parfaitement roder sa stratégie à cette fin. Or, cette puissance qu’on pourrait croire naturellement propice àl’émergence d’un hégémon paradoxalement reste entravée et contrariée par une raison majeure: Taïwan et l’ordre régional de longue date. Les rivalités stratégiques et les sphères d’influence incessamment fluctuantes des puissances en Asie bloquent ses ambitions hégémoniques et l’empêchent de devenir cette puissance maritime dominante au-delà du détroit de Taïwan. Et si? Le profond changement de paradigme, c’est que la guerre se fait sans la guerre avec le rapport de forces naturels qui fait changer de stature la compétition sino-américaine. Halford J. MacKinder, l’avait bien imaginé: « Every century has had its own geographical perspectives » ([28]).

À lire également

Taïwan, une autre Chine ?

Les tic-tac de Taïwan

Il existe une autre raison, à la vérité la plus essentielle, pour expliquer cette période de transition dans la hiérarchie des puissances sur le statu quo de Taïwan. Bien que personne ne puisse être pleinement assuré qu’une attaque militaire de Taïwan se saurait produite sans le maintien de l’ambiguïté stratégique américaine, qui ne voit que la rivalité de la Chine et des États-Unis, juxtapose les dimensions nécessaires à l’existence d’un nouvel équilibre des puissances. Le rapport de forces d’hier n’est plus celui de demain, il s’est affaibli sous les coups de boutoir de l’instabilité stratégique entre les États-Unis, qui se font le chantre du statu quo et de la Chine, qui se fait celui du souverainisme. Dans ce rapport de forces idéologiques, mentionnons le schéma graphique de géopolitique d’Hans Weigert et de Vilhjalmur Stefansson, ils expliquent comment un ordre qui se décompose et se recompose sans tutelle du mélange entre facteurs politiques et géographiques, est hautement susceptible d’alimenter les risques de conflit militaire conventionnel ou nucléaire ([29]). La relecture du modèle géographique de Weigert continue d’être pertinent dans les relations internationales et une observation attentive des cartes de la zone de l’Asie de l’Est montre où le contrôle des positions périphériques à l’instar des rétrécissements où des détroits de Taïwan, de Malacca, de Singapour revêtent une grande importance stratégique. Ces espaces maritimes constituent autant d’autoroutes des océans et des voies navigables étroites, écrivait-il, qui se classent parmi les fondements géographiques du pouvoir militaire et politique et des zones clés dans tout conflit. Comme lors de toute accélération brutale de l’histoire, le défi central consiste pour les États-Unis à répondre militairement de manière coordonnée et simultanée à l’affaissement du rapport de forces compte tenu que leur supériorité stratégique entre dans une ère de puissance relative. N’est-ce pas d’ailleurs ce qui se produit avec la modernisation rapide de la marine chinoise qui induit une remise en question de la domination militaire américaine et du centre de gravité géopolitique dans le détroit de Taïwan.

L’histoire de Taïwan rappelle l’attention à l’expression de formulation idéologique et à ne pas sous-estimer les mots, en particulier lorsqu’ils viennent des dirigeants au pouvoir. En 2017, Xi Jinping évoquait la question de la rétrocession de l’île de Hong Kong en ces termes : « the wheels of history roll on, the tides of the times are vast and mighty ». On trouve dans ces mots, la vision du monde de son auteur et au moment où une énième tension sur la question de Taïwan se manifeste, les mots gardent leur sens et portent de profonds changements de la réalité. Taïwan représente ce trait d’union entre deux puissances traditionnelles, qui se provoque par la conduite de la peur du conflit, l’une étant amenée à subordonner sa détermination à l’autre. Ce n’est un secret pour personne que le statu quo de Taïwan n’offre pas de solutions faciles et qu’il ne peut être reporté d’une génération à l’autre pour Revenir au propos de Xi Jinping

Mutatis mutandis, le dénouement de cet enjeu, pouvant être parmi nous pour longtemps encore, constitue le reflet en miroir, donc inverse, du statu quo actuel. Adepte du proverbe, « vous avez la montre, nous avons le temps », Deng Xiaoping dans son dialogue avec Henry Kissinger en 1971 parlait de la patience de la Chine qui pouvait attendre cent ans. Dans cet équilibre des puissances entre les États-Unis et la Chine, cela assure aux puissances moyennes de la région, d’agir librement dans leur capacité de faire jouer une puissance contre l’autre. Singapour comme l’Australie excellent dans l’exploitation du filon du statu quo, mais jusqu’à quand ?  L’histoire retiendra que cette situation ne peut continuer éternellement, car les affaires d’idéologies on prit le pas sur les affaires commerciales. Sujets sur lesquels nous reviendrons dans un prochain article consacré aux dilemmes de la géoéconomie et à sa morale.

Pour les États-Unis se poserait le problème d’un nouveau concert régional dans lequel plusieurs pays se partageraient une vision de la puissance de ses oripeaux plus large. À l’inverse, pour la Chine un prérequis et une nouvelle posture hégémonique lourdes de conséquences, fût-elle inclusive ? ou de sanctuarisation ? Ne pas tenir compte de ce prochain transfert de pouvoir de Taïwan serait une erreur de jugement qui rappelle une nouvelle fois qu’au cours de l’histoire, le réalisme mis au service de l’intérêt national et de son but d’éviter la guerre a sauvé plus de vie que l’interventionnisme humaniste pour construire la paix. Et que compte faire Taïwan, prisonnière de cette configuration historique ? Pour l’heure, la dimension démocratique opère si fortement, mais quelle ambition pour Taïwan et le monde des valeurs, de son rôle crucial dans la suprématie de l’industrie des semi-conducteurs ? De ses liens, citons la maxime de Lord Palmerston, chef de la diplomatie britannique du XIXe siècle : « nous n’avons pas d’alliés éternels et nous n’avons pas d’ennemis perpétuels. Nos intérêts, eux, sont éternels et perpétuels et notre devoir est de les suivre » ([30]). Bref, bientôt minuit, camarades ! 

À lire également

Taïwan, entre l’enclume américaine et le marteau chinois

 

[1] Texte à relire dans les notes d’un voyageur d’Alphonse de Lamartine, « Voyage en Orient », Édition Arléa, octobre 2008, voir le lien : Arléa (arlea.fr).

[2] Voir les propos du Premier ministre Wen Jiabao du 23 novembre 2003 sur la question de la réunification avec Taïwan, « China to pay Any Price for national unity », China Daily, November 23, 2003.

[3] Morgenthau, Hans J. 1985. Politics Among Nations: The Struggle for Power and Peace. Brief ed. Boston, MA: McGraw-Hill.

[4] Voir le texte de la déclaration historique de la doctrine Monroe du 24 octobre 1823, disponible en ligne : Monroe Doctrine | History, Summary, & Significance | Britannica.

[5] Voir l’article de l’Ex-vice ministre des Affaires étrangères chinois, Fu Ying, « Cooperative Competition is possible between China and the US », 24 novembre 2020, publié dans le New York Times, version en ligne : https://www.nytimes.com/2020/11/24/opinion/china-us-biden.html.

[6] Ernest R. May and James C. Thomson Jr., American-East Asian Relations : A survey, Harvard University Press, Cambridge, Massachusetts, 1972, relire le Foreword p. vii.

[7] Jonathan D. Spence, The Search for Modern China, édition Norton, New York, 1990. Disponible en accès libre sur le site Open library : The search for modern China (1990 edition) | Open Library.

[8] George F. Kennan, American Diplomacy, 1900-50, The University of Chicago Press, chapitre II « Mr Hippisley and the Open Door », Illinois, 1951, pp. 21-24.

[9] Voir la section 3 du texte en page 3, disponible en ligne : Text – H.R.2479 – 96th Congress (1979-1980): Taiwan Relations Act | Congress.gov | Library of Congress.

[10] Voir la section 11 du rapport de Xi Jinping présentée lors du XIXe Congrès national, en ligne : Secure a Decisive Victory in Building a Moderately Prosperous (xinhuanet.com).

[11] Karl Wittfogel, 1957, Oriental Despotism, a comparative study of total power, chapitre communist China – the Product of a Genuine « Asiatic Restoration », pp. 441-446.

[12] Orville Schell, Wealth and Power : China’s Long March to the Twenty-First Century », Random House Trade Paperbacks Edition, New York, 2013.

[13] Entretien de février 2020 à Tokyo avec Mr. Miyamoto Yuji, Chairman du Miyamoto Institut of Asian research, profile en anglais : PowerPoint プレゼンテーション (genron-npo.net).

[14] Terme appliqué par les leaders chinois au sujet de Taïwan et lie aux intérêts fondamentaux de l’empire du milieu, State Council Information Office of the People’s Republic of China, China’s Peaceful Development, White paper, Beijing, 6 septembre 2011.

[15] Sélection de plusieurs textes officiels sur la période correspondant aux deux dernières décennies et du démarrage économique de la Chine : propos du Premier ministre Wen Jiabao, «  China to pay Any Price for National Unity », China Daily, 23/11/2002, China Daily ; rapports du State Council Information Office of the People’s Republic of China, « China’s peaceful development » white paper, Beijing, 6/9/2011 ; white paper, Beijing, 26/5/2015 ; white paper, Beijing, 17/1/2017 ; discours de Xi Jinping, « Secure a decisive victory in building a moderately prosperous society in all respects and strive for the great success of socialism with chinese characteristics for a new era », dans le rapport du 19e Congrès national du parti communiste chinois, 18/10/2017.

[16] Alfred Cobban, The Nation State and National Self-Determination, Thomas Y. Crowell Company, New York, édition revisée de 1969, pp.19, version disponible en ligne :  The nation state and national self-determination : Cobban, Alfred : Free Download, Borrow, and Streaming : Internet Archive.

[17] Lo Kuan-chung, translated by C.H. Brewitt-Taylor, Romance of the three kingdoms, Tuttle Publications, v.2, 1857.

[18] Alfred Thayer Mahan, The Influence of sea power upon history, 1660-1783, fifth edition (1894), Little Brown and Company edition, Boston.

[19] Halford MacKinder, The Geographical Pivot of History, April 1904, pp. 298-321, version disponible en ligne : The Geographical Pivot of History (1904) on JSTOR.

[20] Rapport pétrole 2020, année 2020, disponible : Oil 2020 – Analysis – IEA.

[21] Voir le rapport des Nations unies, « Natural resource management and Peacebuilding in Afghanistan », disponible :   https://postconflict.unep.ch/publications/UNEP_Afghanistan_NRM_report.pdf.

[22] Pour plus de détails voir l’analyse du FMI disponible en ligne (format pdf) : Microsoft Word – DMSDR1S-#4891778-v3-Working_Paper_-_China_s_Impact_on_World_Commodity_Markets.DOCX (imf.org).

[23] Source disponible sur le site : WPS – Index of ports in China (worldportsource.com).

[24] Agence de la CNUCED, étude sur le transport maritime mondial, 2017, disponible en ligne : Review of Maritime Transport 2017 – PORTS (unctad.org).

[25] Financial Times, « Beijing based development bank leaves door open on lending to Myanmar », édition du 3 juin 2021, page 7.

[26] Pour approfondir, lire l’article de Luc Verley Miims,  « The Kra-canal Project », disponible en ligne : The Kra Canal (Thai Canal) Project | IIMS Shipping News.

[27] Article de Liu Jiasheng, « Development of carriers for Strategic Projection in Response to National Security », National Defense University Press, Beijing, 2015, pp. 9~13.

[28] Halford J. Mackinder, idem.

[29] Hans W. Weigert et Vilhjalmur Stefansson, New compass of the world : a symposium on political geography, New York, Macmillan edition, 1949.

[30] Discours de Lord Palmerston à Lord Clarendon du 20 juillet 1856 au sujet de la signature du traité de Paris et la résolution de « l’Eastern Question », W. E Mosse, « Britain, Russia and the questions of Serpents Islands and Bolgrad : Two Incidents in the execution of the Treaty of Paris, 1856 », The Slavonic and East European Review, Vol. 29, N.72, décembre 1950, pp. 86-131, disponible en ligne : Britain, Russia and the Questions of Serpents Island and Bolgrad: Two Incidents in the Execution of the Treaty of Paris, 1856 on JSTOR.

Mots-clefs : , ,

Temps de lecture : 23 minutes

Photo : Taïwan : une équation à plusieurs inconnues 1/2. Crédit photo : Unsplash

Vous venez de lire un article en accès libre

La Revue Conflits ne vit que par ses lecteurs. Pour nous soutenir, achetez la Revue Conflits en kiosque ou abonnez-vous !

À propos de l’auteur
Hervé Couraye

Hervé Couraye

Hervé Couraye est docteur en science politique. Il vit et travaille au Japon depuis de nombreuses années.
La Lettre Conflits
3 fois par semaine

La newsletter de Conflits

Voir aussi

Pin It on Pinterest