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Entre grand large et continent, la géopolitique espagnole écartelée

Nicolas Klein De Nicolas Klein
5 février 2020
Dans BAC, Europe, Europe occidentale
8 Minute de lecture
Entre grand large et continent, la géopolitique espagnole écartelée

L'Alhambra de Grenade, dernière possession musulmane dont la reconquête, en 1492, signe la fin de la Reconquista, (c) Pixabay.

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Si l’Histoire a permis à l’Espagne de se maintenir comme un acteur majeur du concert des nations, elle semble être devenue un Etat de second rang en matière de géopolitique. Aux prises avec une économie en posture délicate mais disposant d’une position géographique stratégique, Madrid entend conserver sa position sur la scène internationale et ce, en jouant sur le tableau continental comme maritime. 

Une géopolitique peu évidente

La géopolitique s’occupe généralement peu de l’Espagne, pays périphérique dans le grand ensemble eurasiatique, considéré comme secondaire en raison de la taille modeste de ses forces armées (1) et de ses interventions apparemment limitées dans la diplomatie mondiale. Il faut aussi reconnaître que, ces dernières années, notre voisin ibérique est empêtré dans des crises internes d’ordre économique (éclatement de la bulle immobilière en 2008) et institutionnel (séparatisme catalan, blocage parlementaire).

Les observateurs déplorent la vacuité de la vision stratégique du pays et le manque d’expertise des présidents du gouvernement successifs en matière de politique étrangère (2). Dans son ensemble, l’Espagne donne l’impression de n’avoir aucune véritable diplomatie d’ampleur mondiale, active et consciente de ses intérêts géopolitiques. Il en va de même dans le domaine militaire (3).

 

Un retour timide

S’il est exact qu’il manque à notre voisin pyrénéen une définition de sa place dans le monde, il faut également admettre qu’il tente ces derniers mois de faire son retour sur la scène planétaire, notamment en Amérique latine – son espace d’expansion « naturelle »(4). L’ancien ministre des Affaires étrangères, de l’Union européenne et de la Coopération, Josep Borrell (devenu haut représentant de l’Union pour les Affaires étrangères et la Politique de Sécurité), avait déjà entamé une nouvelle phase de redéploiement diplomatique avec l’augmentation du nombre de consulats espagnols dans le monde (5). Sur le plan européen, outre Borrell, le président du gouvernement Pedro Sánchez veut donner plus de poids à son pays en promouvant la candidature de sa troisième vice-présidente en charge de l’Économie, Nadia Calviño, au poste de présidente de l’Eurogroupe (6).

D’un point de vue plus strictement géopolitique, cette double orientation espagnole – l’Europe et l’Amérique latine – traduit les tensions qui existent depuis des siècles outre-Pyrénées entre deux directions : la terre ferme ou le grand large. Ce questionnement est celui d’une « grande puissance moyenne » dont la projection internationale est supérieure à ce que beaucoup imaginent (7) et qui se trouve à la charnière de plusieurs mondes, à la fois par l’histoire et la géographie : Afrique et univers arabo-musulman, espace européen, Nouveau Monde.

Avec 47 millions d’habitants (8), un territoire de 505 000 kilomètres carrés (soit le deuxième pays le plus vaste de l’Union européenne), une présence de l’autre côté de la Méditerranée (îles Canaries, villes autonomes de Ceuta et Melilla, places de souveraineté), une double façade maritime stratégique (en Europe, seule la France dispose véritablement du même atout) et une place capitale au niveau du détroit de Gibraltar, notre voisin ibérique est loin d’être dénué de toute présence mondiale (9).

A lire aussi: La monarchie espagnole entre deux eaux

La cohérence aux abonnés absents

Pourtant, les Espagnols semblent se désintéresser de la politique internationale et de la géostratégie. Selon une enquête d’opinion menée en 2018, 59 % des personnes sondées disaient se passionner peu, voire pas du tout pour les affaires étrangères. L’histoire de leur nation au cours des derniers siècles explique ce manque d’intérêt, notamment en raison de la marginalisation de l’Espagne sur la scène européenne après l’invasion napoléonienne (1808-1814) et de la longueur de la dictature franquiste (1939-1975). Cette dernière a en effet poussé nombre de nos voisins ibériques à ne pas se mêler de politique pour éviter tout problème avec le régime.

La complexité de la politique intérieure espagnole ainsi que l’attachement de nombreux citoyens aussi bien à leur patria chica (« petite patrie », c’est-à-dire la région d’origine) qu’à leur patria grande (« grande patrie », l’Espagne dans son ensemble) donnent également des clefs pour comprendre le caractère parfois « provincial » (ce que l’on appelle aldeanismo de l’autre côté des Pyrénées) de la nation espagnole (10).

Les Espagnols ne sont guère aidés en ce sens par leurs dirigeants, dont la pusillanimité, l’inconstance et l’inculture débouchent sur une absence de sens de l’État et des embardées en matière de géopolitique et de politique internationale. Chaque nouveau président du gouvernement cherche à défaire ce que son prédécesseur a fait (11), proposant des projets vagues et chimériques qui se fondent davantage sur des pétitions de principe iréniques que sur de vraies considérations géostratégiques. Ces dernières années, l’exécutif espagnol a même dû composer avec une politique parallèle menée par l’ancien président du gouvernement José Luis Rodríguez Zapatero au Venezuela, ce qui a profondément contribué à brouiller les lignes. Les tensions diplomatiques ne manquent pourtant jamais de se rappeler au bon souvenir de Madrid, comme l’ont récemment démontré les velléités marocaines sur des richesses sous-marines situées au large des Canaries (12).

A lire aussi: Une nation sans récit. L’Espagne empêtrée dans la (re)lecture de son histoire

Le grand large

Comme nous le signalions précédemment, il existe deux grandes orientations historiques de la géopolitique espagnole : une « voie européenne », qui triomphe depuis 1975 ; et une « voie ibérique », dont les regards se portent plutôt vers l’expansion ultramarine, en Afrique du Nord et en Amérique. L’histoire espagnole, faite d’une longue occupation arabo-berbère (711-1492), d’une conquête de terres au-delà de Gibraltar et d’une colonisation de la majeure partie du continent américain ainsi que de plusieurs archipels asiatiques (1492-1898), a longtemps poussé notre voisin dans ce dernier sens. La thalassocratie espagnole est même plus ancienne, puisqu’elle remonte au moins à la politique de la Couronne d’Aragon en Méditerranée, avec la reconquête de Majorque (1229) et l’appropriation de la Sardaigne, de la Corse, de la Sicile, du Sud de la péninsule Italique et de la Grèce.

De son côté, la Castille met les voiles vers les îles Canaries en 1488 afin de rattraper le retard qu’elle a sur le Portugal. Rendu public à sa mort, le testament d’Isabelle la Catholique (1474-1504) est très clair : il faut que ses successeurs « n’abandonnent pas la conquête de l’Afrique et la lutte pour la foi contre les infidèles ». C’est justement ce que fait son ancien confesseur, Francisco Jiménez de Cisneros, en s’emparant de Melilla (1497) puis de Tripoli, Oran et Bejaïa.

La poursuite d’objectifs liés à l’Afrique du Nord (grande priorité d’un homme comme Francisco de Aldana) ainsi qu’à l’Amérique et à l’Asie-Pacifique n’est pas contredite frontalement par l’arrivée sur le trône espagnol des Habsbourgs en la personne de Charles Quint (1516-1556). Ce dernier va en revanche subordonner l’exploitation des richesses coloniales à sa politique militaire européenne et à la consolidation du pouvoir de sa famille.

C’est précisément pour ce faire que l’Espagne renforce sa maîtrise des réseaux maritimes en organisant de nombreux itinéraires logistiques très aboutis pour l’époque, comme la Carrera de Indias (itinéraire suivi par les galions espagnols entre Séville et l’Amérique) ou le Tornaviaje (voyage de retour entre les Philippines et l’actuel Mexique). L’essentiel de la puissance espagnole repose sur la domination sur le rimland et le « croissant extérieur » (pour reprendre la terminologie de Nicholas Spykman).

Au xixe siècle, afin de sécuriser le détroit de Gibraltar et de participer à la course aux colonies africaines, notre voisin pyrénéen reprend son expansion marocaine sous la férule du général Leopoldo O’Donnell, puis au début du siècle suivant, avec l’appui de la France. À l’époque contemporaine, les historiens espagnols, dans le sillage de Jaime Vicens Vives, rappellent que le « sceptre des mers » a longtemps été dans les mains de leur nation, qui a toujours eu une vocation océanique plus que continentale.

A lire aussi: Entretien-Portugal : le pays archipel cultive son jardin

L’erreur continentale

Dans ce contexte, il semble que le choix de la construction européenne soit une grave erreur géopolitique. Situé à 1 200 kilomètres de Paris, 1 500 kilomètres de Bruxelles, 1 700 kilomètres de Londres, 1 800 kilomètres de Francfort-sur-le-Main et 2 300 kilomètres de Berlin, le centre de la péninsule Ibérique, où se situe la capitale espagnole, est en effet excentré dans cet ensemble géopolitique. L’Espagne représente une forme d’excroissance périphérique, placée au Sud-Ouest de l’Union européenne.

À l’heure actuelle, l’Espagne continue de dépendre en grande partie de la maîtrise des mers, que ce soit pour ses approvisionnements en hydrocarbures, ses exportations ou la sécurisation des grands détroits (Gibraltar, Ormuz, Bab-el-Mandeb, Malacca). Il s’agit d’une constante qu’évoquait le penseur traditionaliste Juan Vázquez de Mella dans le cadre de ses « trois dogmes nationaux » (maîtrise de Gibraltar, fédération avec le Portugal et alliance étroite avec l’Amérique latine).

Dans ce dernier domaine, les liens avec le monde hispanophone (et lusophone) de l’autre côté de l’océan Atlantique restent cruciaux au xxie siècle. Véritable hub européen vers le Nouveau Monde, Madrid est très lié au monde américain dans de nombreux secteurs (13). La formidable expansion de la langue espagnole à partir des années 1970 donne à notre voisin ibérique un soft power inédit dans la géopolitique mondiale, ce qui explique sa participation en tant que membre observateur à l’Alliance du Pacifique (mécanisme d’intégration latino-américaine regroupant la Colombie, le Chili, le Mexique et le Pérou, résolument tournée vers l’Extrême-Orient) (14).

C’est ce potentiel que doit aujourd’hui prendre en compte l’Espagne si elle veut développer une géostratégie cohérente avec son histoire et son identité (15). Peut-être la remise en cause de l’Union européenne par le Brexit l’y aidera-t-elle.

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Tags: EspagneEuropeOcéan
Nicolas Klein

Nicolas Klein

Nicolas Klein est agrégé d'espagnol et ancien élève de l'ENS Lyon. Il est professeur en classes préparatoires. Il est l'auteur de Rupture de ban - L'Espagne face à la crise (Perspectives libres, 2017) et de la traduction d'Al-Andalus: l'invention d'un mythe - La réalité historique de l'Espagne des trois cultures, de Serafín Fanjul (L'Artilleur, 2017).

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Commentaires 3

  1. Ping : Diplomatic reconquest of Spain in Latin America | MbS News
  2. Ping : Reconquista diplomatique de l’Espagne en Amérique latine - Un Sujet
  3. Norbert Wach says:
    Il y a 8 mois

    article très intéressant et visiblement bien documenté, qui donne envie d’en savoir plus sur les historiens espagnols influencés par « l’école d’Oviedo ».

    Répondre

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