<i class='fa fa-lock' aria-hidden='true'></i> Oman, une thalassocratie arabo-africaine

25 mars 2020

Temps de lecture : 9 minutes
Photo : Observatoire de Mutrah près de Mascate, Auteurs : Rafael Ben-Ari/Cham/NEWSCOM/SIPA, Numéro de reportage : SIPAUSA31336809_000016.
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Oman, une thalassocratie arabo-africaine

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État semi-rentier et membre fondateur du Conseil de coopération du golfe (CCG), le sultanat d’Oman est une plaque tournante discrète de toutes les initiatives de règlement de crises dans la région. À la fois proche de Téhéran et de Washington, il développe une politique étrangère originale qui s’inscrit dans la longue histoire africaine et indienne de ce pays dont l’identité est profondément ancrée dans l’océan Indien.

À la jonction du Machrek, de l’Inde et de l’Afrique orientale, Oman cultive aujourd’hui sa spécificité d’État médian. D’une superficie de 309 500 km² pour une population de 4 millions d’habitants, le territoire omanais se présente comme un ensemble massif et désertique à l’extrémité orientale de la péninsule Arabique, séparé de cette dernière par l’immense et hostile désert du Roub al-Khalil (le Quartier vide). Contrairement à toutes les autres monarchies du Golfe, dont les origines sont liées à l’évolution des tribus du Nejd au centre de l’Arabie, Oman se distingue par son caractère quasi insulaire. C’est cette singularité qui l’a poussé à regarder vers le large et fait que son histoire a été davantage forgée par l’océan Indien, la Perse, l’Asie du Sud et l’Afrique que par l’intérieur des terres arabes.

Désertique, chiche en ressources et faiblement peuplé, le territoire omanais est baigné par plus de 1 500 kilomètres de littoral sur l’océan Indien et le golfe qui porte son nom. Avec une telle exposition, c’est tout naturellement que le pays était prédestiné à devenir une puissance maritime.

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Entre mer et désert

C’est au viiie siècle qu’Oman émerge comme émirat ibadite, du nom de cette forme distincte du sunnisme et du chiisme rattachée à une branche du kharidjisme qui a fait office de ciment de la nation omanaise, au même titre que l’expansion outremer. Cette dernière explique la dichotomie entre le littoral de la côte et l’intérieur des terres (dakhiliya), qui se reflète encore aujourd’hui dans le clivage entre la population arabo-musulmane et majoritairement ibadite de l’intérieur et le peuplement multiethnique et multiconfessionnel de la côte.

De fait, la réputation de ce peuple de marins en contact avec la Perse, l’Inde et l’Afrique depuis des millénaires n’est plus à faire. Aux débuts de la période islamique, les ports de Sohar, Qalhat et Mascate étaient des entrepôts importants ; et ce n’est qu’à partir du déclin des deux premiers que l’État ibadite a opté pour le tropisme continental, implantant sa capitale à Nizwa au vie siècle de notre ère. Cette continentalisation allait durer jusqu’au xviie siècle et n’empêcha pas les anciennes colonies commerçantes omanaises de prospérer le long des côtes africaines swahilies et de Zanzibar.

L’émigration vers l’Afrique orientale et les Indes remonte surtout aux expéditions omeyyades qui provoquèrent la fuite de nombreux commerçants ibadites entre 700 et 705. La migration vers le grand Sud était motivée par les vents favorables des moussons et les conditions climatiques propices à la navigation en haute mer. Du reste, les marchands omanais avaient tissé avec d’autres communautés marchandes des relations étroites, comme ce fut le cas avec les Banyans indous, lesquels joueront un rôle essentiel comme intermédiaires au moment des découvertes portugaises.

Dirigés par Alfonso de Albuquerque, futur vice-roi des Indes portugaises, les Portugais prirent pied à Ormuz en 1507. Ils occupèrent en 1515 Mascate et bâtirent des fortifications le long de la côte pour les protéger des fréquents assauts de la marine de guerre ottomane. Si les Turcs reprirent provisoirement Mascate en deux occasions, en 1552 et en 1581, la présence portugaise devait durer 143 ans.

En 1624, la dynastie Yaa’rubi arrive au pouvoir. Elle scelle un accord avec les Anglais à Sohar (1634), Londres souhaitant établir une manufacture à Mascate. Les Anglais, bientôt suivis des Français et des Hollandais, se disputent alors l’amitié des Omanais pour développer leur commerce dans l’océan Indien

Il faudra attendre 1650 pour que les Yaa’rubi chassent définitivement les Portugais de la côte omanaise et les délogent même d’autres ports de la mer d’Arabie et de la côte orientale de l’Afrique comme Mombassa en 1698. À partir du début du xviiie siècle, le sultan d’Oman étend son influence à Zanzibar. Afin de consolider sa mainmise sur les îles africaines, les Omanais bâtirent un fort sur l’île et, vers 1710, le sultan dépêcha sur place une garnison de 50 soldats. Des plantations furent créées pour cultiver notamment la canne à sucre. Les besoins en main-d’œuvre grandissant, les Omanais firent de l’esclavage un des piliers de leur économie. Environ 5 000 esclaves noirs travaillaient au début du xviiie siècle dans les plantations omanaises. Au milieu du xviiie siècle, la traite des esclaves en provenance de l’archipel de Kilwa (au large de la Tanzanie) et des Mascareignes (La Réunion, l’île Maurice) prit un essor conséquent. Cette main-d’œuvre vint grossir les effectifs travaillant dans les champs ou affectés aux travaux domestiques, ainsi que les harems. En 1770, environ 3 000 esclaves transitaient annuellement à Zanzibar, premier centre commercial d’Oman.

 

L’avènement des Busaïdi

En 1748, s’impose la dynastie des Busaïdi dont est issu l’actuel sultan, Qabus Busaïdi. Elle a été fondée par Ahmad bin Saïd. Propriétaire de bateaux, issu d’une famille de commerçants de café, Ahmed bin Saïd entend accroître la puissance commerciale du sultanat pour gagner l’allégeance des tribus et exploiter les ressources du littoral africain. Pour ce faire, il s’engage dans le très lucratif commerce des esclaves en Afrique orientale, comptant sur le réseau de gouverneurs qu’il nomme à Zanzibar, Pemba, Lamu et Kilwa. Mais cette allégeance s’avère toute formelle, les gouverneurs omanais d’Afrique de l’Est jouissant alors d’une totale autonomie. La thalassocratie omanaise prend forme grâce à la mise en place d’un système de pouvoir décentralisé et de réseaux familiaux commerçants. Elle s’appuie aussi sur une flotte puissante. En 1715, quand meurt Louis XIV, la flotte de guerre omanaise comprend un énorme boutre de 50 mètres de long transportant plus de 400 hommes et 74 canons, onze navires de 12 à 60 canons, et un grand nombre de galères appelées « transkis ».

Ahmad bin Said meurt en 1783 après avoir assis sa domination commerciale sur la majeure partie du golfe Persique jusqu’au sud de l’Irak en échange d’un tribut payé aux Ottomans. Après lui, ses fils annexent Gwadar dans l’actuel Pakistan [simple_tooltip content=’Cette enclave restera sous souveraineté omanaise jusqu’au 8 septembre 1958. Grâce à une donation de l’Aga Khan, le prince sultan Mohammad Shah, le gouvernement pakistanais a pu l’acheter pour une somme de 5,5 millions de roupies (l’équivalent d’1,1 million de dollars).’](1)[/simple_tooltip], Socotra et les îles du détroit d’Ormuz. En 1792, le sultanat d’Oman se divise en deux entités distinctes et redevient un imamat [simple_tooltip content=’Système de direction spirituelle et politique par les imams chiites ; le premier imamat d’Oman remonte à 799 de notre ère.’](2)[/simple_tooltip]. Son économie prospère grâce aux droits de douane et aux taxes d’entrée. Mascate fait alors figure de grand entrepôt, un lieu de passage obligé des bateaux naviguant entre le Golfe et l’océan Indien.

Afin de combattre ses rivaux, le sultan opte pour l’alliance avec les Anglais et signe en 1798 un traité de commerce et de navigation avec Londres. Le consul britannique prend poste à Mascate et la British East India Company étend son activité dans le golfe Persique. L’accord omano-britannique marque le début de l’étranglement du commerce omanais, contraint de négocier en position de faiblesse.

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Dans les mains des Britanniques

À l’aube du xixe siècle, Oman souffre d’un déficit de leadership doublé d’une faiblesse militaire. Menacés par les appétits des puissances européennes dans l’océan Indien, les Omanais sont assaillis à deux reprises en 1803 et 1807 par les wahhabites et leurs alliés qasimis [simple_tooltip content=’Une tribu arabe du golfe Persique essentiellement composée de marins, de pêcheurs, de commerçants et de pirates.’](3)[/simple_tooltip]. Oman passe un temps sous suzeraineté saoudienne, puis se tourne vers le Royaume-Uni. En échange de la protection britannique, Oman doit renoncer à ses ambitions dans le Golfe et la Côte de la trêve [simple_tooltip content=’En 1820, les Britanniques signèrent une série d’accords et de traités avec les cheikhs de chaque émirat de la côte du Golfe, celui de 1853 garantissant l’arrêt de la piraterie contre les navires britanniques, d’où le nom des États de la Trêve (en anglais : Trucial States) donné aux actuels Émirats et à quatre autres disparus depuis (Dibba, Hamriyah, Kalba et Hira).’](4)[/simple_tooltip] devient une extension du domaine britannique aux Indes.

Dans ce contexte, les colonies omanaises d’Afrique orientale commencent à s’affranchir de la tutelle de Mascate en se rapprochant des Britanniques. À partir de 1817, les Omanais se replient sur leur domaine de la côte est-africaine, menacé par les ambitions française et anglaise.

Sous le très long règne du sultan Said Ibn Sultan Said (1806-1856), l’influence d’Oman s’étend dans l’Afrique des Grands Lacs et son pouvoir commercial est à son zénith. Il contrôle un véritable empire comprenant, outre Oman, le sud de la Perse et le détroit d’Ormuz, l’enclave de Gwadar dans ce qui est aujourd’hui le Pakistan, et surtout Zanzibar, Pemba, l’île de Socotra et la côte est-africaine. Cet « empire omano-africain » atteint son âge d’or entre les années 1830 et 1870. Une importante immigration d’Arabes venus d’Oman et de l’Hadramaout permet la création de colonies.

En 1812, les Omanais introduisent à Zanzibar le clou de girofle (venu d’Indonésie) ce qui provoque une demande accrue de main-d’œuvre servile ; par conséquent le sultan Said signe sous la pression britannique un traité antiesclavagiste avec le capitaine Fairfox Moresby qui interdit le transport des esclaves au sud et à l’est de la « Moresby Line ». Si ce traité facilite le transport d’esclaves entre Zanzibar et Oman, le sultan n’a plus le droit de vendre des esclaves aux chrétiens (sous-entendu la France). En conséquence, le sultan encourage le développement du clou de girofle à Zanzibar dont le cours grimpe en flèche et à la fin de son règne, Oman devient l’un des premiers producteurs mondiaux.

 

L’apogée de Zanzibar et de la traite des Noirs

En 1827, le sultan Saïd navigue jusqu’à Zanzibar où il rencontre Edmund Roberts, un Américain de Portsmouth, qui lui propose un traité entre Zanzibar et l’Amérique. Les Américains importent alors beaucoup d’ivoire africain, plus facile à travailler que celui venu d’Asie pour les boules de billard et les touches de piano. Voyant dans cet accord un moyen de renforcer la position économique de Zanzibar, le sultan Saïd signe en 1833 un traité d’amitié et de navigation avec Washington. Et en 1840, la première ambassade omanaise accoste sur le port de New York. Ce traité a été remplacé par un autre en 1958, alors que les relations diplomatiques n’ont été établies qu’en 1972. Quant à l’accord de coopération militaire datant de 1980, il a été renouvelé en 2010.

Parallèlement, le sultan Saïd parvient à soumettre définitivement Mombassa enlevé à ses ennemis Mazruhis après plusieurs tentatives au cours de son quatrième voyage en Afrique orientale (novembre 1836-septembre 1839). Dès lors, c’est à Zanzibar qu’il passe à partir de 1840 la plus grande partie de son temps.

L’importance croissante des possessions africaines se mesure surtout par leur poids financier. En 1832, la douane de Mascate fournissait environ 100 000 dollars, celle de Zanzibar 40 000. Deux ans plus tard, si les revenus annuels des douanes de Mascate sont demeurés à peu près les mêmes, ceux de Zanzibar s’élèvent à 150 000 dollars. Ces revenus augmentent régulièrement les années suivantes et atteignent plus de 200 000 dollars. Pour ce faire, le sultanat d’Oman crée une administration mobilisant les grandes familles omanies en charge des affaires de Mascate.

À la manière des Portugais qui, fuyant l’invasion napoléonienne de 1807, transférèrent leur capitale de Lisbonne à Rio de Janeiro, le sultan Saïd déplace sa capitale à Zanzibar en décembre 1840. Il nomme son fils Thuwaini – resté à Mascate – gouverneur d’Oman tandis que le gouverneur de Zanzibar Mwiny Mkuu gère les affaires locales. Le sultan Saïd conserve quant à lui la main sur le commerce et les affaires internationales.

Ce déplacement du centre de gravité de la métropole vers l’outre-mer n’est pas sans conséquences géostratégiques. La situation économique d’Oman continental périclite à mesure que Zanzibar prospère et attire de plus en plus de marchands. En cette moitié du xixe siècle, le déclin de la métropole est bien entamé. Outre la perte de ses territoires du golfe Persique au profit des Anglais, elle voit sa flotte dépassée par les technologies européennes. Signe fort, la population de Mascate chute de 55 000 à 8 000 entre 1850 et 1870. Une des raisons de ce déclin s’explique aussi par la possibilité pour les navigateurs européens d’utiliser les moussons du sud-ouest et du nord-ouest pour faire voile directement de la mer Rouge aux Indes.

Pendant cette période et malgré les restrictions imposées par le traité de Moresby, le marché des esclaves continue de croître. Les Anglais n’ont pas une flotte suffisante pour permettre l’application du traité. En 1841, les marchands s’établissent à Ujiji (à 1 600 km des côtes) et environ 13 000 esclaves arrivent par an à Zanzibar.

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Le démantèlement de l’État omanais par les Britanniques

En 1850, 14 à 15 000 esclaves transitent chaque année par Zanzibar. Cette traite entraîne une nouvelle extension du territoire omanais à l’intérieur des terres africaines dans la région des Grands Lacs, si bien qu’à la fin du règne de Saïd bin Sultan, la plateforme de Zanzibar couvre 10 % de la traite du continent noir. Lorsque le 4 juin 1856 Saïd bin Sultan meurt sans avoir désigné un héritier, les Anglais arbitrent le litige. Son deuxième fils Thuwaini bin Said prend le pouvoir à Oman tandis que son frère, Majid bin Said est proclamé sultan de Zanzibar, ce qui ne va pas sans affrontements.

Tirant profit de ces conflits fratricides, le vice-roi des Indes britanniques se pose en arbitre. En avril 1861 Lord Canning déclare que Zanzibar et Oman doivent constituer deux États séparés. Une déclaration franco-anglaise reconnaît en 1864 Majid sultan de Zanzibar indépendante. À partir de ce moment, Londres obtient une influence prépondérante dans le destin des différents imams qui se succèdent à Mascate : mais leur pouvoir ne dépasse guère le périmètre de la ville. Les Anglais quant à eux continuent à la protéger des attaques des wahhabites (1889) tout en exerçant de fortes pressions pour empêcher les souverains omanais d’accorder des concessions commerciales aux Français. Le sultanat est finalement placé de fait sous protectorat britannique de 1891 à 1971, tout en conservant nominalement son indépendance.

Un an plus tôt, les Anglais avaient établi un protectorat à Zanzibar, affaibli économiquement par l’arrêt de l’esclavage (1890) et par le déplacement du siège de l’Imperial British East Africa Company de Zanzibar à Mombasa. Zanzibar sera de facto intégré à l’Empire britannique. Dirigée par une élite arabophone minoritaire, l’île accède à l’indépendance en 1963 avant d’être intégrée dans la Tanzanie.

 

Une thalassocratie omanaise ?

S’étendant du Golfe au Baloutchistan en passant par Zanzibar, les côtes kényanes, comoriennes, tanzaniennes et mozambicaines, la thalassocratie omanaise a existé aussi longtemps que sa marine marchande et militaire l’a permis. À cela vient se greffer des liens familiaux transnationaux, des communautés marchandes, la circulation du commerce des épices et bien sûr la traite des noirs. Toutefois, les Omanais ne purent se doter d’un solide appareil administratif centralisé depuis Mascate, puis Zanzibar. Outre les fortes dissensions entre les familles régnantes et l’absence d’institutions pérennes, l’histoire de cette thalassocratie est aussi marquée par la lutte pour la survie d’un commerce international sans cesse menacé par des adversaires venus de l’intérieur des terres (wahhabites) et les ambitions des puissances impériales occidentales qui finiront par avoir raison de l’empire omano-africain.

Zanzibar traversa des troubles graves après l’indépendance. En 1964 une révolution renversa le dernier sultan Jamshid ben Abdallah pour le remplacer par une éphémère junte d’inspiration marxiste-léniniste. Le sultan d’Oman encouragea un peu plus tard les Omanais de la diaspora à revenir dans leur pays d’origine, ce que firent massivement des « pieds noirs » omanais. Les dernières traces d’une thalassocratie méconnue s’effaçaient.

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À propos de l’auteur
Tigrane Yégavian

Tigrane Yégavian

Chercheur au Centre Français de Recherche sur le Renseignement (CF2R), il est titulaire d’un master en politique comparée spécialité Monde Musulman de l’IEP de Paris et d’une licence d’arabe à l’INALCO. Après avoir étudié la question turkmène en Irak et la question des minorités en Syrie et au Liban, il s’est tourné vers le journalisme spécialisé. Il a notamment publié "Arménie à l’ombre de la montagne sacrée", Névicata, 2015, "Missio"n, (coécrit avec Bernard Kinvi), éd. du Cerf, 2019, "Minorités d'Orient les oubliés de l'Histoire", (Le Rocher, 2019) et "Géopolitique de l'Arménie" (Bibliomonde, 2019).
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