Full metal jacket : la guerre est une histoire d’Homme

23 juillet 2023

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Full metal jacket : la guerre est une histoire d’Homme

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Des films de guerre, il y en a beaucoup. Mais celui-là, c’est celui de Stanley Kubrick. Full metal jacket est en réalité composé de deux demi-films. Le premier, qui relate la formation militaire des engagés est passé dans la mémoire collective. Au point d’éclipser le second, qui se déroule au Vietnam, et traite pourtant le cœur du sujet, à savoir la guerre.

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Tout cinéphile qui se respecte connaît au moins une citation du sergent Hartman. L’une d’entre elles « Si vous survivez à mon instruction, vous deviendrez une arme, vous deviendrez un prêtre de la mort implorant la guerre » résume bien le sens de la formation militaire que doivent subir les recrues, dont tout le monde connaît le surnom, de Guignol à Grosse Baleine, en passant par Blanche-Neige et Cow-Boy. En tout cas, en montrant le parcours des soldats de la formation initiale jusqu’au front, le film relate une guerre menée par des Hommes et non des héros.

Ces répliques qui donnent le rythme du film ont été pour la plupart écrites par Ronald Lee Ermey en personne. Cet ancien Marine, d’abord recruté comme consultant technique, impressionne tellement le réalisateur qu’il est rapidement promu acteur, et reçoit même carte blanche pour faire évoluer les dialogues. Sa montée en puissance est telle qu’il finit par devenir l’icône du film, jusqu’à en être la cause de cette dissymétrie entre la première et la seconde partie.

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Il s’agit de l’avant-dernier film de Stanley Kubrick, qui sort 7 ans après Shining et 12 ans avant Eyes Wide Shut. Stanley Kubrick expose la violence pour mieux la dénoncer, thème récurrent dans son œuvre, à commencer par Orange Mécanique. S’il avait déjà traité du sujet de la guerre dans Les sentiers de la gloire, il s’attaque cette fois-ci à un conflit du Vietnam déjà scruté sous toutes les coutures par le cinéma avec Apocalypse Now, Rambo I et II, Platoon, ainsi que Good Morning Vietnam qui sort la même année.

Et la violence est bel et bien l’un des fils conducteurs du film. Celle qui conduit l’engagé Grosse Baleine à commettre l’acte irréparable qui vient mettre fin brutalement à la première partie. La même violence que l’on retrouve sur le champ de bataille, et qui finit par prendre le dessus malgré l’image lissée que cherche à donner à la machine de communication américaine, à laquelle l’engagé Guignol participe en tant que correspondant de guerre.

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Ce film reste plus que jamais d’actualité, alors que les États-Unis sont sortis d’un cycle de guerres qui s’est soldé par le retrait d’Afghanistan, dans des conditions analogues à celui du Vietnam, tandis que la Russie s’est de nouveau engagée dans un conflit où elle risque l’enlisement. À chaque fois, l’une des limites majeures à l’efficacité des armées des plus grandes puissances reste l’usure des Hommes envoyés combattre dans des conflits, dont le coût en la matière peut finir par excéder largement l’intérêt qu’elles en retirent. De 1975 à 2023, les progrès technologiques n’ont rien changé à l’affaire : la guerre reste une histoire d’Hommes.

À propos de l’auteur
Jean-Yves Bouffet

Jean-Yves Bouffet

Officier de la marine marchande.
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