À la suite des sanctions économiques imposées par les Occidentaux, la Russie a complètement réorganisé ses échanges commerciaux. Tant pour les importations que les exportations, 2022 marque une rupture
Depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine en février 2022, la Russie a fait face à une vague sans précédent de sanctions économiques de la part des pays occidentaux. Ces mesures, ciblant entre autres les secteurs bancaire, énergétique et technologique, ont contraint Moscou à revoir profondément sa stratégie commerciale. Dans ce contexte, la Russie s’est engagée dans une réorientation rapide et stratégique de ses échanges économiques vers l’Asie, le Moyen-Orient, l’Afrique et l’Amérique latine. Cette mutation révèle une redéfinition des équilibres économiques mondiaux et une volonté du Kremlin de réduire sa dépendance à l’Occident.
Rupture avec l’Europe : une page qui se tourne
Avant 2022, l’Union européenne représentait près de 40 % des exportations russes, principalement dans les secteurs de l’énergie (gaz, pétrole) et des matières premières. Les sanctions européennes, combinées aux décisions de nombreux pays d’arrêter les importations russes, ont provoqué une chute drastique du commerce bilatéral. Le gazoduc Nord Stream, longtemps symbole de l’interdépendance énergétique entre la Russie et l’Allemagne, est devenu obsolète, contraignant la Russie à rediriger ses flux énergétiques ailleurs.
L’Asie comme nouvel épicentre commercial
La Chine est devenue le principal partenaire économique de la Russie. En 2024, les échanges bilatéraux ont franchi la barre des 240 milliards de dollars, en hausse constante. Cette coopération s’étend bien au-delà des hydrocarbures : secteurs des technologies, de l’agriculture, des infrastructures, ou encore des paiements en monnaies locales. Le rouble et le yuan sont désormais largement utilisés dans les transactions bilatérales, réduisant le rôle du dollar.
L’Inde a également renforcé sa relation économique avec Moscou, notamment en important du pétrole brut russe à prix réduit, et en explorant des projets communs dans le nucléaire civil et la défense.
Diversification vers les économies émergentes
En parallèle, la Russie intensifie ses liens avec les pays du Moyen-Orient, d’Afrique et d’Amérique latine. Ces régions, souvent moins alignées sur la politique des sanctions occidentales, offrent à la Russie des débouchés alternatifs pour ses exportations (engrais, céréales, armes) et des sources d’importation pour compenser le retrait des marques occidentales.
Un commerce sous contraintes et en mutation
Cette réorientation, bien que rapide, reste confrontée à des défis. Les infrastructures vers l’Est (notamment le réseau ferroviaire vers la Chine ou les ports de l’Extrême-Orient) sont moins développées que les liaisons vers l’Europe. De plus, les nouvelles destinations commerciales n’offrent pas toujours la même solvabilité ou stabilité que les anciens partenaires européens.
Par ailleurs, les sanctions technologiques ralentissent l’accès de la Russie à certaines innovations, notamment dans les secteurs stratégiques, comme l’aéronautique, l’intelligence artificielle ou les semi-conducteurs.
La comparaison des exportations et des importations montre également que la Russie est financièrement perdante dans ce grand basculement. Ainsi, le niveau des exportations vers les pays n’appliquant pas les sanctions est inférieur à ce que la Russie exportait vers les pays occidentaux avant 2022.
Quoi qu’il en soit, la mise en place des sanctions opère bien un grand basculement pour la Russie.