Livres de la semaine – 2 décembre

2 décembre 2022

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Livres de la semaine – 2 décembre

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Histoire de l’Église, Atlas, Israël et XXe siècle et un film culte, la 317e section.

Histoire de l’Église

George Weigel, Pour la sanctification du monde. L’héritage de Vatican II, Artège, 20,90€

Théologien et spécialiste d’éthique et des droits de l’homme, George Weigel est une figure importante du catholicisme aux États-Unis. Il a déjà écrit sur l’Église avec notamment L’Église de la résistance et la chute du communisme et Jean Paul II témoin de l’espérance.

Dans cet ouvrage, il revient sur le concile Vatican II (1962-1965) qui a bouleversé l’Église autant qu’il a surpris. De fait, la ‘’pratique’’ du concile par l’Église semblait être de l’histoire ancienne jusqu’à ce que le pape Jean XXIII (désormais Saint) annonce l’ouverture de celui-ci lors d’une messe à Saint-Paul-hors-les-murs en 1959.

Un concile sans cesse remis en question, encore aujourd’hui et qui ne semble pas avoir eu les effets escomptés sur l’Église et ses membres, soulève forcément de nombreuses questions auxquelles George Weigel s’efforce d’apporter des éclairages, aux vues des textes de Vatican II, parfois oubliés et mal interprétés.

Revenant sur la genèse et la nécessité de ce concile dans une époque troublée, l’auteur nous replonge également dans les textes fondateurs de Vatican II et ceux qu’il a laissés à la postérité pour en tirer les enseignements clefs devant réformer et guider l’Église, et décrypter les conflits qu’ils ont amenés. Il interroge également les clefs de ce concile notamment à travers Jacques Maritain et plus important des papes Saint Jean-Paul II et Benoît XVI avant de revenir sur la figure christique, au cœur des réflexions menées.

Un siècle d’Histoire

Sous la direction de Nicolas Beaupré et Florian Louis, Histoire mondiale du XXe siècle. PUF, 39€

Avec un titre aussi éloquent, le lecteur s’attendrait à une encyclopédie en plusieurs volumes; ce n’est pas le cas. Dans ce livre de mille pages (tout de même), cinquante historiens réunis par Nicolas Beaupré et Florian Louis s’attèlent à raconter le XXe siècle, un siècle très riche en évènements bien sûr, mais d’autant plus que nous en sommes encore très proches et que nous en avons évidemment de nombreuses sources historiques.

Le chiffre clef à retenir qui jalonne cet ouvrage est 11.

En effet, hormis la première partie divisée en trois chapitres brossant le XXe siècle dans ses grandes lignes avec des jonctions en 1945 et 1979, les quatre parties suivantes sont divisées en onze chapitres chacune.

C’est ainsi que les auteurs parviennent à nous replonger dans la riche histoire du XXe siècle sous différents angles. Des chapitres concentrés sur des années charnières qui ont marqué ce siècle (1929, 1968, 1994…) aux chapitres s’attardant sur les enjeux qui l’ont traversé (l’environnement, la démographie, la démocratie, etc.), voyagez à travers le monde au gré des deux parties consacrées aux espaces (continents, zones d’influences…) et à certains lieux les plus marquants (Berlin, la Sibérie, Jérusalem…). Une œuvre agrémentée de quelques cartes donnant une vue d’ensemble, mettant en avant certains éléments et de repères chronologiques par années avec certains évènements plus ou moins marquants qui les ont jalonnés.

Film de guerre

La 317e section, réalisé par Pierre Schoendoerffer d’après son roman éponyme, disponible sur la plateforme de streaming lacinetek.com, 1965, 100mn
Au Panthéon cinématographique de bien des militaires se trouve évidemment la 317e section de Pierre Schoendoerffer. Cette section isolée doit se replier tandis que la cuvette de Dien Bien Phu est assiégée et que Pierre Mendès-France s’apprête à signer la paix à Paris. Dans la débâcle, la hiérarchie est absente et le jeune lieutenant arrivé depuis 15 jours en Indochine se retrouve seul à la tête d’une trentaine de supplétifs et de sous-officiers. Les péripéties de ce raid dans la jungle laisse rapidement la place à la rencontre entre Willsdorff, l’adjoint interprété par Bruno Cremer, vieux briscard alsacien qui a fait toutes les batailles sur le front de l’est jusqu’à Berlin, et Torrens, ce saint-cyrien tout juste sorti d’école, plein d’allant et méprisant le danger, joué par Jacques Perrin.
Dans un décor humide et boueux fait de clopes, d’alcool et de munitions, la mort et la vie rôdent sans drame et sans larmes. « Vive la mort bon Dieu ! » s’amuse Willsdorff qui sait que la partie est perdue d’avance mais qui fait son devoir avec loyauté. Cette épopée, sans casque mais avec des brancards, soulève la question du traitement des blessés et de la survie du groupe. Le film en noir et blanc, d’une beauté absolue, cultive le goût français de l’héroïsme dans la défaite et l’honneur. Mais c’est le meilleur manuel de commandement qu’on puisse donner à un futur chef. Hadrien Desuin

Atlas

Atlas stratégique, de l’hégémonie au déclin de l’Occident, Gérard Chaliand, Roc Chaliand, Nicolas Rageau, Autrement, 24,90€.

Il y a presque 40 ans, le géostratège Gérard Chaliand publiait avec J.P. Rageau le premier atlas stratégique et géopolitique des rapports de force dans le monde, qui connu un succès d’une ampleur mondiale. L’originalité de leur approche reposait sur le rejet d’une vision occidentalocentrée du monde et un réalisme à toute épreuve. Une génération plus tard, G. Chaliand a fait confiance à son fils Roc, auteur éclectique aux multiples talents, pour proposer au grand public une nouvelle édition refaite de fond en comble. Il en résulte une nouvelle cartographie plus concise, délestée de toutes fioritures où le bleu des océans a cédé au noir, plus efficace. Des cartes accompagnées de textes courts rédigés dans un style d’une simplicité déconcertante et un ton incisif. Des textes qui remettent en perspective le rapport du « dominé » au « dominant ».

La finalité est tangible, il s’agit de prouver par la cartographie et l’analyse comment les événements du XXe s et du début du XXIe s ont entraîné l’Occident à son déclin au profit d’une Chine prudente qui observe la modification des rapports de force d’un ordre international en tablant sur sa force économique à projection internationale et sa capacité de contrôle sur sa propre population. En sorte que cet atlas dresse dans le format contraint d’un livre, le bilan historique de l’hégémonie européenne sur l’Asie et l’Afrique et ses contradictions actuelles (puissance économique privée de volonté, sinon d’une élémentaire cohésion), revient sur la chute de l’URSS et ses conséquences sans négliger deux données que la géopolitique a le mérite de mettre en exergue la démographie et l’attitude des opinions publiques relayée par les médias (impact de la « guerre zéro mort », impact psychologique du terrorisme). L’autre originalité du livre repose sur le constat d’une mondialisation source de fragmentations supplémentaires et l’identification d’États émergents (Turquie, Iran, Arabie saoudite, Corée du Nord) face aux grandes puissances. Gageons que cet atlas nourrisse une réflexion critique sur les combats qui vaillent la peine d’être menés.

Tigrane Yégavian

Israël

Dominique Vidal, Israël : naissance d’un État (1896-1949), L’Harmattan, 12€.

Aux yeux de Dominique Vidal, journaliste et historien, le problème israélo-palestinien a tous les traits d’un conflit de décolonisation qui dure encore. Mais pour mieux comprendre les tenants et les aboutissants de cette question, une mise en perspective historique s’impose. Ce court essai engagé et didactique mobilise les dernières connaissances acquises au travers d’une lecture critique de l’historiographie israélienne récente, mais aussi des travaux de la nouvelle génération d’historiens allemands. En se concentrant sur la période charnière précédente de quelques années la création de l’État d’Israël, Dominique Vidal se penche sur les facteurs qui ont le plus pesé sur les événements. On y découvre le rôle accablant de l’administration britannique qui porte une lourde responsabilité dans le pourrissement de la situation entre les mouvements sionistes, mais aussi celui bien moins éludé, du rôle de l’Union soviétique dans le soutien au plan de partage onusien, le pouvoir stalinien visant à l’époque instrumentaliser les sionistes pour affaiblir les puissances impérialistes occidentales. On lira avec intérêt son analyse du judéocide perpétré par les nazis et leurs alliés à la lumière des travaux les plus récents des historiens allemands.  À noter que le mythe d’un rapport de force favorable aux Arabes lors de la guerre de 1948 et d’un départ volontaire des Palestiniens à l’appel des voisins arabes est battu en brèche. Les Palestiniens étaient bien moins organisés, mal aguerris et désunis pour faire face à la motivation des combattants du futur Israël dont la fortune aurait été tout autre sans l’armement tchécoslovaque qui avait pu faire la différence sur le champ de bataille et assurer une première et décisive victoire.

Tigrane Yégavian

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