Le président américain Donald Trump a qualifié jeudi de « grand succès » son entretien avec son homologue chinois Xi Jinping en Corée du Sud, qui a débouché notamment sur des accords concernant le fentanyl et les terres rares. Voici les principaux résultats de cette rencontre.
Fentanyl et droits de douane
Washington impose depuis mars une surtaxe douanière de 20 % sur de nombreux produits chinois, en représailles au contrôle jugé insuffisant de la Chine sur le trafic de fentanyl et d’autres opioïdes vers les États-Unis — ce que conteste Pékin.
Mais après l’entretien de Busan, Donald Trump a annoncé que cette surtaxe serait abaissée à 10 %, ramenant ainsi les droits de douane sur les produits chinois à 47 %.
Xi Jinping « a accepté de tout mettre en œuvre pour endiguer le flux » de cet opioïde mortel, qui a tué des milliers d’Américains, a affirmé M. Trump à bord d’Air Force One. « Je suis convaincu qu’il va tout faire pour stopper ce fléau », a-t-il déclaré.
À lire également : Fentanyl : des États-Unis à l’Europe ? Entretien avec Michel Gandilhon
Terres rares
Pékin et Washington ont conclu un accord d’un an, à renégocier chaque année, sur l’approvisionnement en terres rares.
Pékin avait récemment instauré de nouvelles restrictions sur l’exportation de technologies liées à ces matériaux cruciaux pour l’industrie mondiale, sur lesquels la Chine exerce un quasi-monopole. M. Trump avait riposté en menaçant de surtaxer de 100 % tous les produits chinois.
Finalement, la Chine a annoncé jeudi avoir accepté de suspendre pour un an les restrictions imposées le 9 octobre.
« L’accord concernant les terres rares est désormais conclu, et c’est valable pour le monde entier », a assuré M. Trump. « Il n’y a absolument aucun blocage concernant les terres rares ; j’espère que ce terme disparaîtra de notre vocabulaire pendant un certain temps », a-t-il commenté.
À lire également : L’or invisible : comment les terres rares redessinent l’ordre mondial
Soja : reprise des achats chinois
Donald Trump a assuré que la Chine s’apprêtait à acheter « immédiatement » aux États-Unis des volumes « considérables » de soja et d’autres biens agricoles.
En représailles aux surtaxes douanières américaines liées au fentanyl, la Chine avait imposé ses propres taxes sur les produits agricoles américains et suspendu ses importations de soja des États-Unis, au profit d’autres pays producteurs (Brésil, Argentine, etc.).
Or, le géant asiatique est un débouché crucial : la Chine avait absorbé l’an dernier plus de la moitié des exportations américaines de soja.
La question était critique pour Donald Trump, les agriculteurs représentant un segment électoral clé pour lui.
À lire également : Le soja américain, victime collatérale des tensions sino-américaines
Transport maritime
Selon le ministère chinois du Commerce, Washington a accepté de suspendre pendant un an son enquête menée sur l’industrie navale chinoise — procédure qui avait conduit les deux pays à imposer des taxes douanières visant leurs navires.
Pékin cessera ses « contre-mesures » à l’encontre des navires américains, ajoute-t-il.
À lire également : Rivalité Inde Chine. Une montagne peut-elle soutenir deux tigres ?
Vers un accord énergétique ?
« La Chine a accepté de s’engager sur une procédure d’achat d’énergie américaine. Une transaction d’envergure pourrait avoir lieu concernant l’achat de pétrole et de gaz de l’Alaska », a indiqué M. Trump sur son réseau Social Truth.
« Nos équipes respectives (…) se réuniront afin d’étudier la faisabilité d’un tel accord », a-t-il ajouté.
TikTok
La Chine travaillera avec les États-Unis pour « résoudre de façon appropriée les problèmes liés à TikTok », indique le ministère chinois du Commerce, sans plus de précisions.
L’administration Trump cherche à arracher les opérations américaines des mains de la société mère chinoise de TikTok, ByteDance, au nom de la sécurité nationale. Un décret approuvant le transfert du contrôle de TikTok à un groupe d’investisseurs américains a été signé le mois dernier par M. Trump.
À lire également : TikTok, bataille d’influence autour d’une application
Semi-conducteurs : sujet en suspens ?
Pékin cherche à renforcer son industrie des puces électroniques pour contourner les restrictions à l’exportation imposées par Washington sur plusieurs composants critiques, essentiels à l’intelligence artificielle (IA).
Le directeur général du géant américain des puces Nvidia, Jensen Huang, avait exhorté mardi Washington à autoriser la vente de puces d’IA fabriquées aux États-Unis vers la Chine. Washington interdit à Nvidia d’y exporter ses produits les plus avancés.
Pour sa part, Pékin fait part de préoccupations de sécurité nationale vis-à-vis des produits Nvidia.
« Nous avons effectivement parlé de puces », a déclaré Trump après sa rencontre avec Xi Jinping. Il a ajouté que le patron de Nvidia s’entretiendrait avec Pékin des « possibilités ».
À lire également : Production de semi-conducteurs aux États-Unis : la relocalisation fait face à une pénurie de compétences
Ukraine
« L’Ukraine a été abordée de manière très forte. Nous en avons parlé pendant longtemps, et nous allons tous les deux travailler ensemble pour voir si nous pouvons obtenir quelque chose », a déclaré M. Trump.
Xi Jinping va « nous aider, et nous allons travailler ensemble sur l’Ukraine », a-t-il affirmé. Pékin affirme adopter une position neutre dans le conflit, mais s’est abstenue de condamner l’agression russe.
En revanche, la question sensible de Taïwan, île dont Pékin revendique la souveraineté, « n’a pas été évoquée » dans l’entretien, selon Donald Trump.
À lire également : États-Unis / Taïwan : vers la fin de l’« ambiguïté stratégique » ?












