Les ouvrages d’Edward Mickolus sont une source précieuse pour ceux qui étudient le terrorisme. Recension des dernières parutions.
L’étude scientifique du terrorisme est en grande partie conditionnée par l’accès à des séries de données fiables, comparables et portant sur les plus longues périodes possibles. Actuellement, seules deux bases de données aisément accessibles permettent de réaliser des recherches en la matière : la Global Terrorism Database entretenue à l’Université de Maryland[1], et ITERATE (International Terrorism : Attributes of Terrorist Events) crée par Edward Mickolus, qui remonte à 1968. Cette dernière base, qui existe en format numérique et en version papier sous forme de livres, offre une série d’information difficile à trouver ailleurs, et encore moins rassemblés en un volume.
C’est donc avec intérêt que l’on attend la parution de la dernière livraison de Terrorism Events Worldwide, qui cette fois, porte sur les années 2023 et 2024. Parmi les raisons pour lesquelles cette publication mérite d’être connue, on peut citer les trois suivantes.
D’abord, au début de chaque volume, Mickolus présente une brève synthèse des principales tendances de l’année, certes dans une optique très liée à celle des États-Unis (ce qui est prévisible pour un ancien cadre de la CIA), mais couvrant de manière utile des questions, comme l’évolution de certaines entités recourant au terrorisme, le destin de quelques acteurs importants et surtout les innovations remarquables en matière d’activité terroriste récente.
Ensuite, les attentats relevant du terrorisme, surtout international, ventilés par pays, sont décrits après avoir répertorié la source (généralement une agence de presse ou/un média identifiable). On dispose donc pour chaque incident des informations de base, telles que les médias, les transmettent « à chaud ». Il en résulte que la lecture des notices consacrées à chaque pays permet de se faire une bonne idée initiale de la nature et de l’intensité de l’activité terroriste qui s’y manifeste. À cet égard on pourrait presque suggérer que ces volumes sont, pour le chercheur en terrorisme, un bon complément aux guides touristiques qu’il est amené à consulter à l’heure de choisir une destination de voyage…
Enfin, et cet apport est précieux, en fin de volume figure une partie consacrée à l’actualisation des données figurant dans les livraisons antérieures. Par exemple, dans ce dernier volume, on a, pour la France, des informations concernant le procès consécutif à la décapitation de Samuel Paty le 16 octobre 2020 (pp. 273-274).
Ainsi, dans sa conception et son contenu, le travail de Mickolus ne fait double emploi avec aucune autre entreprise documentaire sur le terrorisme, et permet d’enrichir la réflexion à l’aide d’informations rassemblées avec soin. À quoi s’ajoute la présence d’une courte bibliographie contenant des références non exclusivement en langue anglaise, ce qui est suffisamment rare pour mériter d’être signalé.
[1] Sur l’utilisation que nous faisons de cette ressource, voir : Daniel Dory ; Hervé Théry, « L’approche géographique du terrorisme : questions de méthode », L’Information Géographique, Vol. 86, 2022, 29-48.










