<i class='fa fa-lock' aria-hidden='true'></i> Israël prolonge sa présence militaire au Liban, tensions avec Beyrouth et l’ONU

18 février 2025

Temps de lecture : 4 minutes

Photo : shutterstock_editorial_Israeli_Armaments_Seized_from_15030634a//2412231802

Abonnement Conflits

Israël prolonge sa présence militaire au Liban, tensions avec Beyrouth et l’ONU

par

Malgré l’accord de cessez-le-feu, Israël maintient des troupes dans le sud du Liban, invoquant la menace du Hezbollah. Beyrouth dénonce une « occupation » et saisit l’ONU, tandis que l’Organisation critique un non-respect de la résolution 1701.

Le ministre israélien de la Défense a officialisé mardi le maintien de troupes israéliennes dans « cinq postes de contrôle » dans le sud du Liban, et promis d’agir « de façon coercitive » contre le Hezbollah, après l’expiration du délai pour le retrait des soldats israéliens du Liban.

« À partir d’aujourd’hui, (l’armée israélienne) restera dans une zone tampon au Liban avec cinq postes de contrôle et continuera d’agir de façon coercitive et sans compromis contre toute violation (du cessez-le-feu par le) Hezbollah », a déclaré le ministre, Israël Katz, dans un communiqué.

En vertu de l’accord de cessez-le-feu entré en vigueur le 27 novembre, Israël aurait dû se retirer totalement du Liban plus tôt dans la journée, après avoir déjà retardé la date initialement prévue de son retrait.

« Nous sommes déterminés à garantir une sécurité totale pour toutes les localités du nord » d’Israël, limitrophe du Liban, a souligné M. Katz.

« Le Hezbollah doit se retirer complètement au-delà de la ligne du Litani (fleuve à une trentaine de kilomètres de la frontière israélienne, NDLR), et l’armée libanaise doit appliquer (l’accord) et le désarmer sous la supervision du mécanisme mis en place sous la direction des États-Unis », a ajouté M. Katz, cité dans le communiqué.

L’accord de cessez-le-feu au Liban a été conclu après deux mois de guerre ouverte fin 2024 entre Israël et le mouvement armé pro-iranien Hezbollah, au cours de laquelle les troupes israéliennes ont pris des positions dans le sud du Liban.

Selon les termes de l’accord, Israël était censé avoir achevé le 26 janvier son retrait du sud du Liban, où seuls l’armée libanaise et les Casques bleus de l’ONU devaient être déployés. Le Hezbollah devait y démanteler ses infrastructures et se retirer au nord du fleuve Litani.

L’accord a été conclu sous l’égide des États-Unis et de la France qui sont chargés de veiller à son bon déroulement.

Les forces armées israéliennes « vont rester déployées du côté libanais (de la frontière) en des endroits clef surplombant des localités israéliennes », a déclaré à l’AFP Jonathan Conricus, ancien porte-parole de l’armée israélienne et analyste au cercle de réflexion américain Fondation pour la défense des démocraties (FDD), à propos des cinq postes mentionnés par M. Katz.

« Lorsque les Forces armées libanaises seront entièrement déployées dans tout le sud du Liban (l’armée israélienne) devrait achever son retrait du Liban, à condition que le Hezbollah continue de respecter l’accord » de cessez-le-feu, a-t-il ajouté.

Les forces israéliennes maintiennent leurs opérations au Sud-Liban. Credit:IDF/GPO/SIPA/2411271211

Le Liban dénonce une « occupation »

De son côté, le Liban a déclaré mardi que toute présence israélienne sur son sol constituait une « occupation ».

Dans une déclaration lue après une réunion entre le président de la République, le Premier ministre et le chef du Parlement, la porte-parole de la présidence, Najat Charafeddine, a indiqué que les dirigeants libanais considéraient « toute présence israélienne en territoire libanais comme une occupation ». Elle a ajouté que Beyrouth saisissait le Conseil de sécurité de l’ONU pour « obliger Israël à un retrait immédiat », réaffirmant que l’armée libanaise était prête à remplir son rôle à la frontière avec Israël.

L’ONU critique la décision d’Israël

La réponse de l’ONU ne s’est pas fait attendre. L’Organisation a averti dans la foulée que tout retard dans le retrait israélien du sud du Liban violait la résolution 1701 du Conseil de sécurité ayant servi de base à l’accord de cessez-le-feu.

« Aujourd’hui marque la fin de la période fixée pour le retrait de l’armée israélienne… et le déploiement parallèle des forces armées libanaises sur les positions dans le sud du Liban », ont indiqué l’envoyé de l’ONU au Liban et les Casques bleus dans un communiqué conjoint. « Un autre retard dans ce processus n’est pas ce que nous espérions, d’autant plus qu’il continue de violer la résolution 1701 du Conseil de sécurité de l’ONU » de 2006.

Le Hezbollah n’est pas totalement vaincu

Le mouvement chiite reste encore la principale force armée au Liban, malgré les assassinats ciblés et les opérations israéliennes.

Si l’approvisionnement en munitions est bloqué depuis la chute d’Assad en Syrie en décembre dernier, il est impossible de quantifier ce qu’il reste de missiles antichars et de missiles à courte portée à trajet direct. Ce sont les plus dangereux car ils ne peuvent être interceptés par le Dôme de fer. Pour protéger sa frontière nord, Israël veut donc maintenir une zone tampon d’au moins 5 km de profondeur.

Il est également complexe pour le gouvernement israélien d’avoir confiance dans l’armée libanaise, qui reste encore noyautée par le Hezbollah. La reprise en main de l’institution militaire est l’un des principaux objectifs par le nouveau gouvernement de Joseph Aoun, élu président en janvier.

À lire également

Le Hezbollah, mobilisation et pouvoir : dans les méandres du Parti de Dieu

Israël : frontières mentales et murs anthropologiques

Mots-clefs : , , ,

À propos de l’auteur
Revue Conflits avec AFP

Revue Conflits avec AFP

Voir aussi

L’Arménie et l’Azerbaïdjan concluent un accord de paix

Arménie et Azerbaïdjan se sont entendus sur un traité visant à mettre un terme à la guerre qui sévit entre les deux pays. Un accord qui suscite de l’espoir et des incompréhensions. Le 13 mars 2025, les ministères des Affaires étrangères de l’Arménie et de l’Azerbaïdjan ont déclaré...

La marine chinoise étoffe sa présence dans le Pacifique Sud

La Chine déploie sa flotte dans le Pacifique Sud, ce qui inquiète l’Australie et la Nouvelle-Zélande. Cette rivalité maritime témoigne de la volonté de la Chine d’être de plus en plus présente sur les mers. Face aux Quad et Aucus, la Chine renforce progressivement sa présence maritime...