Les îles Cook déploient une technologie d’avant-garde pour exploiter les minerais des fonds sous-marins. Des résultats prometteurs pour un développement industriel
Les îles Cook, un archipel du Pacifique Sud composé de 15 îles dispersées sur près de 2 millions de km² d’océan, se trouvent au cœur d’un débat mondial émergent : l’exploitation minière des grands fonds marins. Fortes d’une zone économique exclusive (ZEE) parmi les plus vastes du monde, les îles Cook possèdent dans leurs abysses une richesse géologique exceptionnelle, en particulier des nodules polymétalliques riches en cobalt, nickel, manganèse et cuivre — des ressources critiques pour la transition énergétique mondiale.
Un trésor sous-marin convoité
Les nodules polymétalliques, petites concrétions métalliques reposant sur le plancher océanique à plusieurs milliers de mètres de profondeur, sont de plus en plus recherchés pour leurs applications dans les batteries électriques, les éoliennes et d’autres technologies vertes. Les réserves estimées dans la ZEE des îles Cook sont considérables, avec des concentrations particulièrement élevées de cobalt, un métal stratégique dans la fabrication des batteries lithium-ion.
Face à la demande croissante de ces métaux, les îles Cook ont mis en place une stratégie nationale visant à encadrer et développer l’industrie minière sous-marine.
En 2017, le pays a créé l’Autorité des minéraux des fonds marins (Seabed Minerals Authority), qui supervise les permis d’exploration et la réglementation environnementale.
Un potentiel économique majeur
L’exploitation minière pourrait représenter une source de revenus majeure pour cet État insulaire à l’économie limitée, actuellement dépendante du tourisme et de l’aide internationale. Des partenariats avec des entreprises privées et des instituts scientifiques ont déjà permis de lancer plusieurs campagnes d’exploration. Selon certaines projections, l’exploitation commerciale pourrait générer des dizaines voire des centaines de millions de dollars sur plusieurs décennies.
Les matériaux ciblés dans les fonds marins des îles Cook
Cobalt (Co)
Utilisé dans les batteries lithium-ion, notamment pour les véhicules électriques.
Métal critique dans la transition énergétique mondiale.
Nickel (Ni)
Essentiel dans les alliages résistants à la corrosion et à haute température.
Utilisé également dans les batteries, les aciers inoxydables et les turbines.
Cuivre (Cu)
Métal fondamental pour la conductivité électrique.
Indispensable pour les réseaux électriques, les énergies renouvelables, l’électronique.
Manganèse (Mn)
Utilisé principalement dans la fabrication d’acier et d’alliages.
Sert aussi d’additif dans certaines batteries.
Techniques industrielles d’extraction envisagées
L’exploitation minière des grands fonds marins est encore expérimentale, mais plusieurs techniques industrielles sont à l’étude ou en développement dans des projets pilotes. Voici les principales :
Collecte par robotisation sous-marine
Des véhicules sous-marins autonomes ou téléopérés (ROVs) sont utilisés pour « aspirer » ou ramasser les nodules sur le plancher océanique.
Ces véhicules sont munis de bras mécaniques, chenilles ou buses d’aspiration.
Exemple : le robot Patania II développé par Global Sea Mineral Resources (GSR).
Remontée des nodules
Une fois ramassés, les nodules sont envoyés à la surface via un système de pompage ou un tuyau élévateur vertical relié à un navire en surface.
Le système utilise des pompes à air comprimé ou à eau pour créer une colonne montante.
Traitement en surface (navires ou usines terrestres)
Les nodules bruts sont traités sur des navires spécialisés ou transportés vers des usines à terre.
Ils subissent un traitement métallurgique (hydrométallurgie ou pyrométallurgie) pour extraire les métaux cibles.
Ces processus impliquent souvent des solvants chimiques (acides), électrolyse ou fusion.