Escalade au Moyen-Orient : Frappes militaires de Washington et Londres sur les Houtis

12 janvier 2024

Temps de lecture : 3 minutes

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Escalade au Moyen-Orient : Frappes militaires de Washington et Londres sur les Houtis

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Ce vendredi 12 janvier, peu après minuit, les États-Unis et le Royaume-Uni ont lancé des frappes militaires contre les rebelles houtis au Yémen en réponse aux attaques contre les navires commerciaux en mer Rouge.

Ces actions militaires, les premières sur le territoire yéménite depuis 2016, ont été déclenchées suite à une longue série d’attaques des Houthis sur des navires commerciaux dans la mer Rouge.

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Le président américain Joe Biden a averti qu’il n’hésiterait pas à prendre d’autres mesures si nécessaire, soulignant que ces frappes ciblées sont un message clair. Il a prévenu que les États-Unis et leurs partenaires ne toléreront pas les attaques contre leur personnel ni ne permettront à des acteurs hostiles de mettre en péril la liberté de navigation.

Selon Al Masirah, une chaîne d’actualité tenue par les Houthis, les frappes ont touché au moins cinq sites, y compris des bases aériennes et des aéroports de la capitale yéménite, Sanaa, et de deux autres villes, Hodeida et Saada, toutes trois contrôlées par les rebelles. L’étendue des dommages n’était pas immédiatement claire, les 73 frappes auraient au moins causé 5 morts et 6 blessés.

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Les Houthis, qui contrôlent une grande partie du Yémen après une décennie de guerre contre une coalition soutenue par l’Occident et dirigée par l’Arabie saoudite, soutiennent fermement le Hamas dans sa guerre contre Israël. Les Houthis ont attaqué des navires commerciaux qu’ils disent liés à l’État hébreu ou à destination des ports israéliens. Ils n’ont pas hésité à engager directement la marine américaine dans la mer Rouge, tirant des missiles balistiques et déployant des drones armés contre des navires de guerre américains et britanniques.

Le Premier ministre britannique Rishi Sunak a qualifié les frappes de « nécessaires et proportionnées ». Le ministère britannique de la Défense a déclaré dans un communiqué que « les premières indications sont que la capacité des Houthis à menacer la navigation commerciale a subi un coup ».

Les États-Unis ont indiqué que l’Australie, Bahreïn, le Canada et les Pays-Bas soutenaient l’opération, et ont présenté les frappes comme faisant partie d’un effort international visant à restaurer la libre circulation du commerce dans une route clé entre l’Europe et l’Asie (qui représente environ 12 % du trafic maritime mondial).

Mercredi 10 janvier, l’ONU rappelait dans sa résolution 2722 que les États pouvaient réagir si les droits et libertés de navigation étaient entravés.

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L’Iran, qui soutient les Houthis, a condamné les attaques, et la Russie a déclaré avoir demandé une réunion d’urgence du Conseil de sécurité des Nations Unies pour discuter des frappes militaires. L’Arabie saoudite a appelé à la retenue et à « éviter l’escalade » et la Chine s’est dite « préoccupée par l’escalade des tensions ».

Plus tôt ce mois-ci, un groupe de pays dirigé par les États-Unis avait averti les Houthis de « conséquences » à moins qu’ils ne cessassent leurs « attaques illégales » sur les navires et libérassent les « navires et équipages détenus illégalement ».

Une déclaration conjointe jeudi des États-Unis, du Royaume-Uni, de l’Australie, de Bahreïn, du Canada, du Danemark, de l’Allemagne, des Pays-Bas, de la Nouvelle-Zélande et de la Corée du Sud a déclaré que l’« objectif reste de désamorcer les tensions et de restaurer la stabilité dans la mer Rouge ».

Après cette attaque, le camp occidental a retrouvé l’initiative dans la région. La réponse de l’Iran est maintenant attendue. Téhéran a le choix entre assumer les provocations qu’il envoie depuis plusieurs semaines, ou se défiler, au risque de lourdement décevoir ses alliés.

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