Le cimetière des bateaux : PHP, Bangladesh

21 juillet 2025

Temps de lecture : 2 minutes

Photo :

Abonnement Conflits

Le cimetière des bateaux : PHP, Bangladesh

par

Le Bangladesh est l’un des leaders mondiaux du démantèlement naval. À Chittagong, une longue bande côtière abrite plus de 80 chantiers de démolition de navires. Parmi eux, PHP Ship Breaking and Recycling Industries. 

PHP (Peace, Happiness, and Prosperity) Group est un conglomérat bangladais aux activités diversifiées (verrerie, acier, immobilier, automobile…). Son chantier de démantèlement naval a été lancé avec la volonté affichée de respecter les normes internationales en matière de sécurité et d’environnement.

La majorité des chantiers de Chittagong utilisent une méthode dite de « beaching », consistant à échouer les navires à marée haute sur la plage, puis à les désosser directement sur le sable. Cette technique, peu coûteuse, pose d’importants problèmes environnementaux et humains : pollution marine, risques pour les ouvriers, exposition à des substances toxiques…

Malgré les pressions internationales, peu de sites ont réellement pris le virage d’une reconversion vers des méthodes plus durables. C’est là que PHP se démarque.

Les engagements du site PHP

PHP est l’un des premiers chantiers d’Asie du Sud à avoir obtenu la certification ISO 30000, relative à la gestion sûre et écologiquement rationnelle du recyclage des navires. Le chantier affirme respecter les principes de la Convention de Hong Kong sur le recyclage sûr des navires, et fait partie de la liste blanche des ONG et institutions surveillant le secteur.

Les engagements du chantier incluent :

Le traitement sécurisé des déchets dangereux (amiante, huiles, peintures au plomb, etc.)

L’utilisation de zones de découpe en béton étanches, pour éviter la pollution du sol et des eaux

Des équipements de protection pour les ouvriers (casques, gants, bottes, formation)

Des systèmes de gestion des eaux polluées

La traçabilité des matériaux recyclés

Une exception dans le paysage local

Alors que la majorité des chantiers voisins continuent de fonctionner dans des conditions précaires, PHP tente de prouver que le démantèlement naval peut être viable économiquement sans sacrifier l’environnement ni la dignité humaine. Le chantier a reçu des visites et des reconnaissances de la part d’organisations internationales, dont l’Union européenne, qui l’a identifié comme un chantier potentiellement éligible à son règlement sur le recyclage des navires européens.

Limites et défis

Malgré ses efforts, PHP opère dans un environnement réglementaire encore faible, avec peu de contrôle étatique et une forte pression économique. Il doit convaincre davantage d’armateurs de lui confier leurs navires, même si ses coûts sont supérieurs à ceux des chantiers concurrents et surmonter l’image négative globale de l’industrie du démantèlement au Bangladesh.

Mots-clefs :

Vous venez de lire un article en accès libre

La Revue Conflits ne vit que par ses lecteurs. Pour nous soutenir, achetez la Revue Conflits en kiosque ou abonnez-vous !
À propos de l’auteur
Revue Conflits avec AFP

Revue Conflits avec AFP

Voir aussi

Pop culture sud-coréenne : les raisons d’un succès mondial

La « hallyu » (ou, vague coréenne) désigne la diffusion mondiale de la culture sud-coréenne depuis la fin des années 1990. Elle englobe la popularité croissante de la musique K-pop, des dramas coréens, du cinéma, de la mode, de la cuisine et même des jeux vidéo et des cosmétiques...

Shein et Chine bashing : gare au retour de bâton pour notre industrie

L’attitude actuelle de la France vis-à-vis de la Chine se durcit de façon très visible. Ce « Chine-bashing » économique, s’il se justifie à bien des égards, pourrait se retourner contre nos intérêts commerciaux et modifier de manière profonde nos rapports avec la deuxième puissance...

La Chine déploie sa marine

En moins de dix jours, la marine chinoise a successivement admis au service actif le 5 novembre le Fujian, son premier véritable porte-avions, et commencé le 14 novembre les essais à la mer du Sichuan, le plus grand porte-hélicoptères/drones au monde. En parallèle, l’APL-M poursuit la construction d’au moins deux porte-avions à propulsion nucléaire. Si la flotte chinoise a dépassé en nombre de coques son opposant de référence, l’US Navy, depuis 2016, elle est toujours en retard en termes de tonnage. C’est la raison pour laquelle elle s’active efficacement à combler ce manque de bâtiments de combat puissants auxquels Henry Kissinger faisait référence quand il disait qu’« un porte-avions, c’est 100 000 tonnes de diplomatie ».