Anti-Développement : les mauvais choix économiques des dernières années (2/2)

16 juin 2021

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Anti-Développement : les mauvais choix économiques des dernières années (2/2)

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Le déclin économique est à la mode. Si celui-ci peut se mesurer, il se manifeste aussi par un sentiment de déclassement. De mauvais choix économiques l’expliquent en partie, ce qui ouvre des possibilités de redressement pour les années à venir.

Deuxième partie : L’anti-développement fruit des choix politiques français d’après 1975

 

Les observateurs de l’anti-développement datent le déclin français à l’arrivée de Valéry Giscard d’Estaing à la présidence de la République. En fait, le ver était déjà dans le fruit. 

Les années soixante sont l’apogée de notre développement économique national. Les gouvernements d’alors cochaient toutes les cases d’un pouvoir pratiquant la politique de l’offre évoquée plus haut. Les infrastructures, le choix du nucléaire, la puissance, un effort sans précédent d’éducation pour une génération nombreuse de jeunes, le respect des cultures à transmettre, la libéralisation de l’économie, une monnaie solide, la part limitée des dépenses publiques dans le PIB, l’ouverture économique en Europe, l’industrialisation « pompidolienne »… illustrent les facettes  « nationale » et «  libérale » d’un pouvoir vraiment de droite.

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Ce « moment de grâce » montre d’ailleurs que la droite nationale et la droite libérale ne se portent pas au même créneau et qu’en conséquence elles ne se concurrencent pas. La droite « nationale » est une droite d’objectif, la France étant choisie comme le cadre du développement et le bonheur comme celui des Français. La droite « libérale » est plutôt une droite de moyens et de compétences. Elles sont parfaitement conciliables et l’association symbolique entre De Gaulle, Jacques Rueff et Georges Pompidou le montre clairement dès le début de la Vème République. 

La sociologie des gouvernants y est aussi très particulière. Une majorité d’acteurs de premier plan de cette époque et jusqu’en 1974 sont des anciens résistants et combattants. Cela n’implique pas une supériorité opérationnelle, mais reflète néanmoins leur indiscutable amour du pays, une exigence morale plus élevée et un lien direct avec la culture nationale traditionnelle. Leur légitimité est proche de celle des anciens combattants de 14-18 dans les années 1920 et 1930. Leurs comportements ne sont probablement pas ceux que nous décrit sèchement l’École du Public Choice. Ils ont néanmoins un talon d’Achille : ils ne comprennent pas la culture et la nécessité des transmissions intellectuelles. C’est dans cette pomme que se nichait le ver !

 

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La France avait donc gagné une bataille, mais elle n’avait pas gagné la guerre. Dès ces années soixante, le basculement massif de la jeunesse, des médias et de l’Église (annexe 1) dans l’escarcelle culturelle de la gauche est consommé. Mai 1968 en est la preuve éclatante. Jamais jusqu’à nos jours (2021) la culture politique de droite ne reprendra l’avantage. C’est la clé de ce qui va suivre.

 

Le socialisme, cause principale de l’anti-développement

 

Entre 1960 et 2021, La Gauche jouera pleinement son rôle en supportant diverses variantes de socialisme. Naguère, les communistes soviétiques réalisaient la propriété collective des moyens de production ; quand commence la période qui nous intéresse, beaucoup de socialistes et communistes français y croient encore et travaillent activement à la généralisation de ce système d’économie planifiée. Mais le socialisme, virus de la pensée, a déjà muté une fois pour le Welfare et devient un égalitarisme de consommation : il consiste alors à confier à l’administration publique le soin d’assurer l’égalité des revenus. Le système de sécurité sociale mis en place en France devient de plus en plus déresponsabilisant, marquant ainsi profondément les mentalités. Très tôt aussi et sans que ce soit forcément dans son ADN de départ, la gauche s’est placée en opposition à la politique familiale et s’est détournée de préoccupations démographiques qu’elle a constamment cherché à ringardiser. Sa génération fétiche, celle de 1968, a vilipendé la société de consommation puis, très vite, a pris le tournant d’un matérialisme sans complexe et sans enfant, aboutissant à la boboïsation contemporaine et à la rupture avec les classes populaires.

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Les socialistes choisissent de faire assumer collectivement l’écologie, la santé, l’universalisme et le mondialisme, l’antiracisme, le féminisme… Ce sont soit des objectifs sincères pour des minorités soit de simples prétextes à la mainmise des pouvoirs sur la vie des individus ou même à la destruction de nos sociétés occidentales et de la nation elle-même. 

Leur théorie implicite du développement ressemble à celle présentée plus haut par le modèle MIE avec cependant la différence essentielle que les différents leviers d’investissement, d’accumulation de cultures et d’utilité des citoyens sont accaparée par les administrations publiques. Les libertés sont donc progressivement éliminées et la fonction de développement est établie sous la contrainte de pressions accrues (interdictions, obligations) et surtout dans la vie privée, en aval de la constitution du PIB. 

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L’administration grossit sans arrêt, augmentant à la fois les pressions de façon exponentielle et les budgets d’organismes publics parasitaires, sans effet positif sur l’utilité collective.

Les pressions fiscales et l’augmentation des dépenses publiques de consommation freinent le dynamisme économique au sens strict et réduisent la croissance en provoquant l’apathie, l’assistanat et en détruisant l’esprit d’entreprise et de prise de risque. 

Les pressions sur la vie courante procèdent de la même illusion de mieux atteindre le bonheur directement par l’action publique. Elles visent à obtenir un haut niveau de santé, de sécurité, d’égalité, de qualité d’environnement, mais en faisant le sacrifice des libertés individuelles. Le « totalitarisme doux » prophétisé par Alexis de Tocqueville se met en place.

Une illustration nous en est fournie par l’évolution de notre système éducatif. Le déclin dans ce secteur n’est pas seulement un délabrement explicable par un manque de moyens ou l’un des aspects des difficultés d’assimilation de la population immigrée mais le fruit d’une politique socialiste délibérée de pressions sur la jeunesse afin qu’elle ignore le risque, le mérite, la différenciation sexuelle et la culture nationale au profit de leurs inverses. Pour atteindre cet objectif, tous les moyens ont été utilisés. Une « nouvelle morale civique », qui fut européenne, puis écologiste, sécuritaire, sanitaire devient un but principal de l’éducation. C’est devenu l’exact équivalent des cours de marxisme-léninisme imposés naguère aux enfants d’URSS et conditionnant leur intégration à la société de leur temps. 

C’est une politique de gauche, mais c’est ce que la droite institutionnelle a toujours toléré sans jamais réagir et à laquelle elle a souvent prêté la main. Rappelons que la loi Haby de 1975 sur le « collège unique » fut l’une des premières réformes du Président Giscard d’Estaing. Le résultat fut à la fois l’enfoncement des jeunes Français dans les classements de compétence et leur propension de plus en plus avérée à la soumission sociale.

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Les pressions exercées par la gauche et jamais démantelées par la droite institutionnelle sont certainement ce qui explique le mieux l’anti-développement français. Le principe de précaution en est une illustration et il est tout à fait symptomatique qu’il ait été consacré dans la constitution par un président élu par la droite.

 

Les présidents et chefs de gouvernement de gauche maintiendront fort logiquement ces choix, glissant opportunément d’un variant de socialisme à l’autre ; ralliés au marché sans en accepter les fondements culturels et éthiques, ils en produiront une forme très proche  de celle des démocrates américains et avec des excès et des collusions, notamment financières, semblables. L’époque macronienne le représente parfaitement.

Ces causes de l’anti-développement français sont intentionnelles et parfaitement dans la logique de gauche. Reste maintenant à expliquer l’abstention des forces de droite.

 

Électeurs et Médias médians : les cauchemars de la droite

 

À part l’épisode de 1986-1988 et peut-être la toute première année du quinquennat de Nicolas Sarkozy en 2007, les idées et politiques de droite ne réapparaîtront plus au sommet du pouvoir. La population des dirigeants va radicalement changer après 1974 : au revoir les dirigeants issus de la Résistance et bienvenue aux politiciens « ordinaires ». Cette fois, les théories de l’École de Virginie et leur extension selon MIE vont pouvoir s’appliquer en passant ainsi du « théâtre des opérations » aux « opérations de théâtre ». Valery Giscard d’Estaing disait : « La France aspire à être gouvernée au centre ». Comme le remarque  Jacques de Guénin (2011), il serait plus exact de dire « la France est condamnée à être gouvernée au centre ». Elle l’est parce qu’ayant perdu la bataille culturelle, la droite institutionnelle ne peut garder ou reconquérir le pouvoir qu’en se reniant en permanence. L’électeur médian, au centre, est devenu socialiste ou à tout le moins socialisant ; les médias sont quant à eux franchement socialistes et européistes. L’intégration européenne semble alors le seul terrain où les diverses familles politiques pensent trouver leur compte. Elle deviendra donc le plus petit dénominateur commun de la politique française ; la droite y verra une chance de généraliser le marché, la gauche y verra le moyen de le réglementer. En fait, la gauche y cherche beaucoup plus dans les années 1980. Ayant échoué économiquement après 1981, elle doit faire sa mue. À cette époque, elle est donc complexée en économie, une discipline qu’elle maîtrise mal. Elle va sous-traiter presque aveuglément la gestion de l’économie à l’Europe, histoire de garder quelques postures vis-à-vis de son électorat pour faire la transition. L’européisme est aussi un moyen pour elle de décrocher les centristes de la droite.

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Tout cela ne laisse aucune place à un retour au gouvernement effectif de la droite et fait prendre au pays le tournant du déclin. Les personnels de droite et de gauche ont de plus en plus des profils communs, avec une formation de base administrative et juridique (l’ENA souvent). Les hommes politiques vraiment de droite n’ont pu faire une percée qu’à des moments de discrédit évident des socialistes, par exemple en 1986 sous l’effet en tenaille de l’échec économique de l’Union de la gauche et des succès de Margaret Thatcher et Ronald Reagan. À cette époque, Jacques Chirac et Jean-Marie Le Pen s’intéressent à l’Économie de l’Offre et aux politiques libérales, mais le flirt n’ira pas bien loin. Jacques Chirac, qui s’est déjà heurté de front au pouvoir médiatique après son « appel de Cochin », perd finalement l’élection de 1988 après deux années de politique assumée de droite. Il pense alors qu’il le doit aux audaces de son gouvernement de 1986-1988 et jure qu’on ne l’y reprendra plus. Sa victoire de 1995 sera une anecdote sans aucune conséquence pour notre déclin. Il expérimente que, quoi qu’il fasse, la gauche reprend le manche rapidement (cohabitation dès 1997). Les prélèvements ne cessent de progresser et l’État s’endette en permanence ; la politique européenne continue sur sa lancée, l’immigration est dédaignée, l’école se dégrade sous l’effet des innovations pédagogiques… La croissance économique ainsi que les investissements se ralentissent fortement et l’anti-développement est désormais sur les rails.

Une tentative pour sortir de l’ornière centrale fut l’un des premiers actes politiques de Nicolas Sarkozy. Il commande à un aréopage d’économistes ce que l’on a nommé ensuite, du nom de son président, le Rapport Attali. Il s’agissait de trouver et de combattre les handicaps de la France sur le chemin de la croissance économique. On y trouve la plupart de ceux que suggère cet essai : une fiscalité mal orientée, une éducation en déliquescence et aussi l’une des plaies de l’époque le refus du risque qui imprègne progressivement l’économie française et pénalise l’action. Le Rapport demandait donc le retrait du « principe de précaution », inscrit dans la constitution par Jacques Chirac. On sait ce qu’il en advint et comment, moins d’un an après sa parution, ce Rapport fut enterré par la crise de 2009.

 

Certes, le Rapport ne se projetait pas jusqu’au développement et restait imprégné d’idéologie « libérale-démocrate américaine » qui le cantonnait dans le domaine de la production et des échanges. On peut néanmoins affirmer qu’il allait dans la bonne direction, surtout pour le destin de la croissance du PIB proprement dite. Ce fut donc, après 1986-1988, la seule éclaircie dans le chemin de croix de la droite. Cette éclaircie s’est marquée brièvement dans la note de « liberté économique » donnée régulièrement aux pays du monde par le Cato Institute et l’Institut Frazer (2018). 

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Demandons le programme 

 

À la suite du récit rapide que ce texte vient de proposer, il est possible de faire apparaître quelques conclusions.

 

La gauche qui est à l’origine de l’anti-développement renouvelle constamment les armes à sa disposition. Ayant d’abord combattu le libre développement au nom de l’égalitarisme, elle le combat ensuite au nom de l’écologie en faisant augmenter sans mesure les coûts des producteurs et des consommateurs. Elle le combat encore pour des raisons de santé, de sécurité, de féminisme, de diversité. Elle s’appuie constamment sur les institutions européennes qui se sont gauchies depuis les années 1980. L’économie française se tire donc dans le pied avec un fusil à répétition. Donc, avec la gauche et les centristes porteurs de ces nouveaux « variants » de socialisme, il n’y a aucune chance qu’elle puisse renouer avec le développement.

 

Pour la droite, se pose alors clairement la question des programmes. Les rendez-vous électoraux majeurs de la Vème République sont les élections présidentielles. En 2017, la droite avait un bon candidat avec un bon programme économique. Il fut écarté par l’acharnement politico-judiciaire. Au demeurant, rien ne prouve qu’il aurait pu desserrer la tenaille de la tyrannie des médias et de l’électeur médian.

Le piège continue à fonctionner. De présidentielle en présidentielle, le débat politique entre les forces capables de gouverner se rabougrit. À aucun moment, des idées tranchantes ne sont même simplement mises en discussion ; les débats ne s’évadent jamais d’une parenthèse très étroite, y compris sur les sujets qui ne sont pas typés politiquement.

 

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Si l’on observe par exemple la déliquescence de notre outil d’éducation, de la maternelle à l’université, il ne viendra à l’idée, ni des protagonistes ni des médias, de porter la vraie discussion sur la comparaison avec des systèmes étrangers qui réussissent mieux et d’imaginer les mesures à prendre pour les rejoindre. Ce serait considérer des dimensions de débat que nul ne peut ou ne veut plus envisager. Peut-être que ces réalités seront enfin prises en compte quand le système se sera effondré… C’est ce qui est en train d’arriver sur la question migratoire où l’opinion de l’électeur médian, sinon celle des médias, s’est clairement repositionnée, sans doute en partie par un déplacement de l’abstention.

 

Comme indiqué au début du texte, la pente de l’anti-développement économique est douce et les questions abordées sont parfois techniques. L’élargissement du débat et de la palette des mesures à envisager risque donc d’être malheureusement repoussé. Par exemple, après plus de vingt ans d’euro, l’appartenance à l’Union économique et Monétaire est un fait qui ne se discute plus, même si, du point de vue du développement de la France, le bilan économique de ces années est plutôt maigre. Marine Le Pen a eu sur cette question son « Appel de Cochin » lors du deuxième tour de 2017. Il est possible qu’elle suive le même chemin que Jacques Chirac…

 

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Perspectives 

 

La droite garde-t-elle des chances ? On pourrait raisonnablement le penser en constatant que si les Français sont soumis à des médias de gauche encore majoritaires, ceux-ci ne parviennent à bloquer l’opinion que par l’étroitesse et la platitude des débats signalées plus haut. Les procédures de reconquête doivent en tenir compte. La droite peut gagner quand elle pose des questions graves et engage des débats intellectuels sérieux sur des positions très contrastées. À elle d’imaginer pour la suite les étapes et procédures stratégiques appropriées (référendum, modifications constitutionnelles…). En amont et en aval de l’élection, elle écarterait ainsi le champ du débat ; en amont, c’est ce qu’avait réussi à faire François Fillon, profitant du contexte politico-médiatique particulier de la primaire de droite. C’est l’un des avantages des primaires. Elles déplacent brusquement le votant médian et réduisent beaucoup le rôle des médias « mainstream » qu’elles laissent un peu ahuris sur la touche ; on comprend qu’elles ne conviennent pas à ceux qui les cajolent. Elles sont au contraire indispensables à ceux qui portent des idées de droite, à la fois pour la partie purement économique et pour le bonheur privé des citoyens.

 

 

18- La répression routière occupe une place à part dans ce dispositif, en ce sens qu’elle a constitué une répétition générale aux diverses pressions exercées sur les individus. On a pu mesurer progressivement l’affaiblissement des défenses immunitaires des citoyens face aux mesures de plus en plus contraignantes et franchement liberticides (ceinture, permis à point, contrôle technique…). Il aura fallu attendre 2018 et les « gilets jaunes » pour observer une réaction, réaction qu’on s’est d’ailleurs vite employé à falsifier. La droite institutionnelle a mis une main active au renforcement du système de répression, en violation de ses principes.
19- Sinon il ne toucherait pas l’ensemble du système éducatif.
20- Ce ralliement a eu aussi une conséquence sémantique. Dans le langage courant, le capitalisme libéral est perçu désormais à l’aune de ce mélange de socialisme national et d’affairisme international.
21- On a retenu la fameuse réplique « Monsieur Mitterrand, vous n’avez pas le monopole du cœur ! » censée avoir décidé de l’élection de 1974. En y réfléchissant, elle entérine plutôt la subordination implicite d’une droite institutionnelle complexée…surtout quand on se souvient des « qualités de cœur » de François Mitterrand ! Elle inaugure aussi « les poses théâtrales » de Giscard pour ressembler à la gauche, puis celles de ses successeurs de la droite institutionnelle. A la veille des présidentielles de 1981, VGE donnait une interview à L’Express : « Ne dites pas aux Français que je suis socialiste, ils me croient libéral ». Le message passait, mais cette fois, lui non !
22- Il aurait pu mener par conséquent à un compromis du style : économie libérale, société socialiste, finalement très proche des positions de la gauche moderne. C’est encore la base des positions du part LR (du moins de son aile macroniste).
23- La France n’a pas l’exclusivité des dérives socialistes évoquées !
24- À cet égard, le problème de l’abstention réapparaît, car elle se nourrit de l’étroitesse et de la platitude des débats. À quoi bon aller voter pour l’un ou pour l’autre si on a le sentiment qu’à la fin les politiques seront sensiblement identiques.
25- Par la loi Edgar Faure, l’université fut l’os que les gaullistes laissèrent ronger à la gauche. Il l’est désormais complètement.
26- Voir le graphique au début pour les deux dernières décennies. Dans un article de recherche [Bernard Landais (2020 c)] j’arrivais au moins à l’idée selon laquelle, contrairement aux promesses de ses promoteurs dans les années 1990, l’appartenance à la zone euro n’avait en rien boosté la croissance de la plupart des pays qui la composent. Un débat qui partirait de là n’impliquerait pourtant pas forcément un abandon, mais sans doute plutôt une réforme.

 

Annexe 1 

L’attitude de l’Église de France après 1960

L’Église de France subit alors le choc du développement matériel. Marquée par le jansénisme diffus du XIXe siècle, elle le regarde d’emblée d’un mauvais œil. Faute d’avoir élaboré une « pastorale de la prospérité » elle admet mal l’évolution économique et sociale de la majorité de ses fidèles et perd très vite son influence auprès d’eux. 

Elle fait même des choix inverses en refusant de légitimer le progrès économique lorsqu’il est procuré par la société libérale. Elle l’admet virtuellement pour les masses du Tiers Monde, loin d’en bénéficier encore, mais pour lesquelles il faudra de toute façon « faire autre chose ». Vivant cette position de faiblesse, elle supporte mal le choc du Concile Vatican II qui incite l’Église catholique à mieux appréhender et évangéliser le monde contemporain (aggiornamento). Elle s’est trompée de « monde contemporain » et c’est une erreur qu’elle a refaite constamment depuis.

Politiquement, en tant qu’institution, elle reste marquée par la mauvaise conscience quant à sa conduite pendant l’Occupation. Elle gardera longtemps ce complexe qui la conduit à s’enthousiasmer d’abord un peu pour les communistes et ensuite beaucoup pour les socialistes. Il lui faudra attendre Jean-Paul II et Benoît XVI pour se faire (modestement) recadrer. Depuis, il semble bien que le Pape François l’ait fait revenir à la case départ.

 

Bibliographie

 

Buchanan, Patrick et Tullock, Gordon (1962) : « The Calculus of Consent : Logical Foundations of Constitutional Democraty » University of Michigan Press.

Cato and Frazer Institute (2018) : « Economic Freedom in the World » : 2018 Annual Report.

De Guénin, Jacques (2011) : « Bastiat et les choix publics », Contrepoints 13 novembre.

Gilder, Georges (1981) : « Richesse et pauvreté », traduction française éditions Albin Michel.

Kristol, Irving (1978) : « Two Cheers for Capitalism », New York, Basic Books.

Landais, Bernard (1987) : « Le Monétarisme » éditions Economica

Landais, Bernard (2020a) : « Croissance économique et choix politiques , éditions L’Harmattan.

Landais, Bernard (2020b) : «  Macroéconomie efficace », éditions  L’Harmattan.

Landais, Bernard (2021) : « Une théorie du développement » à paraître dans la Revue internationale des économistes de langue française (RIELF) Vol 6, N°1.

Lemieux, Pierre (2008) : « L’économie des défaillances de l’État » in « Comprendre l’économie », Editions « Les belles lettres ».

 

À propos de l’auteur
Bernard Landais

Bernard Landais

Bernard Landais est professeur émérite de Sciences Economiques à l’Université de Bretagne-Sud et auteur de « Croissance économique et choix politiques », L’Harmattan 2020.
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