Depuis 1844, Macao est le seul territoire chinois où les jeux d’argent sont légaux, ce qui en fait l’un des centres de jeu les plus influents au monde. Avec 30 casinos en activité, la région administrative spéciale chinoise, qui dispose de sa monnaie propre, le pataca, a dépassé Las Vegas en termes de revenus dès le début des années 2000. L’expansion du secteur s’est intensifiée avec l’ouverture du marché aux opérateurs internationaux en 2002, attirant des groupes comme Wynn, MGM, Sands et Galaxy.
Une expansion rapide soutenue par les investissements
Entre 2004 et 2014, Macao a connu une phase d’expansion rapide avec l’ouverture de 21 nouveaux casinos, notamment sur la péninsule de Macao et l’extension de Cotai, une zone gagnée sur la mer reliant les îles de Taipa et Coloane. Cette période a été marquée par des investissements colossaux de la part des groupes américains et chinois, transformant la ville en un centre de divertissement et de tourisme haut de gamme.
La seconde vague de développement (2015-2024) a vu l’ouverture de huit nouveaux établissements, renforçant la position de Macao face à la réglementation stricte imposée par la Chine continentale sur les sorties de capitaux et les jeux d’argent. Des complexes comme le Grand Lisboa Palace, le MGM Cotai ou encore le Studio City ont été conçus pour diversifier l’offre au-delà du jeu, en intégrant des hôtels de luxe, des centres commerciaux et des attractions culturelles.
Une difficile transition de modèle économique
En 2022, le gouvernement de Macao a signé des contrats de concession de 10 ans avec six opérateurs de casinos, les engageant à investir collectivement 100 milliards de patacas (environ 12,5 milliards de dollars US) d’ici 2032, avec un accent sur des projets non liés au jeu, tels que le sport, la culture, la santé et le tourisme.
En effet, le président chinois Xi Jinping a exhorté Macao à réduire sa dépendance au secteur du jeu et à promouvoir la diversification économique en développant de nouvelles industries compétitives à l’international et en attirant des talents mondiaux. Cependant, les jeux d’argent représentent encore environ 80 % des revenus fiscaux du territoire, rendant la transition difficile. Contrairement à Las Vegas, qui a su diversifier son économie, Macao reste fortement dépendante du secteur des jeux d’argent.
En 2023, les revenus bruts des jeux à Macao ont atteint 183,1 milliards de patacas, marquant une augmentation significative par rapport à l’année précédente, bien que toujours inférieurs aux niveaux pré-pandémiques. Cette reprise progressive et ralentie s’inscrit dans un contexte de régulation accrue et de pressions gouvernementales visant à diversifier l’économie locale.
Un secteur sous surveillance
Malgré son statut privilégié, Macao subit une pression croissante des autorités chinoises qui cherchent à réduire la dépendance économique aux jeux d’argent. Depuis 2014, des mesures anti-corruption ont visé les flux financiers entre la Chine continentale et Macao, provoquant une baisse temporaire des revenus des casinos. En 2022, la nouvelle loi sur les jeux a réduit la durée des licences d’exploitation et renforcé le contrôle sur les junkets, ces intermédiaires qui facilitent l’arrivée de gros parieurs depuis la Chine.
Macao tente désormais de réorienter son modèle économique vers le tourisme de loisir et la finance, en s’inspirant de modèles comme Singapour ou Hong Kong. Cependant, avec l’afflux constant de visiteurs en provenance de Chine et la persistance d’une forte demande pour les jeux d’argent, l’avenir de Macao en tant que capitale mondiale du jeu reste solidement ancré.
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