400 combattants du Hezbollah auraient quitté le Liban pour se redéployer en Amérique latine. Un repli tactique qui entre dans la stratégie du groupe d’essaimage à l’échelle mondiale.
Selon un rapport publié le 16 avril 2025 par la chaîne saoudienne Al Hadath, environ 400 commandants du Hezbollah auraient quitté le Liban pour se redéployer en Amérique latine, dans ce qui apparaît comme une manœuvre stratégique majeure du mouvement chiite. Défaits militairement par Israël et confrontés à une pression croissante du gouvernement libanais en faveur du désarmement, ces cadres opérationnels, dont 200 auraient déjà atteint leur destination, chercheraient à reconfigurer leurs réseaux d’influence loin du théâtre moyen-oriental.
Le président libanais Joseph Aoun, dans une déclaration récente, a en effet affirmé que 2025 serait l’année de la centralisation des armes sous l’autorité de l’État, insistant sur une solution par le dialogue afin d’éviter l’embrasement intérieur. Ce discours, s’il semble modéré, traduit une inflexion politique profonde et laisse entrevoir une recomposition du rapport de force interne au Liban.
Exil en Amérique latine
L’exil de ces commandants vers des pays tels que le Venezuela, le Brésil, la Colombie ou encore l’Équateur, tous marqués par des niveaux de corruption ou de porosité institutionnelle variables, s’inscrit dans une stratégie de repli mais aussi de consolidation. Le Hezbollah ne découvre pas la région : depuis les années 1990, ses réseaux y opèrent dans l’ombre, notamment dans la zone dite de la Triple Frontière, à cheval sur l’Argentine, le Paraguay et le Brésil. Là, les cadres du parti de Dieu ont tissé des liens étroits avec les circuits mafieux locaux, mêlant trafic de drogue, blanchiment d’argent et commerce illicite de devises. L’installation de nouveaux responsables, formés au renseignement et au combat asymétrique, pourrait non seulement renforcer ces circuits, mais aussi offrir à l’organisation une profondeur stratégique en cas d’escalade avec Israël.
Essaimage à l’échelle mondiale
Ce redéploiement intercontinental révèle ainsi une double logique. D’une part, il manifeste un recul tactique face à une pression intérieure et extérieure croissante. D’autre part, il confirme la capacité d’adaptation du Hezbollah, dont la résilience repose en grande partie sur l’essaimage de ses réseaux à l’échelle mondiale. Cette internationalisation n’est pas nouvelle, mais son accélération actuelle, dans un contexte d’instabilité régionale et de montée des tensions globales, pourrait transformer l’Amérique latine en arrière-base logistique et financière de premier plan pour le groupe, au risque d’exporter dans la région une conflictualité d’origine moyen-orientale. Les États concernés, souvent divisés sur la qualification du Hezbollah comme entité terroriste, seront bientôt confrontés à la nécessité de clarifier leur position — entre souveraineté, vulnérabilité et pressions diplomatiques croissantes.