<i class='fa fa-lock' aria-hidden='true'></i> L’accord technologique entre les États-Unis et l’Inde pour nuire à la Chine

15 mars 2023

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L’accord technologique entre les États-Unis et l’Inde pour nuire à la Chine

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Un nouveau pacte américano-indien sur le développement des semi-conducteurs, de l’intelligence artificielle et des télécommunications a touché une corde sensible à Pékin. Alors que l’Inde est apparue comme un bénéficiaire du réalignement de la chaîne d’approvisionnement mondiale, les bureaucraties pourraient limiter l’efficacité de son accord avec Washington.

Un article de Ben Jiang pour le South China Morning Post. Traduction de Conflits

Selon les analystes, un nouveau partenariat entre les États-Unis et l’Inde – visant notamment les semi-conducteurs, l’intelligence artificielle et les télécommunications – pourrait accélérer le réalignement des chaînes d’approvisionnement mondiales au détriment des intérêts de la Chine.

Les détails de l’initiative américano-indienne sur les technologies critiques et émergentes (iCET), publiés mardi dernier, incluent également une coopération prévue dans l’informatique quantique et la défense.

Bien que la Chine ne soit pas mentionnée dans le document, l’accord entre Washington et New Delhi est considéré comme faisant partie des efforts américains visant à limiter le rôle de la deuxième plus grande économie du monde dans les chaînes d’approvisionnement mondiales.

Les semi-conducteurs, corde sensible de l’orchestre rouge

Cette collaboration a touché une corde sensible à Pékin, où les responsables ont manifesté une inquiétude croissante face à la volonté des États-Unis de découpler l’économie et la technologie de la Chine.

Depuis la semaine dernière, le Quotidien du Peuple a publié trois articles d’opinion écrits par Zhong Sheng, un nom de plume représentant la position officielle du porte-parole du Parti communiste chinois, accusant les États-Unis d’exercer leur influence sur les alliés pour créer des cliques et entraver le développement de la Chine. Les articles ne mentionnaient pas directement l’Inde.

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L’intention de Washington de travailler plus étroitement sur les fronts économique et technologique avec l’Inde, qui, selon certaines estimations, a déjà remplacé la Chine en tant que pays le plus peuplé du monde, contraste fortement avec sa méfiance à l’égard de la Chine.

Alors que les États-Unis ont pris des mesures pour contenir l’avancée de la Chine dans le domaine des semi-conducteurs afin de protéger la sécurité nationale, ils se sont engagés à soutenir le « développement d’un écosystème de conception, de fabrication et de production de semi-conducteurs en Inde » et à aider la nation d’Asie du Sud à développer une « main-d’œuvre qualifiée » afin de jouer un rôle plus important dans l’industrie mondiale des puces – un développement qui, selon les analystes, peut affaiblir la position de la Chine.

En « faisant appel à l’Inde », les États-Unis peuvent promouvoir l’initiative dans le cadre du « friend-shoring » et faire de leur allié une « alternative à la Chine en matière de chaîne d’approvisionnement », selon le tabloïd nationaliste chinois Global Times qui cite Liu Zongyi, chercheur à l’Institut d’études internationales de Shanghai, dans un article d’opinion publié mercredi dernier.

Les États-Unis réalignent leurs investissements en Inde

L’Inde est déjà apparue comme l’un des principaux bénéficiaires du réalignement de la chaîne d’approvisionnement qui a vu les entreprises délocaliser leur production hors de Chine dans un contexte de mesures rigides de contrôle des pandémies et d’intensification des tensions entre les États-Unis et la Chine.

Dans une note de recherche récente sur les perspectives de l’Inde en 2023, les analystes de Goldman Sachs ont qualifié le pays de « marché de consommation potentiellement attrayant à long terme » et de bonne alternative pour les investissements occidentaux compte tenu des risques géopolitiques.

L’Inde devrait représenter entre 45 et 50 % de la production d’iPhone d’Apple d’ici 2027, contre moins de 10 % l’an dernier, selon le cabinet d’études taïwanais DigiTimes.

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« L’iCET serait une situation gagnant-gagnant pour les deux pays : les États-Unis obtiendraient un partenaire fiable pour la fabrication et la chaîne d’approvisionnement, et l’Inde un associé qui apporterait les ressources nécessaires », a déclaré Faisal Kawoosa, analyste en chef du cabinet de conseil Techarc, basé à New Delhi.

Pour l’instant, cependant, le partenariat entre les États-Unis et l’Inde n’existe que sur le papier.

« À ce stade, les avantages sont plus potentiels que réels », a prévenu Michael Kugelman, directeur adjoint du programme Asie et associé principal pour l’Asie du Sud au Wilson Centre, un groupe de réflexion non partisan basé à Washington.

« En principe, l’iCET pourrait contribuer à apporter à l’Inde les produits et l’expertise nécessaires pour renforcer son secteur technologique, notamment son industrie des semi-conducteurs… mais les bureaucraties des deux pays peuvent être oppressantes. »

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Le South China Morning Post est l'un des plus anciens journal d'Asie. Il a été fondé en 1903 à Hong Kong. La marque possède aujourd'hui de nombreux titres de presse et diffuse en Chine continentale, à Hong Kong et dans le reste de l'Asie. C'est l'un des principaux journaux de langue anglaise de la région.

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