Ukraine : peut-on encore sortir de l’engrenage mortifère ?

8 mars 2022

Temps de lecture : 11 minutes
Photo : Discussing the Ukraine crisis during a video-conference at the Elysee Palace in Paris, Tuesday, March 8, 2022. (Benoit Tessier/Pool via AP)/PAR104/22067345465729/31654490/2203081040
Abonnement Conflits
Abonnement Conflits

Ukraine : peut-on encore sortir de l’engrenage mortifère ?

par

Comment sortir de la guerre en Ukraine ? L’ambassadeur Eugène Berg esquisse ici quelques pistes diplomatiques qui pourraient ouvrir les voies à une négociation et donc à l’établissement de la paix en Europe.

J’avais écrit en décembre un article avant que ne s’engageât le cycle de négociations entre les États-Unis, l’OTAN et la Russie . J’y esquissais un plan global de sortie de la crise par le haut, étalé sur cinq à dix ans, de nature à instaurer un ordre de paix, de stabilité et de coopération en Europe. Ces belles et généreuses idées ont volé en éclats, entre la nuit du 21 février et le matin du 24. À l’heure où je reprends ce texte, en le modifiant considérablement, nul ne peut dire quel sera le sort des armes et ne peut répondre à la question, que tout le monde se pose : où s’arrêtera Poutine ? Pourtant, tôt ou tard, mieux vaut tôt afin d’éviter des milliers de victimes et des destructions massives en Ukraine, viendra le temps de la négociation, à défaut de la réconciliation, qui elle nécessitera de longues années de patience et de bonne volonté réciproque.

Chronique d’une guerre annoncée  

« Pendant des semaines à partir de la Toussaint, une menace  a plané sur le continent . Celle de la volonté de Vladimir Poutine d’intervenir militairement en Ukraine, qu’il n’avait pas explicitement écartée, lors de sa rencontre annuelle avec la presse du 23 décembre. Il n’a cessé de faire dépendre sa décision des assurances juridiques précises que devaient lui apporter les États -Unis et l’OTAN, l’Europe. Peu de pays en dehors des États -unis , relayés par la Grande-Bretagne, n’ont pris  au sérieux l’imminence de la menace. Était-ce du bluff ou simple volonté de se faire entendre ? Était-ce une manifestation des conflits hybrides, devenus la monnaie courante de la stratégie contemporaine, au point d’épaissir encore le « brouillard de la guerre ». Tout ceci, au début de la séquence ouverte fin octobre, avec la venue d’un fort contingent de forces russes aux frontières de l’Ukraine a élevé la température des relations entre la Russie et l’Occident à un niveau que l’on n’avait pas connu depuis la « révolution « du Maïdan, l’incorporation de la Crimée à la Russie et le train de sanctions qui s’en sont ensuivies. Mais avouons-le chacun d’entre nous, en son for intérieur ne croyait pas, n’envisageait pas que la guerre fût possible, cette fois -ci à quatre ou cinq étapes du tour de France de Strasbourg . Depuis un climat de « nouvelle guerre froide » nous a imprégnés chaque jour davantage au point que certains commentaires, ici et là, ont évoqué, une nouvelle crise des missiles, analogue à celle d’octobre 1962 à Cuba.

Comment établir un dialogue ?

Puisque que le dialogue n’a pas été possible on  pourra s’interroger sur les responsabilités des diverses parties impliquées ,puisque les chiens de la guerre ont été lâchés, le 24 février nous voilà aspirés dans un conflit, dont ni les objectifs, ni encore moins l’issue n’apparaissent vraiment clairs. On doit donc s’interroger , au-delà de la légitime émotion que nous éprouvons à l’égard de l’héroïsme du peuple ukrainien, comme du peuple russe qui ,ne sortira pas indemne de ce conflit fratricide, s’il sera possible, un jour dans un avenir certes lointain de parvenir à un apaisement avant d’espérer l’instauration d’un nouveau climat de détente. Pour le moment, il n’existe aucun mécanisme de déconfliction avec les belligérants. On ne voit pas encore se profiler la silhouette d’un médiateur crédible, l’offre de bons offices, proposée avec précautions par le Premier ministre de l’ État hébreu, Nafatali Bennet, n’ayant soulevé aucun espoir. On ne voit pas, à ce stade, le rôle que pourrait jouer la Chine, de XI Jiping, le ministre des Affaires étrangères ayant récemment réaffirmé que l’amitié entre la Russie et la Chine était « solide comme un roc ». Mais peut -être que cette rhétorique pourrait s’atténuer comme l’indiquerait la visioconférence Macron – XI Jiping- Scholz, du matin du 8 mars. De même le Vatican pourrait servir de lien comme il l’ a fait en octobre 1962.

A lire aussi : Éclatement et reconstruction de la Russie depuis 1991. Jean-Robert Raviot

Tout dépendra comme nous devrions le voir plus clairement dans les jours à venir, des objectifs ultimes du maître du Kremlin. S’il ne s’agit que d’obtenir, des garanties solides de sécurité, de voir entérinées l’appartenance de la Crimée à la Russie, l’indépendance du Donbass, comme un statut de neutralité de l’ Ukraine, la marge de négociation, bien que réduite, reste envisageable. Elle reste une option à privilégier plutôt que poursuivre sur la voie de gigantesques destructions matérielles et de pertes humaines. Si en revanche ; comme en sont persuadés bon nombre d’analystes, ce qui reste à prouver, l’objectif de Vladimir Poutine, qualifié de nouvel Ivan le Terrible est de restaurer l’Empire en absorbant au passage la Transnistrie ou même les pays baltes, les perspectives de dialogue seraient réduites à zéro . J’ose espérer que cette option ne prévaudra pas sans quoi cet article perdrait tout son sens. Mais est-il interdit d’espérer et sommes-nous condamnés à désespérer ?

Instaurer un nouveau climat de déconfliction puis à terme de détente : un objectif devenu impossible ?

C’est précisément  le dialogue, qu’il convenait de s’efforcer de restaurer et de nourrir au début de la crise , à l’automne en se saisissant de la question ukrainienne. Cela s’est avéré impossible, voire bien utopique. Il paraît inutile de disserter ici sur les responsabilités des uns et des autres qui ont mené à cet enchaînement infernal. Pourtant aux tout premiers jours de l’année 2022, il semblait que toutes les voies du dialogue n’avaient pas été épuisées, et que peut-être avec plus de détermination et de volonté, on aurait pu éviter l’engrenage vers la guerre. Je reste persuadé pour ma part, sans pouvoir apporter de preuves concrètes que deux à trois mois de plus de négociations auraient pu nous épargner le désastre actuel . Seuls les mémorialistes et les historiens du futur permettront de dire si Vladimir Poutine voulait en venir aux actes dès novembre, et qu’il n’a utilisé que fort habilement le paravent des pseudo négociations pour fourbir ses armes, ou si, excédé par l’absence de prise en considération de ses « exigences « clairement exprimées et dûment consignées le 17 décembre sous la forme de deux traités de 9 articles ; il a perdu patience. Ici on entre dans le domaine des supputations, comme de la caractérologie, si utiles soient-elles, doit cependant  être employée avec la plus extrême précaution.

Il est bien tard aujourd’hui de proclamer comme l’a fait l’empereur Guillaume II, au lendemain de la défaite de l’Allemagne, en 1918, » Ich habe das nicht gewolt « Je n’ai pas voulu cela ». Pourtant force est bien de constater que l’on a perdu une belle occasion de jeter les premières bases d’ un ordre de paix et de stabilité en Europe, un horizon qui, aujourd’hui s’éloigne davantage de nos consciences et de nos espoirs.

À la recherche d’un nouvel ordre européen

Il s’agira bien pourtant cette fois, au-delà de l’actuelle guerre d’envisager la mise en place d’un ordre européen continental, d’une architecture européenne de l’Atlantique à l’Oural, d’une sorte de nouvelle Maison commune rénovée, comme l’avaient envisagé Mikhaïl Gorbatchev et François Mitterrand, en 1990. La tâche demeurait encore envisageable, sinon possible à l’automne si on s’était saisi de bonne foi et avec la volonté de progresser de la question ukrainienne, nœud gordien qu’il s’agissait de trancher, après ces huit années de guerre civile dans le Donbass. On savait bien que faute d’appliquer les accords de Minsk II, comme le rappelait avec insistance la diplomatie russe nous risquions bien d’être entraînés dans une nouvelle spirale de tensions, de montées des dépenses militaires, de régression, pour des décades. C’était d’ailleurs le sens de la manœuvre russe qui bien au-delà des bruits de bottes ne se bornait pas à obtenir uniquement des garanties quant à sa sécurité, mais à établir un nouveau régime de confiance, visant à écarter la recherche de la suprématie par la force. Tel ne fut pas le cours qu’ont pris les choses. Dans son article, publié le 12 juillet dernier sur le site du Kremlin, Vladimir Poutine, tout en démontrant que le peuple russe et peuple ukrainien ne faisaient qu’un et que l’avenir de l’Ukraine était lié intimement à celui de la Russie, concluait que le destin de l’Ukraine serait décidé par elle seule. A-t-on vraiment saisi cette occasion, comme la possibilité, un moment envisagé par Volodymir Zelenski de recourir à un referendum à Donetsk et à Louhansk pour appliquer enfin la totalité des clauses des accords de Minsk II, du 12 février 2015. Certainement on ne lui en pas donné les moyens. En s’orientant dans cette direction, nous aurions peut-être évité le pire . Le résultat on le connaît, les républiques autoproclamées de Donetsk et de Louhansk ont proclamé leur indépendance, le 21 février, immédiatement reconnue par la Russie, qui dans la foulée a signé des accords de coopération et de défense; lui permettant désormais d’introduire des forces armées sur leur territoire ; lesquels devaient s’étendre aux limites administratives vers de ces deux oblasts. On aurait pu croire et espérer qu’à ce stade la revendication des deux républiques, serait de récupérer la totalité du territoire des deux oblasts. Et Vladimir Poutine , interrogé le 22 sur la délimitation des frontières assura qu’elles seraient fixées par la négociation. Mais visiblement demain c’était trop tard comme l’affirmait Talleyrand.

A lire aussi : Russie : un réveil mémoriel des crimes de guerre japonais au service d’un rapprochement avec la Chine ?

Puis ce fut la guerre, le 24 février, au matin. Un choc, une surprise, une sidération. Devait -elle être fraîche et légère, courte et décisive. Quels étaient surtout ses buts, et qu’entendre dans le fond par les termes « dénazification et démilitarisation de l’Ukraine « ? S’agit-il de décapiter purement et simplement le gouvernement actuel de Kiev et d’installer un gouvernement vassal à sa place ou de le forcer à reconnaître l’indépendance du Donbass, le caractère définitif du rattachement de la Crimée à la Russie, et de proclamer sa neutralité perpétuelle ? Il y a encore une mince nuance entre ces deux options et c’est bien cette maigre lucarne, qui s’amoindrit chaque jour qu’il convient d’utiliser d’où le lien maintenu avec le président russe par Emmanuel Macron ou Olaf Scholtz ou d’autres dirigeants. En attendant que le sort des armes n’en décide, avec tout son cortège de milliers de victimes, et de millions de réfugiés, l’Occident élargi devrait garder sa détermination et son calme. Ne pas faire croire qu’il est en faveur d’un changement de régime à Moscou, ne pas dire, comme on l’a dit que l’on veut détruire économiquement la Russie, ne pas impliquer l’OTAN dans le conflit, ce qui se traduit par le refus d’y instaurer une « no fly zone ». Ne pas franchir certaines lignes qui pousserait Poutine à recourir au nucléaire dit tactique ou de théâtre,[1] telle est l’étroite ligne de crête qui s’amincit au fur et à mesure que les combats sur le terrain s’intensifient.. Or force est de constater que les diverses rencontres (entretiens américano-russe du 10 janvier à Genève, rencontre OTAN – Russie le 12 janvier à Bruxelles dans le cadre du Conseil de coopération créée en 2002, conversations du 13 janvier de Vienne au sein de l’OSCE) n’ont abouti à rien. Tout donc devra être repris pratiquement de zéro, pour réduire les souffrances et les destructions, pour ne pas éteindre les flammes de l’espoir, pour préserver l’avenir, pour ne pas instaurer une nouvelle et profonde coupure entre la Russie, sa société, sa jeunesse d’avec l’Europe, à laquelle elle se rattache, encore. La Russie est certes une puissance eurasiatique, mais est-ce notre intérêt, est- ce le sien d’être repoussée vers l’Asie.

Retrouver le chemin d’un nouveau dialogue sur la sécurité en Europe

En premier lieu, il s’agira, espérons que cela n’exigera pas de longs mois, de mettre fin aux combats, de conclure un armistice, ne serait-ce que provisoire . Si cette première étape pouvait être atteinte, il serait utile de décider d’un commun accord à instaurer des mesures de confiance significatives et vérifiables, autour de quelques points clefs. Cela passe par l’établissement de réels couloirs humanitaires, la préservation du système hospitalier, la mise sur pied de solides mécanismes de déconfliction. Les Occidentaux, s’engageant à geler tout envoi d’armes supplémentaires à l’Ukraine ni a fortiori des missiles ou tout autre type d’autres armes jugées « offensives », option que Joe Biden avait faite sienne en faisant valoir que les États-Unis ne déploieraient pas d’armes visant la Russie à partir du territoire ukrainien. Ceci a volé en éclats, mais devait être remis rapidement à l’ordre du jour, dès que possible. De son côté la Russie devrait geler ses opérations militaires, retirer par étapes ses forces, afin d’instaurer une atmosphère propice à des négociations. Ces dispositions devant être vérifiées par l’OSCE dont les effectifs actuels à la frontière russo-ukrainienne devraient être notablement renforcés, ce qui ne sera pas aisé. Ces discussions, une fois défini le futur statut de l’Ukraine, devraient aboutir dans un délai , de dix-huit mois à deux ans à la conclusion d’un pacte de non-agression 2.0 entre Russie et OTAN, Russie et États-Unis. L’OSCE et des commissions mixtes d’observateurs seraient chargées de veiller à la stricte application de ces « mesures visant à instaurer la confiance ».

Quelle Ukraine pour demain ?

Le sort des régions «autoproclamées» de Lougansk et Donetz , aurait dû faire l’objet de discussions de fond dans un cadre approprié, du type 2 +4 qui a conduit à la réunification allemande : gouvernement ukrainien et représentants des territoires russophones sous l’égide du groupe, Russie, États-Unis, France, Allemagne, Pologne, avec l’éventuelle « bénédiction » de l’UE et de l’ONU, en appui au  format dit de Normandie (N4). Ces négociations devaient être accompagnées, précédées, ou suivies sous des auspices appropriés par des séries de contacts, entretiens, échanges entre Moscou et Kiev et entre les responsables ukrainiens et les délégués de LNR et de DNR, sous forme d’entretiens indirects ou directs. Toutes ces bonnes intentions étant passées à la trappe, la seule question qui demeure est de savoir s’ils peuvent être des États associés à la Russie ou s’y incorporer comme nouveaux sujets de la Fédération. Kiev s’y résoudra -t-il ? Pouvons-nous, voulons nous l’encourager à opérer ces révisions déchirantes ? Faute de quoi nous nous embarquerions pour une nouvelle guerre froide, différente de la première, car cette fois-ci nos économies sont assez étroitement connectées , au moins pour quelques lustres. Or force est de constater qu’il n’existe pas encore de position claire sur ce point tant en Ukraine que dans l’ Occident élargi, et qu’aucun débat serein n’est possible dans les circonstances dramatiques actuelles.

Si l’on se place dans l’optique minimale à savoir le maintien d’un État indépendant, souverain, même avec des territoires diminués, se posera à plus ou moins brève échéance, la question de son statut et de ses appartenances. Si l’appartenance de la Crimée était reconnue et l’indépendance du Donbass acquise, implicitement ou explicitement, en échange , Moscou devrait lever, ses réticences à l’égard d’une entrée de l’Ukraine (comme de la Géorgie, et de la Moldavie, comme celles -ci viennent d’en formuler le souhait) au sein de l’UE, dont les structures et les modalités de prise de décision mériteraient d’être repensées. Dans l’intervalle, un statut renforcé de pays associé, donnerait un signal aux sociétés civiles, aux investisseurs d’un ancrage durable dans le processus européen. Car il semble douteux que dans les conditions actuelles, et dans un délai raisonnable, l’UE puisse tout simplement « absorber » l’Ukraine. En parallèle, un statut associé de l’Ukraine au sein de l’Union économique eurasiatique devrait être aménagé ou au moins étudié, comme Moscou l’avait préconisé, en novembre 2013. Le net refus opposé par MM Von Rompuy et Barroso est bien l’une des causes de la crise qui s’est emparée de l’Ukraine à compter de la « révolution » de Maidan.

A lire aussi : L’armée russe : la gardienne de la « forteresse Russie »

Espérons que l’Ukraine, une fois les plaies apaisées, ce qui sera un processus lent et périlleux puisse un jour servir de pont entre l’Europe et la Fédération de Russie et non de mur ou de terrain d’affrontement, comme aurait pu l’être la Tchécoslovaquie d’avant le coup de Prague de février 1948, lequel a fait basculer le vieux continent puis le monde dans la guerre froide. Dans le cas contraire nous , c’est-à-dire toutes les nations européennes, pourrions bien être entraînés vers une séparation durable entre les deux Europe, celle catholique et protestante à l’ouest et la Slave orthodoxe à l’est, une ligne de fracture certes millénaire ; mais doit-elle demeurer irrémédiable

Si à force de patience, d’habileté et de courage on parviendrait à emprunter une telle voie, ce qui exigera un délai de plusieurs années, un accord chapeau UE – Fédération russe couronnerait ce compromis «historique », instituant un espace économique commun, entre l’UE et l’UEEA, ce qui avait été envisagé fin 2013, mais repoussé sans examen, par Bruxelles, ce qui a été l’une des causes du déclenchement des événements ukrainiens. De leur côté, l’UE, les États-Unis, et d’autres pays s’engageraient, comme couronnement de ce processus, à reconnaître le statut actuel de la Crimée, de lever leurs sanctions, et à terme les visas, les obstacles aux investissements, etc. Une telle perspective serait de nature à assurer aux pays de la « troisième Europe » une prospérité accrue, une plus grande liberté de mouvement, d’expression et d’établissement. À l’Europe, en tant que civilisation, espace commun, héritière d’un riche passé, mais qui doute de son avenir de relever ce défi, si elle ne veut pas disparaître de l’histoire. Elle le peut, mais le veut -elle ?

N’éteignons pas la flammèche de l’espérance

« Le temps est court, l’art est long, l’occasion est difficile »

Ce premier aphorisme d’Hippocrate qui définit le kirs, le moment décisif de l’action, s’applique à la période actuelle de véritable tournant historique. On espérait, que l’année 2022, soixante ans après la crise des missiles de Cuba, pût être , celle de l’amorce d’une nouvelle détente et de l’instauration d’une nouvelle ère. Non pas d’un nouveau Yalta, mais d’une nouvelle Charte sur la sécurité européenne dépassant celle proclamée en novembre 1990, avenue Kléber ,à Paris. Pour le moment et tant que les armes ne se sont pas tues, les plaies pansées, les cœurs apaisés, ces perspectives paraissent bien illusoires. Mais y a -t-il sincèrement d’autres voies ? Devons-nous poursuivre éternellement la guerre civile européenne ? Manquons-nous de grands hommes pour accomplir cette tâche titanesque  et mettre fin à cette crise, la plus grave qui a surgi sur le continent européen depuis 1945. Le chemin sera long, périlleux, beaucoup de larmes et de sang seront répandus. Nous devons l’emprunter ensemble, dès que cela sera rendu possible et souhaitable.

[1]Les missiles tactiques SS-26 (Iskander) dont la portée est de 350 km, équiperaient 12 brigades à 12 lanceurs chacune (2 missiles par lanceurs).

A lire aussi : Sanctions contre la Russie : danger pour la zone euro

Mots-clefs : , ,

À propos de l’auteur
Eugène Berg

Eugène Berg

Eugène Berg est diplomate et essayiste. Il a été ambassadeur de France aux îles Fidji et dans le Pacifique et il a occupé de nombreuses représentations diplomatiques.
La Lettre Conflits
3 fois par semaine

La newsletter de Conflits

Voir aussi

Pin It on Pinterest