<i class='fa fa-lock' aria-hidden='true'></i> L’Iran attaque Israël

14 avril 2024

Temps de lecture : 2 minutes
Photo : An Iranian cleric chants slogans while attending an anti-Israeli gathering at the Felestin (Palestine) Square in Tehran, Iran, early Sunday, April 14, 2024. (AP Photo/Vahid Salemi)/VAH103/24104810138558//2404140038
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L’Iran attaque Israël

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L’Iran a attaqué Israël dans la nuit de samedi à dimanche. Une offensive qui brise l’équilibre du Moyen-Orient et menace une paix précaire.

L’attaque nocturne de l’Iran contre Israël est inédite : pour la première fois, Téhéran s’en prend directement à l’État hébreu. La question est de déterminer si cela ouvre une période d’escalade ou si cette attaque clôt la querelle entre les deux États.

Plusieurs remarques peuvent être effectuées à chaud.

1/ Les services secrets américains avaient vu juste en annonçant une attaque imminente de l’Iran en fin de semaine dernière. Comme il y a deux ans lors de l’attaque de l’Ukraine par la Russie. En dépit de tout ce qui est dit sur le déclin américain, on constate que leurs services fonctionnent de façon efficace et sont capables de jouer le rôle qui est le leur, à savoir anticiper et prévenir les événements.

L’hypothèse la plus probable est que les services américains aient été prévenus en amont de cette série de frappes. Ce que confirme Georges Malbrunot : « Iran-Israel: une source militaire française confie que le Premier ministre irakien, Mohamed al Soudani, avait été prévenu 48 heures avant l’attaque iranienne sur Israël. Comme ce dernier se trouve en visite officielle aux États-Unis, il est fort probable que l’avertissement iranien ait été transmis à Washington. D’où les déclarations de Joe Biden hier samedi. Selon ce militaire français, « on a assisté à une chorégraphie bien calibrée de l’Iran ». (Twitter, 14 avril, 15h).

2/ L’attaque de l’Iran est sans précédent. D’habitude, l’Iran agit par proxy et alliés interposés. Cette fois-ci, l’assaut est venu du territoire iranien directement vers Israël. Quelques drones et missiles ont bien été tirés depuis l’Irak, le Yémen et par le Hezbollah, mais de façon minoritaire. Il y a bien une rupture : l’Iran a attaqué Israël directement.

3/ L’attaque est à la fois un succès et un échec.

Un succès, car cela permet à l’Iran de sauver la face après l’attaque contre le consulat iranien à Damas et la mort de 7 cadres iraniens. Pour Téhéran, c’était une question d’honneur et de crédibilité : il n’était pas possible de rester sans réagir.

Mais 99% des drones et missiles ont été interceptés, ce qui démontre l’efficacité du dispositif israélien. De ce point de vue, l’attaque peut être perçue comme un échec : il y a eu une pression exercée contre Israël, mais sans dégât majeur.

4/ L’Iran a sauvé la face. Pour Téhéran, « l’incident est clos ». Israël a attaqué son consulat, l’Iran a répliqué en attaquant Israël. L’Iran ne cherche pas à aller plus loin et d’emblée ne veut pas entrer dans une logique d’escalade. Il n’est néanmoins pas certain que le message soit reçu de cette façon par le gouvernement israélien.

5/ Les États-Unis aussi veulent clore l’épisode. S’ils ont informé et soutenu Israël, Joe Biden a d’ores et déjà demandé au gouvernement israélien de ne pas répliquer à cette attaque.

6/ Israël a été soutenu par les États-Unis, la Grande-Bretagne et la France, chacun des pays ayant aidé à constituer le « dôme de fer ». Témoin d’une coopération occidentale.

7/ Quelles conséquences ? Les États-Unis mettent d’ores et déjà un frein à l’hubris israélienne pour éviter un embrasement de la région.

Toutefois, le futur du régime iranien est posé. Les pays arabes ne veulent pas d’une guerre, ils ont d’autres préoccupations, plus matérielles. L’Iran commence à poser plusieurs problèmes à ses voisins. Sachant ses fragilités internes, il n’est pas impossible que des mesures de déstabilisation soient menées dans les mois qui viennent.

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À propos de l’auteur
Jean-Baptiste Noé

Jean-Baptiste Noé

Docteur en histoire économique (Sorbonne-Université), professeur de géopolitique et d'économie politique à l'Institut Albert le Grand. Rédacteur en chef de Conflits.
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