Madagascar a récemment accueilli le 45e sommet de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC). Élu à la tête de l’organisation, le président malgache Andry Rajoelina plaide pour une autonomie régionale élargie, fondée sur l’essor industriel, la réforme agricole et la transition énergétique.
« L’heure n’est plus à la réflexion, mais aux stratégies concertées. L’heure n’est plus à la dépendance, mais à l’affirmation souveraine. L’heure n’est plus à la lenteur, mais à l’accélération, à l’audace et à l’efficacité. L’histoire nous a appris que lorsque nous choisissons l’unité, nous faisons reculer l’instabilité ».
Ces mots du président de Madagascar, Andry Rajoelina, synthétisent son ambition pour la SADC, dont il vient d’être élu président pour un an. Il les a prononcés lors de la clôture du 45e sommet ordinaire de l’institution régionale, organisé le 17 août 2025 à Antananarivo, après une semaine d’intenses débats diplomatiques.
« Pour une Afrique australe plus forte, intégrée et prospère » (Andry Rajoelina)
Premier Malgache à diriger une organisation internationale, Andry Rajoelina a reçu de son prédécesseur, le président zimbabwéen Emmerson Mnangagwa, le maillet symbolisant sa nouvelle fonction. « J’accepte la haute mission de présider la SADC (…) et de renforcer notre œuvre commune pour une Afrique australe plus forte, intégrée et prospère », a-t-il déclaré.
Le sommet a mis en avant trois axes majeurs pour les 16 États membres : l’industrialisation, la modernisation agricole et la transition énergétique. Des accords ont été conclus, en particulier dans le tourisme, l’énergie et le secteur manufacturier, jugé prioritaire.
Pour renforcer son autonomie, la SADC s’est fixé un objectif ambitieux : porter la part de l’industrie de 11 % à 30 % de son PIB d’ici 2030. Parallèlement, les pays membres veulent approfondir leur coopération, en intensifiant les échanges commerciaux et technologiques. Le nerf de la guerre demeure le développement des infrastructures, en particulier l’achèvement du corridor économique Nord-Sud – l’axe routier reliant Kolwezi (RDC) à Durban (Afrique du Sud).
Faire front face aux tempêtes
Sur le volet agricole, le compte-rendu final du sommet plaide pour « des stratégies régionales visant à accroître la productivité et la résilience climatique », en s’appuyant sur l’irrigation, l’agriculture « intelligente », l’efficacité post-récolte et « l’économie bleue ».
Andry Rajoelina a aussi obtenu une meilleure reconnaissance des États insulaires de la SADC – les Comores, Madagascar, Maurice et les Seychelles. « En unissant le potentiel maritime, économique, environnemental et culturel des îles avec les ressources, la puissance agricole et industrielle des États membres continentaux, nous pouvons bâtir [une] SADC autonome et compétitive », a plaidé Rafaravavitafika Rasata, ministre malgache des Affaires étrangères.
Dans un contexte troublé par le conflit RDC-Rwanda et les droits de douane imposés par les États-Unis de Donald Trump, l’Afrique australe mise sur la solidarité régionale, ses ressources et son dynamisme économique pour résister aux pressions extérieures.
L’hommage de Cyril Ramaphosa à Andry Rajoelina
Pour assurer cette trajectoire, le président sud-africain Cyril Ramaphosa s’est réjoui de pouvoir compter sur le leadership d’Andry Rajoelina. « Votre vision pour accélérer l’industrialisation, transformer l’agriculture et promouvoir une transition énergétique inclusive résonne profondément avec les aspirations de notre région », a-t-il souligné.
Louant la qualité de l’organisation du sommet, le dirigeant sud-africain s’est dit « impressionné » par la capacité de son homologue malgache à mener les débats, y compris en cas de désaccords entre chefs d’État. « Nous avons la certitude que, sous votre direction, la SADC continuera de progresser vers l’intégration régionale, la résilience économique et le développement durable », conclut Cyril Ramaphosa.