Le Mauritanien Sidi Ould Tah a été élu président de la Banque africaine de développement. L’économiste de 60 ans prend la direction de la prestigieuse institution.
Trois tours de scrutin auront suffit pour départager les cinq candidats. Sidi Ould Tah l’a emporté avec plus de 76,18 % des voix face au Zambien Samuel Maimbo (20,26 %) et au Sénégalais Amadou Hott (3,55 %). Il devient donc le 9e président de la Banque africaine de développement (BAD).
Aux commandes de la Banque Arabe pour le Développement Économique en Afrique (BADEA) depuis 2015, Sidi Ould Tah bénéficie d’une assise institutionnelle et financière qui en a fait le candidat favori. Ancien ministre des Affaires économiques et du Développement de la Mauritanie (2008-2015), il a navigué dans les cercles les plus influents de la finance africaine, et siégé en tant que gouverneur de la Mauritanie à la BAD et à la Banque mondiale.
À la tête de la BADEA depuis 2015, il a redimensionné l’institution, en multipliant son capital par cinq (de 4,2 à 20 milliards de dollars), amélioré et lancé en 2024 un premier eurobond de 500 millions de dollars, un tournant qui a renforcé sa crédibilité auprès des investisseurs. Son profil, qui allie technocratie et expertise financière, a séduit des États soucieux de diversifier les ressources de la BAD, notamment dans un contexte où l’accès au financement devient un enjeu majeur.
Son bilinguisme (français-anglais) et sa maîtrise de l’arabe en font une figure consensuelle capable de naviguer entre les différentes sphères d’influence. Il a ainsi pu recevoir le soutien de nombreux chefs d’Etat africain.
Sidi Ould Tah a su consolider ses relais au sein de la BOAD qu’il a fortement soutenu dans le cadre de son opération d’augmentation de capital, en injectant pas moins de 400 millions $ directement et indirectement dans l’opération.
Son style réservé, loin de l’omniprésence médiatique et du sens du spectacle d’Akinwumi Adesina – toujours en costume rayé et nœud papillon soigneusement ajusté – a rassuré. Là où le président sortant a imposé son empreinte par une communication agressive et un lobbying constant auprès des actionnaires, Sidi Ould Tah privilégie la diplomatie feutrée et les tractations discrètes. Cela lui a réussi pour être élu. Reste à donner à la BAD toute sa dimension pour le développement de l’Afrique.