Discours de Peter Hegseth. Place au mérite

5 octobre 2025

Temps de lecture : 3 minutes

Photo : (Tom Williams/CQ Roll Call/Sipa USA) /58614983/TW/2412302220

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Discours de Peter Hegseth. Place au mérite

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Le Secrétaire d’État à la Guerre, Pete Hegseth, a fait un discours très remarqué devant les officiers généraux de l’armée américaine. Un discours de rupture et de remise aux normes pour préparer l’armée américaine à la guerre et à la victoire.

Par le colonel (e.r) François-Régis Legrier

Exit les quota, l’inclusivité, la diversité et la culture woke instaurée par la précédente administration et place au mérite et à l’esprit guerrier. C’est en substance le message du discours de Pete Hegseth, Secrétaire d’État du département de la Guerre de l’administration Trump, prononcé le 30 septembre dernier devant plus de 800 officiers généraux et amiraux de l’armée américaine.

Retrouvez ici le discours traduit par Conflits

Un discours qui a pu choquer certains tant l’énoncé de certaines évidences est aujourd’hui devenu insupportable mais à l’évidence un discours marqué au coin du bon sens avec une règle d’or : Agissez comme s’il s’agissait de vos enfants. Essayons de résumer :

Préparer la guerre

« Si tu veux la paix, prépare la guerre ». Cette maxime romaine n’a rien perdu de sa sagesse. Et la guerre ne s’improvise pas tant au niveau politique (définition des buts de guerre) que militaire (préparation au combat). L’armée a pour mission de protéger son pays, sa souveraineté et son peuple. Tout ce qui la distrait de cette mission doit être résolument écarté. Tout ce qui, de près ou de loin, nuit au moral de l’armée doit être supprimé à commencer par les réseaux sociaux qui sapent le moral des unités.

« L’Homme reste l’instrument premier du combat » comme le disait déjà le colonel Ardant du Picq en son temps. La meilleure technologie ne vaut rien si les soldats ne sont pas capables de se battre. Tout commence donc par la culture du combat et le culte (non pas de la mission comme en France) mais de la victoire. La nuance est importante.

Ces constats étant posés, Pete Hegseth, laissant volontairement de côté tout ce qui a trait à l’équipement et aux matériels, insiste particulièrement sur le leadership, l’entraînement et l’image du soldat.

La question du chef

Concernant les chefs, le message est clair : « Nous ne voulons pas des chefs parfaits mais des bons chefs » dit Pete Hegseth. Et pour avoir de bons chefs, il faut restaurer la culture de la prise de risque, redonner aux leaders le pouvoir d’agir (subsidiarité) et accepter les erreurs mineures en faisant en sorte qu’elle ne porte pas préjudice à la carrière. Il faut des leaders agressifs, des Patton, et non des chefs lisses soucieux avant tout de leur avancement. Des chefs ayant aussi du courage intellectuel, capable de faire valoir leurs convictions. Des chefs à qui on ne puisse pas reprocher d’avoir mal entraîné les soldats qui leur étaient confiés.

Concernant l’entraînement, le message est là aussi on ne peut plus clair. Retour aux fondamentaux, à commencer par l’entraînement physique et sportif qui doit être à la base de tout. En conséquence de quoi, les standards sont revus à la hausse, uniformisés et obligatoires pour tous, du 2e classe au général, pour les hommes comme pour les femmes. La balle ennemie ne fait pas de différence ; elle atteint ceux qui n’ont pas su se poster à temps, sauter, ramper, courir etc… Tout militaire quel que soit sont unité, doit savoir utiliser son armement car à la guerre, il n’y a pas une zone dangereuse, l’avant et une zone sûre l’arrière.

L’image du soldat. « Nous ne sommes pas des païens nordiques », rappelle Pete Hegseth. Le soldat américain doit donc se conformer à certaines normes conformes à la culture guerrière du pays, à commencer par la coupe de cheveux et le rasage. Des détails diront certains. Sans doute, mais des détails qui en disent long sur l’état d’esprit d’une unité.

Tenant à la fois de la remise au pas et de la harangue, le discours de Pete Hegseth est un discours « à hauteur d’homme ». Il se conclut par ces commandements : « Move out and draw fire » que nous pourrions traduire par « En avant » et « Exposez-vous ». « Exposez-vous pour attirer sur vous le feu adverse et ainsi protéger vos camarades ». Les oreilles chastes habituées aux discours policés se froisseront à l’énoncé des quelques excès de langage de Pete Hegseth, les références explicites à la foi feront frémir d’indignation les grands prêtres de la laïcité mais gageons que ce discours parlera aux tripes de tous les chefs militaires ; ceux qui ont le métier des armes dans le sang ; ceux qui du sergent au général ne ménagent pas leurs efforts pour que leur unité soit la meilleure ; ceux qui en un mot aime leur pays et sont prêts à se battre pour le protéger.

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À propos de l’auteur
François-Régis Legrier

François-Régis Legrier

Colonel au commandement du combat futur de l'armée de terre. Auteur de Si tu veux la paix, prépare la guerre, Via Romana, 2018.

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