<i class='fa fa-lock' aria-hidden='true'></i> Le cheval, l’aigle et l’Irbis : les symboles du Kazakhstan

20 décembre 2022

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Le cheval, l’aigle et l’Irbis : les symboles du Kazakhstan

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La relation fusionnelle du peuple kazakh avec la nature est la marque de ses origines nomades. En pleine affirmation culturelle, le Kazakhstan redore ses trois symboles animaliers : le cheval, l’aigle et l’Irbis.

L’œil qui observe l’emblème du Kazakhstan distingue deux chevaux ailés de part et d’autre d’une yourte. Il s’agit d’une représentation de Tulpar, un cheval mythique doté d’ailes, qu’on retrouve sur le casque du fameux Homme d’or à Isyk. Les ailes symbolisent le rêve de construire un État fort et prospère. Elles représentent également les pensées pures et l’aspiration à l’amélioration et à l’harmonie dans la société avec la nature et la civilisation mondiale. La double représentation de Tulpar est dessinée comme s’il gardait le shanyrak (la yourte) des deux côtés, incarnant de cette façon l’idée de servir et protéger la maison commune, soit le Kazakhstan. Garder la patrie et la servir fidèlement est l’un des refrains fondateurs intégrés dans les images des chevaux mythiques kazakhs.

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Traditionnellement, chez les Kazakhs, le cheval appartient au monde supérieur. Dans les occasions de funérailles d’un noble ou d’une décision de mariage, un cheval blanc était sacrifié aux aruaq, les esprits des ancêtres. Hors du champ purement spirituel, le cheval revêt pour ce peuple une grande importance culturelle. Les chevaux kazakhs et mongols étaient les plus courants parmi les tribus et les peuples de la Horde d’or, ils sont aussi la marque des ancêtres turciques du peuple kazakh. Ces petits chevaux étaient très activement utilisés pour la selle, le bât et le harnais, mais aussi pour la production de koumiss (boisson à base de lait fermenté) et de viande. Une jument est capable d’offrir huit à neuf litres de lait par jour. Le cheval kazakh est principalement de petite taille (entre 1,40 m et 1,60 m au garrot), mais de solide constitution. La race n’est pas figée, puisqu’elle est elle-même le fruit de croisements multiséculaires depuis des races turkmènes et mongoles. Les quelques nomades qui habitent encore les plaines continuent de veiller à sa continuité. Les plus précieux d’entre eux sont les jabys, plus massifs s’ils restent légers, qu’on retrouve couramment au Kazakhstan central. Leur rendement laitier peut atteindre le double du cheval kazakh classique.

Répartis sur un vaste territoire aux conditions naturelles différentes, de l’Altaï à la mer Caspienne et aux montagnes de l’Oural, les chevaux kazakhs paissent en solitaire. L’hiver, la principale méthode d’alimentation est la tebenevka, une recherche de nourriture sous la neige jusqu’à 40 cm de profondeur en creusant avec les sabots. Ces chevaux sont utilisés sur de longues randonnées et les courses de fond, durant lesquelles ils font preuve d’une grande endurance. Ils se montrent très résistants au gel, pouvant paître à des températures aussi basses que – 45 degrés.

Le sport hippique le plus populaire avec ces chevaux est le baïgué. Il s’agit d’une course sur une grande distance de terrain accidenté. D’autres sports équestres traditionnels sont toujours fidèlement pratiqués, comme l’er enish, une lutte à cheval, le kokpar, ou encore des disciplines à l’arc monté, de la voltige, etc. Le cheval kazakh est aujourd’hui mis à l’honneur comme un symbole de l’affirmation culturelle opérée par le gouvernement. Des hippodromes ont été bâtis à Astana et Almaty, et de nombreux festivals organisent des événements équestres.

L’aigle, la puissance céleste et la liberté du Kazakh

L’aigle royal des steppes est aussi l’un des emblèmes du Kazakhstan. Présent sur les bannières de Gengis Khan, l’aigle symbolise dans l’esprit kazakh l’envol vers l’avenir, la puissance et la liberté du peuple.

Mesurant entre 60 et 80 cm de longueur, son envergure peut atteindre les deux mètres. Ses plumes brunes le long du corps et des ailes s’enrichissent de reflets dorés du cou jusqu’à la tête. Ce majestueux animal apprécie les habitats ouverts et secs comme les déserts, les semi-déserts et les steppes. On le retrouve ainsi dans le sud de la Russie, dans les plaines d’Asie centrale (particulièrement au Kazakhstan) et jusqu’en Mongolie. Dans les montagnes, spécialement dans les forêts ou les escarpements rocheux de l’Altaï, c’est un aigle royal aux ailes plus brunes encore qui règne en maître.

Ce symbole culturel a gagné sa notoriété par les berkutchi, les traditionnels dresseurs-chasseurs kazakhs qui traquent le renard, le loup, l’antilope saïga, le lièvre et la gazelle à goitre à plein galop en lançant leur aigle sur la proie désignée.

Dans la langue traditionnelle des Kazakhs, il existe deux termes pour désigner les chasseurs-dresseurs d’aigle : qusbegi et sayatshy. Qusbegi est issu du mot qus, l’oiseau, et bek, le seigneur, signifiant littéralement « seigneur des oiseaux ». Chez les anciens peuples turciques, ce mot correspondait à un titre accordé aux seigneurs les plus respectés du khan. Sayatshydésigne la fauconnerie en général.

L’art du berkutchi se transmet de père en fils. Les jeunes apprentis s’entraînent d’abord avec de petits rapaces avant de dresser leur aigle. Ce savoir-faire traditionnel caractérise surtout un lien puissant entre le dresseur et l’animal. Vers l’automne, un aiglon est capturé. On ne le nourrit pas durant quelques jours pour qu’il puisse accepter de manger dans la main de l’homme. Puis, un entraînement précis à la chasse débute à l’aide d’une longe attachée aux pattes de l’oiseau et d’un renard empaillé. La formation d’un oiseau peut prendre plusieurs mois, voire plusieurs années. Après le dressage, le chasseur travaille son aigle quotidiennement et lui porte une immense attention pour entretenir le lien sacré qui les unit. La chasse se fait d’octobre à fin février, car la fourrure des animaux est bien plus dense à cette période. La vitesse de ces aigles peut atteindre les 150 km/h lorsqu’ils fondent sur une proie. Leur grande force permet aussi de chasser de gros animaux comme le loup ou l’antilope. Au bout de cinq ou six ans, les Kazakhs relâchent leur aigle et trouvent un autre aiglon. Ce cycle est renouvelé depuis des siècles et repris de génération en génération.

On peut être surpris de voir dans différents reportages que nombre de berkutchi se trouvent aujourd’hui en Mongolie. Pendant la période soviétique, de nombreux nomades kazakhs ont fui les steppes ancestrales pour la Mongolie où ils ont pu continuer de pratiquer leur mode de vie, dont la chasse à l’aigle. Peu nombreux aujourd’hui (quelques centaines d’individus), le Kazakhstan cherche à faire revenir ses gardiens de la tradition dans la steppe maternelle. Pour encourager le renouveau de sa culture kazakh, le pays considère la fauconnerie comme un sport national et l’association des sports nationaux a charge de la faire rayonner.

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La panthère des neiges, symbole d’Astana et de l’émergence du pays

La panthère des neiges devient l’icône de l’émergence du pays à partir des années 1990. Plus connue dans la langue kazakhe sous le nom d’Irbis, la panthère des neiges vit dans les massifs montagneux d’Asie centrale entre les falaises, où les voluptueux manteaux de nuages enveloppent les pics massifs. Seul gardien des crêtes, cet animal royal symbolise la force et l’indépendance. Chez le peuple kazakh, la panthère des neiges est une image sacrée incontournable héritée des Scythes de l’Altaï. La beauté de sa fourrure, sa discrétion mystérieuse suscitent bien des admirations, mais aussi des convoitises braconnières. En 1993, le peintre Chaken Niyazbekov, auteur du drapeau du Kazakhstan, dessine les armoiries d’Almaty en y affichant une panthère des neiges non menaçante avec des fleurs de pommiers aux dents (les pommes d’Almaty sont fameuses), symboles de prospérité d’Almaty et du Kazakhstan.

La panthère des neiges est devenue un symbole officiel du Kazakhstan, proposé par le président Nazarbaïev, dans son célèbre discours « Stratégie 2030 ». Dans la partie consacrée aux perspectives, l’ancien président compare le pays à l’animal sacré : « Jusqu’en 2030, je suis certain que le Kazakhstan deviendra la panthère des neiges de l’Asie centrale et sera un bon exemple pour les autres pays en voie de développement. » Intelligence, discrétion, majesté, c’est le reflet que le Kazakhstan veut présenter au monde.

À propos de l’auteur
Guy-Alexandre Le Roux

Guy-Alexandre Le Roux

Journaliste

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