Le leadership sino-américain : dans la peau de l’autre (2)

1 mai 2021

Temps de lecture : 21 minutes
Photo : Le leadership sino-américain : dans la peau de l’autre. Crédit photo : Unsplash
Abonnement Conflits
Abonnement Conflits

Le leadership sino-américain : dans la peau de l’autre (2)

par

Pour les Américains, comme pour les Chinois d’ailleurs, de nombreuses pièces du jeu de leur rivalité mènent au Myanmar. On retrouve dans ce pays où le ciel est retombé sur la tête des Birmans depuis le nouveau coup d’État du 1erfévrier dernier, un monde de rapports de force. Le chemin de cette rivalité passe par différentes cases : celle des droits démocratiques, de la défense des intérêts du business et des deals, et par ricochet de tout ce qui dissocie Washington et Pékin dans leur lutte d’influence portée à son paroxysme depuis l’année 2020.

Ce texte est la suite du premier article, à retrouver sur Conflits.

 

Washington frappait fort, l’été dernier avec la décision du secrétaire d’État américain Mike Pompeo d’ordonner un examen pour déterminer si la répression par la Chine de la région autonome ouïghoure équivaut à un génocide[1]. Ce faisant, il s’inscrivait dans les pas de John Kerry qui déterminait l’organisation terroriste État islamique « responsable du génocide » contre les minorités musulmanes yézidies, chrétiennes et chiites en mars 2016[2].

Un rapport de force qui se gère à plus de deux au moins et que cet article va décrire selon une lecture en quatre points pour comprendre où chacun des acteurs défend sa ligne, et s’agissant précisément du Myanmar, comment faut-il interpréter les choses ? En géopolitique, la pratique des stricts rapports de force s’inscrivant dans le hard power s’applique à la défiance persistante sino-américaine. Mais est-ce par crainte de rapprocher le Myanmar de la Chine que Mike Pompeo n’a pas ordonné d’examen sur la répression de la minorité Rohingya? Question qui tenait à cœur de Joe Biden[3].

Dans ce contexte géopolitique qui renvoie à d’autres questions du tandem Biden/Xi, nous sommes à un moment de l’histoire où le réalisme politique est plus que jamais à géométrie variable, quand il ne constitue pas une forme de cynisme. « Oublions les droits de l’homme pour nous concentrer sur nos intérêts  économiques », si telle est la phrase énoncée par l’ancien chancelier Gerhard Schröder, sur un autre propos, elle donne une nouvelle illustration du langage de la Realpolitik, considérant les relations internationales non plus seulement sous l’angle du droit international[4]. Une approche plus décomplexée à conclure un pacte faustien pour faire prévaloir sa vision stratégique. Observons du reste, de façon plus générale, que ce qui intervient au Myanmar, trace les axes des fondamentaux des deux fronts démocratique et autocratique.

À lire aussi : Coup d’Etat en Birmanie : la Chine aux premières loges

Le Myanmar au centre du jeu

Dans la défense de ce pré carré de l’Asie du Sud-Est, où tant la Chine que les États-Unis tissent précautionneusement leurs toiles de coopération sécuritaire, Rangoun est aussi un partenaire lucide qui essaie d’enfoncer un coin dans l’axe Pékin/Washington en jouant de ses bonnes relations avec Moscou, New Delhi ou Tokyo. Car, comme disait Albert Camus, « on est toujours libre aux dépens de quelqu’un ». Ainsi, dans la lutte géopolitique sur le Myanmar, le Japon a déjà  dû, au cours du passé, faire face à des situations mettant sa relation spéciale à l’épreuve et Tokyo qui dispose d’un pouvoir d’influence de premier plan. Bas les masques ! En pleine pandémie, Tokyo assumait son rôle d’intermédiaire en matière de politique étrangère et le ministre des Affaires étrangères japonais Toshimitsu Motegi rencontrait le 24 août 2020 à la fois Aung San Suu Kyi et le commandant en chef de l’armée du Myanmar Min Aung Hlaing à Naypidaw. C’est un partenaire stratégique susceptible de fonctionner comme un point d’appui si nécessaire pour endiguer l’influence croissante de Pékin en mer de Chine méridionale et dans l’océan Indien. Cette visite aura démontréles efforts de coopération internationale de Tokyo d’arrimer Rangoun au concept d’une région Indo-Pacifique libre et ouverte depuis 2011. C’est aussi en 2011 que les États-Unis et le Myanmar concluaient un accord d’échange d’ambassadeurs et faisaient sortir le Myanmar de l’orbite chinoise.

Le Myanmar, un partenaire stratégique

Le Myanmar est aussi un partenaire stratégique pour l’Inde, non seulement membre de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (Anase), mais le seul voisin terrestre de l’Inde avec lequel il partage une frontière de 1600 km et surtout une frontière maritime dans le convoité golfe du Bengale. Du point de vue géopolitique indien, le positionnement de ce voisin alloue une profondeur d’intégration économique à l’est, crucial pour New Delhi et ses intérêts militaires. Le chef de l’armée indienne, Manoj Mukund Naravane accompagnait du ministre des Affaires étrangères Harsh Vardhan Shringla lors d’une visite au début d’octobre 2020 exauçait les vœux du général Min Aung Hlaing de posséder un premier sous-marin de classe Kilo de fabrication soviétique à propulsion diesel. Baptisé UMS Minye Theinkhathu du nom d’un héros historique au Myanmar, cela permet à la marine de Tatmadaw d’accroître sa capacité navale à titre gracieux, d’assurer un appui à l’affirmation de la présence chinoise et de tenir son rang face au Bangladesh qui dispose de sous-marins chinois de classe Ming. L’Inde envisage également un rôle plus actif des pays de l’Anase dans l’Indo-Pacifique face à l’affirmation croissante chinoise. En suivant cette logique, gageons que l’agenda de la récente visite de Toshimitsu Motegi a certainement concerné la question de la mer de Chine méridionale, bien qu’aucun détail n’a filtré sur les contours du stratagème maritime en question.

Longue de 46 mots[5], la déclaration du ministère des affaires indien en réponse à la proclamation de l’état d’urgence par le président Win Myint illustre la marge de manœuvre limitée de chacun des acteurs et clairement les craintes de braquer le nouveau régime dont on peut raisonnablement penser qu’il aura en tête le projet de rester plus longtemps que les douze mois acquis au titre de l’état d’urgence pour s’imposer. Dans la pratique, l’Inde a aussi veillé lors de la réunion des ministres des Affaires étrangères du Quad le 18 février 2021, à ce que cette situation donnée ne dispense aucunement le régime par rapport à sa coopération bilatérale pour un Indo-Pacifique libre et ouvert. L’Inde à contrario de la Chine n’est pas un membre permanent du conseil de sécurité des Nations-unies et à cet égard, le rapport de force revient fort vers la Chine qui sert des objectifs plus larges.

Tout est alors allé très vite. Le coup d’État militaire du 1er février place l’ensemble des acteurs devant des choix délicats et cristallise plusieurs rivalités géopolitiques familières. Plus qu’une compétition commerciale, une guerre stratégique et idéologique qui rappelle le concept de guerre asymétrique et la conception chinoise de la puissance comme stratégie finement analysée et détaillée par Sun Tzu dans son célèbre ouvrage l’Art de la guerre. Un concept, qui comme tout concept, répandu ensuite par le général américain Wesley Clark lors de l’intervention de l’Otan au Kosovo, repose sur un fond de réalité[6] : le calcul de Washington et de Pékin à l’issue duquel ils ont plus de chances de continuer àdévelopper les moyens de compliquer ou de réduire leur suprématie, à l’instar des tensions géoéconomiques.

Des relations compliquées avec les États-Unis

Qu’en est-il des États-Unis ? De 1962 à 2011, les États-Unis ont restreint leurs relations bilatérales avec le Myanmar afin de faire pression pour l’avènement d’un régime démocratique. Le champ de la coopération était prometteur, y compris sur le plan économique, bien que bloqué par les sanctions économiques suite au coup d’état birman de 1988, Il fallait attendre l’année 2016 et la décision de Barack Obama de mettre fin aux sanctions, pour changer la position des États-Unis avec la levée totale de leur embargo. Sujet sur lequel et fort à juste titre, Joe Biden dans ses premiers choix de son administration, impose un nouveau régime de sanctions internationales. Le Myanmar n’est pas une pièce essentielle pour les États-Unis, mais plutôt « un cul-de-sac » au temps où il pourrait jouer un rôle de transit sur bien des dimensions.

Suivre une attitude de persuasion plutôt que de pression est le choix de Tokyo, car c’est aussi un partenaire économique et comme au Vietnam les affaires sont parfois faites avec les militaires. Il faut dire que parmi les pays du G7, le Japon a certes signé le communiqué de presse condamnant le coup d’État, mais hormis le montant des investissements de la Chine, l’aide publique au développement du Japon de la banque japonaise de coopération internationale (JBIC) en fait le partenaire le plus généreux des pays de l’Organisation de coopération et de développements économiques (OCDE). Pour de telles raisons, l’injonction occidentale à recourir à des sanctions internationales amène Tokyo à prendre du recul sans se lancer dans de l’ajustement de cette aide qui est très ancienne. Avec une part de ses importations d’à peine 3%, plus de dix fois inférieure à celle de la Chine, Tokyo redoute la menace pour le Myanmar de s’éloigner davantage du jeu des nations démocratiques, un moyen non avoué de réaliser l’expansion de la zone d’influence chinoise comme l’atteste en matière de chiffres économiques de récents rapports : (Centre du commerce international, Banque mondiale pour l’année 2019, think tank SIPRI pour 2020).

La Chine est la seule puissance à détenir les trois leviers d’influence au Myanmar, la diplomatie, le commerce et les investissements. La Chine est son premier partenaire commercial ; son principal bailleur de fonds à hauteur de 30% de son niveau d’endettement et ses débouchées à l’export sont loin devant la Thaïlande. Sur la période de 2014 à 2019, la Chine a représenté 50% des principales importations d’armes du Myanmar. Derrière cette position pragmatique, la Chine envisage différemment ses nouvelles routes de la soie, modernes, surveillées, financées pour 21 milliards de dollars dans des projets d’infrastructures et énergétiques afin de relier l’océan Indien, riche en matières premières, à sa province du Yunnan. Une fois achevé, ce corridor économique entre la Chine et le Myanmar (CMEC) scellerait l’avenir commun des deux pays (objectif primordial de la visite le 12 janvier 2021 du chef de la diplomatie chinoise, Wang Yi). Ce n’est pas un hasard non plus si ce projet implique la construction d’un port en eau profonde à Kyaukphyu, assurant de relier deux pipelines sur une distance de 870 kilomètres pour acheminer le gaz et le pétrole en provenance du Moyen-Orient oùd’Afrique. En contournant le détroit de Malacca, ces ressources n’auraient plus à transiter dans un des couloirs maritimes les plus stratégiques du monde.

À lire aussi : Le leadership sino-américain, dans la peau de l’autre

La Chine est aussi très attendue sur la question de l’exploitation des richesses du Myanmar, notamment sur celle des terres rares qu’elle importe massivement et dont les États-Unis se sont alarmés de cette situation. Les relations de la Chine avec le Myanmar ne dépendent pas de qui est au pouvoir au pire c’est la qualité du partenariat qui en dépend. Pour faire court, les relations diplomatiques entre la Chine et le Myanmar n’ont pas toujours étaient simples, bien que ces deux pays aient recouvré leur souveraineté à un an d’écart : en 1948 pour le Myanmar obtenant son indépendance de la Grande-Bretagne alors que le Parti communiste chinois fondait la République de Chine en 1949. Au sujet de la junte militaire, cette dernière se souviendra d’abord que c’est la Chine qui a été le premier pays au monde à la reconnaître dans les années 1980, lors du premier voyage à l’étranger de Deng Xiaoping au Myanmar après la fin de la Révolution culturelle en 1976. Enfin, que si la junte a pu survivre aux aléas de politique internationale dans les temps difficiles et surtout aux sanctions américaines c’est grâce à l’empire du milieu.

La Chine se souviendra des critiques occidentales lors de la répression sanglante de la place de Tiananmen en 1989 sur le non-respect des droits de l’homme. Pour le président Xi, tout est question d’idéologie, de gestes et de liens politiques. Rappelons la visite de Xi Jinping au Myanmar en janvier 2020, son dernier voyage à l’étranger avant la crise épidémique de la Covid-19[7]. Reste à la junte militaire d’être de son côté, l’histoire montre que celle-ci n’est pas toujours à la hauteur de ses attentes.

Il faut bien comprendre que cette lutte d’influence entre Washington et Pékin s’arpente aussi bien à l’horizontale qu’à la verticale des affaires du monde dès lors que cela concerne le commerce ou la poursuite de leurs intérêts nationaux. Autre grief avec la situation de Karthoum. La Chine est aujourd’hui le plus grand investisseur du pays et curieusement la coïncidence du moment des premières sanctions américaines correspond à celui où la Chine investissait dans l’industrie pétrolière soudanaise. C’est à l’occasion du troisième Forum populaire entre la Chine et l’Afrique qu’ a été scellée cette relation « exceptionnelle » en 2014 suite au champ libre laissé par les États-Unis[8]. Pour le coup, cette situation oblige la communauté internationale à faire appel à la Chine lorsqu’il s’agit de médier avec le Soudan pour assurer le respect des droits des populations réprimées du Darfour. Mais il n’y a pas que la communauté internationale à avoir été naïve, rappelons la tentative de dialogue stratégique entamait par les États-Unis avec Pékin comme « partie prenante » de la communauté internationale.

Prononcé en septembre 2005[9], ce discours de Robert B. Zoellick, secrétaire d’État adjoint enjoignait le ministre des Affaires étrangères chinois, Li Zhaoxing d’utiliser son influence pour ramener le Soudan tout comme la Corée du Nord dans le giron de la communauté internationale. Pourtant c’est la même année que les États-Unis comprenaient que la stratégie chinoise globale prévoyait que le pays fixe des standards globaux d’ici vingt ans dans les domaines de l’innovation, de la recherche et de la technologie : le « Made in China 2025 »[10]. Ce plan a été rédigé par le ministère de l’Industrie et des technologies de l’information (MIIT). Les objectifs à la base de ce document sont clairs sur l’ambition de mise à niveau technologique tous azimuts de la Chine en attendant mieux. Dans ce contexte, le dévoilement du plan suggère un écart majeur par rapport à la perception de l’administration américaine et de son leadership dans les affaires du monde. Autrement dit, les États-Unis ne sont plus les seuls à avoir une telle stratégie. Aujourd’hui, tous les acteurs ont compris que les attributs de la technologie sont multiples, qu’ils tendent à changer la donne et redéfinir les relations de puissance entre nations. En somme, cette carte technologique a toutes les chances de figer le jeu des puissances dans ce système international interconnecté. Nietsche disait ce « qui me gêne ce n’est pas que tu m’ais menti, mais c’est que désormais je ne pourrais plus te croire »[11].

Quant aux Russes ils n’ont pas le même agenda que les Américains ou les Chinois. Moscou joue aussi de la compétition entre les principales puissances. Les premières heures de ce troisième coup d’État ont démontré les liens entre l’armée de Tatmadaw et le Kremlin puisque nous observions sur nos écrans cathodiques les véhicules blindés du convoi militaire de fabrication russe. Sur un autre plan, la Russie a également fait montre de loyauté envers le général Min Aung Hlaing en bloquant une condamnation du coup d’État par le conseil de sécurité de l’ONU. En attendant, Moscou peut toujours mettre en scène l’avenir de sa relation : en juin 2020, le général Min Aung Hlaing s’était rendu à Moscou afin de marquer le 75e Jour de la Victoire annuel du pays et à la veille du coup d’État le général russe Serguei Choigou finalisait un nouvel accord militaire avec le régime. Moscou souhaite assurément maintenir la dynamique militaire actuelle, qui en fait un partenaire attrayant et veut aussi continuer à jouer ce rôle de contrepoids géopolitique, car contrairement à la Chine, elle ne joue pas de rôle dans le processus de paix de la minorité des Rohingyas.

Le nouveau ton de la Chine

Le nouveau ton musclé des dirigeants militaires contraste avec la crainte persistante pour sa souveraineté, mais les tensions entre la Chine et les États-Unis s’incarnent aussi en raison des différences dans leurs systèmes politiques, principes démocrates contre autoritarisme. Tentant pour le général Min Aung Hlaing de faire le calcul politique que l’autoritarisme est plus efficace que la démocratie comme en atteste une nouvelle séquence de l’histoire depuis le 1erfévrier, une séquence dans laquelle s’exprime le dilemme des valeurs de liberté par rapport à la contrainte du profit mercantile pour chacun des acteurs. Une séquence qui sert aussi l’agenda des dirigeants et où la technologie sert l’autoritarisme. Le pare-feu numérique qui s’est abattu avant l’aube du 1er février sur Naypyitaw rappelle que la Chine excelle dans ce système de surveillance globale appelé « gestion numérique des affaires politiques » et de même qu’en Asie centrale ou au Vietnam, ce sont les systèmes de smart cities de Huawei et ZTE qui sont opérationnels et diffusent les nouveaux standards « made in China » dans bien des domaines comme la 5G, l’intelligence artificielle, les data. Le gouvernement chinois, considère la conception d’infrastructures et de normes internet comme le cœur de sa diplomatie numérique, et ses outils de censure comme preuve de concept pour un internet plus efficace, devenant de la sorte un bras de contrôle politisé prêt à être exporté ailleurs. De plus, cette infrastructure internet peut-être utilisé à des fins politiques, pour réprimer les citoyens économiquement et physiquement comme nous le voyons au Myanmar et ailleurs.

À lire aussi : Chine, Etats-Unis, UE : qui gagnera la guerre ?

Big Bang sur les métaux clés

À mesure que l’on déroule la rivalité géopolitique entre Washington et Pékin, arrêtons-nous sur l’importance stratégique des terres rares et l’instabilité sur les flux commerciaux chinois depuis le coup d’État. Le Myanmar contribue de manière écrasante dans ces flux, atteignant 95% des importations de l’opérateur chinois Wanbao Mining dans le centre minier de Monywa. Le coup d’État a engendré de nombreuses manifestations en faveur de la démocratie et incidemment alerte Pékin, car les approvisionnements continus en provenance du pays sont critiques[12]. La Chine pratique, du reste, une quadruple concurrence géopolitique des chaînes d’approvisionnement des minerais : sur les prix, avec sa capacité àfaire bouger les prix. Dans une déclaration Xiao Yaqing du ministère de l’Industrie et des Technologies de l’Information (MIIT) expliquait « Nos terres rares ne se sont pas vendues au prix « rare », mais vendues au prix « terre »… en raison des appels d’offres, qui ont gaspillé la précieuse ressource » ([13]). Sur la concurrence déloyale, avec l’exemple d’une industrie lourdement subventionnée, surproductrice avec des règles environnementales en question, émettant un maximum de CO2 et qui nettoie ses concurrents mondiaux. Faute de mines, les États-Unis ne disposent que d’une seule mine de terres rares opérationnelle tandis que la Chine opère plusieurs dizaines de mines et de larges installations de raffinage et de séparations du minerai en provenance des États-Unis ! Sur  le choix de choisir à qui la Chine vend ou met àl’amende les pays qui la critiqueraient comme ce fut le cas avec le Japon et plus récemment l’Australie. Le 20 mai 2019, lors d’une visite ostentatoire dans une mine de terres rares dans la province du Jiangxi, Xi Jinping avertissait « que dans un contexte de guerre commerciale avec les États-Unis, ces derniers risquaient de mettre en péril leur approvisionnementdont ses hautes technologies dépendent »[14]. Enfin, de par sa domination sur la filière avec l’instauration de quota de terres rares à l’exportation et le risque d’asphyxier compte tenu de ce market power, les secteurs technologiques et industriels de ses concurrents.

Le sujet mobilise la Maison-Blanche avec l’initiative de lancer une revue de la chaîne d’approvisionnement des métaux clés, considérant sa vulnérabilité stratégique[15]. Une initiative qui complète l’Executive Order de Donald Trump datant de juillet 2017, puis le rapport final de 2018 évoquait explicitement la domination chinoise et les risques inhérents de ses interactions géopolitiques[16].  Cette révision vise aussi à la protection de millions d’emplois de la classe moyenne aux États-Unis dans les entreprises des secteurs technologiques qui représentent des trillions de dollars du PIB américain. Rappelons que la Chine qui est le premier importateur mondial de terres rares dépend du Myanmar pour environ la moitié de ses importations[17] et des États-Unis. Pareillement, il faut apprécier ce facteur risque vu de Washington en indiquant l’urgence de diversifier leurs approvisionnements en multipliant les projets dans l’hémisphère occidental et élargi aux alliés. Il importe de réduire leur forte dépendance vis-à-vis du point de rupture que constituerait la Chine.

Dans les années à venir, la demande de ces métaux stratégiques va croître. D’ici 2030, les besoins vont exploser selon les données officielles, sachant que la Chine absorbe la moitié des ressources mondiales, c’est l’enjeu de souveraineté des chaînes d’approvisionnement que se disputent Pékin et Washington[18]. En fin stratège, Deng Xiaoping déclarait en 1992 au sujet de cette ressource stratégique pouvant être exploitée dans les affaires de diplomatie internationale « si le Moyen-Orient a du pétrole, la Chine a les terres rares »[19].

Terrain miné sur la question des sanctions

Depuis la déclaration du Conseil de sécurité des Nations Unies, en date du 10 mars, condamnant fermement l’usage de la violence et des sanctions internationales qui se sont abattues sur le Myanmar, Washington optait pour une nouvelle salve de sanctions contre le Myanmar, exhortant à une mise à l’index des dirigeants militaires et de leurs intérêts commerciaux[20]. Dans ce contexte, ce n’est pas un revers stratégique pour la Chine, mais cette dernière redoute un déclassement du pays qui irait à l’encontre de ses attributs. En réalité, on assiste à une nouvelle donne pas si nouvelle ou au gré des sanctions imposées, le régime militaire s’enhardit, loin de craindre les représailles de la mobilisation collective.

On peut déplorer malheureusement les prises de position sans effet des membres au Conseil de sécurité de l’ONU, car là encore il y a des considérations constantes des rapports de force en jeu. Pékin n’en est pas moins très critique àl’égard des États-Unis, notamment sur le levier des sanctions, qu’elle considère comme une entrave à la souveraineté. Mais, dans le même temps, elle est parfaitement à l’aise dans le maniement des sanctions quand c’est le moment d’influer ou de sanctionner. La Chine s’est jointe au jeu des sanctions comme en 2010 en imposant un embargo sur les exportations de terres rares au Japon après un regain des tensions au sujet des îles Senkaku ; en 2017 avec des mesures de rétorsion et un boycott commercial contre la Corée du Sud suite au déploiement du bouclier antimissile américain sur son sol ; depuis 2018 avec les mesures de rétorsion et la hausse des tarifs douaniers vis-à-vis de l’Australie en basculant d’un discours axésur le partenariat économique à celui de la menace géostratégique. Deux pays vulnérables aux représailles, car la Chine est leur premier marché extérieur, pesant 25% des exportations sud-coréennes et 35% des exportations australiennes. La contradiction est tout aussi manifeste sur ce qui se passe au Myanmar compte tenu de ses impératifs géopolitiques et enjeux économiques qui se conjuguent dans un double jeu de longue date.

À lire aussi : Hélie de Saint-Marc et son « mal d’Indochine »

Pékin, Washington et la bataille des standards

Autre bémol apporté à cette rivalité avec la proposition chinoise en matière de propriété intellectuelle pour la nouvelle technologie liée à la gouvernance d’internet prévue pour être testée en ce début d’année 2021. À l’automne de l’année dernière, certains membres de l’Union internationale des télécommunications (UIT) se sont alarmés suite à la présentation d’un document PowerPoint par les sociétés d’État China Unicon et China telecom avec le soutien du ministère de l’Industrie et des Technologies de l’Information (MIIT) chinois afin d’établir un nouveau protocole internet ([21]). Malgré les écueils, Pékin persévère et désormais le monde se dirige vers deux versions de l’internet avec pour faire simple une vision capitaliste, libre et ouverte dirigée par le marché et une vision autoritaire beaucoup plus dirigée par la surveillance et censure internet des gouvernements. En considérant que l’UIT légitime et endosse cette norme, cela reviendrait de facto à plonger les opérateurs et les fournisseurs dans le choix de connexion favorisant deux internet idéologiquement divergents. C’est bien vers une vision concurrentielle que l’on se dirige comme en attestent les récents événements en Iran ou en Russie donnant un aperçu de ce à quoi ressemblerait ce concept de cyber-souveraineté au nom d’un nouveau droit de « non-interférence »

Car comme on le voit aujourd’hui, le thème de l’internet souverain avec son idée d’une censure des réseaux sociaux, ainsi que la vision numérique de la Chine est petit à petit validée par la communauté internationale qui chaque année se rend à la conférence mondiale sur l’Internet. Créée par le gouvernement chinois en 2014 un an après l’arrivée au pouvoir du président Xi Jinping, ce rassemblement donne foi au dessein chinois de rassembler l’élite technologique des entreprises de Google à Qualcomm. Parallèlement, la ceinture terrestre des routes de la soie qui se déploie de l’Asie centrale en direction de l’Europe appuie se raccordement digital et fonctionne en attendant d’établir un système d’infrastructure unifié de signatures électroniques, comme une technologie de rupture. Cette puissance commerciale et géopolitique des protocoles industriels est reconnue depuis longtemps. Werner von Siemens, industriel et innovateur allemand du XIXe siècle déclarait en marge de la réalisation de la ligne télégraphique entre l’Europe et l’Indochine longues d’une distance de 11 000 kilomètres partant de Londres à Calcutta en 1867 « celui qui détient les normes détient les clés du marché »[22].

Gros choc pour Facebook suite au scandale de la société Cambridge Analytica en 2018 qui restera le symbole de l’incitation à la violence en ligne ([23]). Orchestré par les militaires birmans qui parvenaient à une mobilisation forte de membres chauffés à blanc, c’est dans ce monde réel qu’été déclenché sur une plateforme Facebook une campagne d’intimidation et de violence de la minorité musulmane des Rohingyas. Une nouvelle menace comme il n’en existe qu’une par demi-siècle depuis la création de l’internet pour les droits de l’homme et qui requiert un débat régulant le numérique compte tenu du déplacement de souveraineté vers les GAFA au détriment des États. Saisissant parallèle avec l’événement de la prise d’assaut du Capitole le 6 janvier 2021. Cette séquence a ébranlé la confiance du monde sur le caractère démocratique du pays et toute la complexité du sujet est de s’interroger sur l’état des libertés publiques ainsi que la régression des droits démocrates. Les menaces d’aujourd’hui modifient les rapports de force à l’échelle mondiale et ce qui n’est pas sans conséquence pour le respect des valeurs et le mode de vie des pays. Les États-Unis n’apparaissent plus comme le seul arbitre moral dominant du numérique dont ils se revendiquaient dans le passé. Leur rhétorique acérée en parlant de la Chine a été battue en brèche dans la confusion de l’élection américaine avec la colère de Big tech et de ses plateformes numériques censurant l’ancien président Donald Trump. Assisterons-nous à la volonté commune des États-Unis et plus largement des États-nations de revigorer la démocratie, mis à mal comme on le souligne dans ce domaine, où  bien l’année 2021 augure un avenir difficile face au régime autoritaire et leur modèle de rupture ?

À lire aussi : Jeu de go et géopolitique de la Chine : intérêts et limites d’une lecture « ludique » des conflits

Le défi du dialogue indirect entre les États-Unis et la Chine

En témoigne le classement mondial des pays dressé par le magazine The Economist, l’année 2020 a marqué un recul historique partout dans le monde de l’indice de démocratie[24]. Et pour cause, les États-Unis ont polarisé cet ébranlement vers ce qui communément est décrit « l’ère post-occidentale » avec le même substrat aujourd’hui : reflux des libertés civiles avec une cohésion démocrate et sociale en berne ; distanciation des relations entre les gouvernements et le peuple. À ce titre, le Myanmar représente un prisme des rapports futurs entre les États-Unis et la Chine et comment tout « dirigeant » peut adosser son pouvoir fort à un modèle capitaliste occidental ou chinois.

Au vu de cette situation, le président Biden n’a pas encore dévoilé ses cartes, mais bien qu’il se soit montréprudent dans les premiers signes sur la question du Myanmar, le débat verbal indique qu’il risque d’être plus dur que Trump sur la question des droits de l’homme. L’approche de Biden demeure factuelle en appliquant au régime de Rangoun une pression économique et politique en coopération avec les alliés de l’Amérique. Quelle capitale mieux que Bruxelles, siège de l’OTAN, pour réinitialiser ce cadre de dialogue et de coopération valorisant les alliances. L’agenda des réflexions actuelles autour du projet Otan 2030 s’y prête assurément[25]. Ce sujet fait aussi l’objet d’intense discussion entre Washington et Singapour qui s’avère être un autre allié précieux,  au coude à coude avec Pékin, comme premier investisseur au Myanmar[26].

La situation au Myanmar reste une affaire de géopolitique et un véritable ultimatum au camp occidental, confrontéà sa conception des relations internationales qui divise et oppose Chine et États-Unis. Si l’on en croit Joe Biden, de réaffirmer le leadership mondial et moral des États-Unis et d’agir au bénéfice du monde[27], la diplomatie ne fait pas tout. Elle reste primordiale pour défendre le dialogue et la collaboration internationale pour autant, s’impose un retour à une diplomatie plus traditionnelle pour moderniser les libertés démocratiques avant l’ordre international qui sert les intérêts américains et se met au service de valeurs partagées.

En ce mois d’avril 2021, marquant la première participation d’Antony Blinken à la réunion des ministres des Affaires étrangères de l’Otan[28], nul doute que la question pour le président américain est de savoir sur qui compter. En toile de fond, de la réaffirmation que l’Amérique a l’intention de diriger maintenant et toujours pour reconstruire un ordre libéral qui rassemble les « nobles nations » c’est vers un fondement stratégique similaire à celui de Dean Acheson que nous nous dirigeons. Dans ce contexte de théâtralisation d’une « situations of strenghts », c’est le peuple du Myanmar qui cristallise les antagonismes. Non seulement parce que chaque vie compte, mais aussi parce que la montée des gouvernements autocratiques à travers le monde, dans la mesure où leurs plans ne sont pas déjoués, menace la survie des démocraties. Dans ce contexte le Myanmar est pris en sandwich entre deux blocs : d’un côté, les États-Unis qui veulent l’enrôler sous sa bannière, et de l’autre, la Chine et la Russie qui se rapprochent sans se concurrencer ne serait-ce que parce que l’affrontement avec les Américains conduit à une politique de containment, chacun voulant imposer son modèle.

« Great Britain has lost an empire and not yet found a role » confiait Dean Acheson en 1962. Reste à cette administration américaine d’être carrée sur ses valeurs tout en maintenant l’ouverture sur la base de la coalition de démocraties, le temps d’esquisser en termes concrets une doctrine Biden qui tienne la route. Il faut ici prêter attention aux enjeux posés, et comprendre qu’en renouvelant la démocratie « à la maison »[29], c’est aussi une évolution de la dynamique du pouvoir avec les États-Unis et le monde où nous observons la revanche de la sécurité collective et la prégnance de la souveraineté.

 À lire aussi : Rencontre Chine-USA à Anchorage : concurrence stratégique

  

[1] Hervé Couraye est administrateur du think tank SGS, docteur en Science Politique de l’université Paris I – Sorbonne.

Compte tenu du poids symbolique et diplomatique d’une telle détermination, les hauts responsables américains avaient jusqu’à présent hésité à qualifier la répression au Xinjiang de génocide. Déclaration de Mike Pompeo, disponible en ligne : Determination of the Secretary of State on Atrocities in Xinjiang – United States Department of State.

[2] Les États-Unis font rarement de déclaration officielle, le génocide est considéré comme l’un des crimes contre l’humanité les plus graves en droit international.Voir l’analyse du Cambridge Law disponible en ligne : U.S. Secretary of State Determines ISIL Is Responsible for Genocide | American Journal of International Law | Cambridge Core.

[3] Joe BidenさんはTwitterを使っています 「China’s internment of nearly one million Uighur Muslims is among the worst abuses of human rights in the world today. The U.S. cannot be silent — we must speak out against this oppression and relentlessly defend human rights around the world. https://t.co/PQp04TWjyd」 / Twitter.

[4] Phrase à remettre dans le contexte exposé à savoir celui des relations entre l’Europe et la Chine lors de la signature de l’Accord d’Investissement sino-européen, entretien publié dans le journal allemand Handelsblatt à l’occasion de la parution du livre « Dernière chance » écrit conjointement avec Gregor Schöllgen,  disponible en ligne : Gerhard Schröder: Moralisierende China-Politik wird scheitern (handelsblatt.com).

[5] Texte disponible en ligne sur le site officiel du ministère des Affaires étrangères de l’Inde : Press Statement on developments in Myanmar (mea.gov.in).

 

[6] Voir les mémoires personnelles du général américain Wesley Clark, «  Waging Modern War : Bosnia, kosovo, and the Future of Combat »,  New York : Public Affairs, publié en 2002. Disponible en ligne sur le site : Waging modern war : Bosnia, Kosovo, and the future of combat : Clark, Wesley K : Free Download, Borrow, and Streaming : Internet Archive

[7] Ce déplacement de deux jours s’inscrivait dans un flux d’autres visites de hauts-niveaux de dirigeants chinois au Myanmar, voir l’article en ligne : Slim pickings for Xi in Myanmar visit | Frontier Myanmar.

[8] Samuel H Winter et Alfred Egment Hake, « Gordon in China and Soudan », Palala Press, 2015.

[9] Pour approfondir, consulter les liens suivants : Whither China: From Membership to Responsibility? (state.gov),  ainsi que l’allocution de Robert Zoellick’s Responsible Stakeholder Speech | National Committee on United States – China Relations (ncuscr.org).

[10] Pour approfondir, consulter l’étude «Evolving Made in China 2025 : China’s industrial policy in the quest for global tech leadership », lien suivant : Evolving Made in China 2025 | Merics.

[11] Citation de Friedrich Nietzsche dans le tome 1 du texte la Volonté de puissance, en ligne :  La philosophie de Nietzsche (la-philosophie.com).

[12] Un débrayage des mineurs dans le centre-nord du pays, et lien en ligne pour le tableau des cours de terres rares : London Metal Exchange: Metals (lme.com) Myanmar Copper Miners Join Anti-Coup Strike (irrawaddy.com).

[13] Propos tenus lors de la conférence virtuelle 2021 du World Economic Forum par Xiao Yaqing | 世界経済フォーラム (weforum.org).

[14] Transcription de l’éditorial du groupe de presse Global times daté du 22 mai lors de la visite du site de production et de transformation de JL Mag Rare-Earth Co. Ltd, disponible en ligne : Rare earths an important strategic resource: Xi – Global Times.

[15] Press Briefing by Press Secretary Jen Psaki and National Security Advisor Jake Sullivan, March 12, 2021 | The White House.

[16] C’est le DoD qui dirige l’Executive Order (EO) 13806 et coordonne un réseau d’agence fédérale dans son exécution, voir le rapport « Assessing and Strenghtening the Manufacturing and Defense Industrial Base and Supply Chain Resiliency of the United States ». En ligne : Federal Register : Assessing and Strengthening the Manufacturing and Defense Industrial Base and Supply Chain Resiliency of the United States et l’Executive Order on Addressing the Threat to the Domestic Supply Chain from Reliance on Critical Material from Foreign Adversaries, Maison Blanche,  disponible sur : www.whitehouse.gov (archivé).

[17] Chiffres empruntés du World Metal information Center : metal、non-metal、steel Statistics_Asian Metal et du compte rendu du 11ème forum du sommet des terres rares, voir le site : 12th International Rare Earth Summit–Asian Metal.

[18] Voir le rapport U.S. Department of Energy’s Strategy to Support Domestic Critical Mineral and Material Supply Chains (FY 2021–FY 2031), U.S. Department of Energy, 20 janvier 2021, disponible sur: www.energy.gov.

[19] Propos tenus au cours d’une visite de la mine de terres rares de Bayan Obo en Mongolie intérieure et emprunt de la note de lecture de l’ouvrage de Guillaume Pitron, La guerre des métaux rares, disponible en ligne : La dépendance aux métaux rares et les contradictions de la transition énergétique et numérique (fondation-res-publica.org).

[20] Décret de Joe Biden en date du 11 février 2021, disponible en ligne : Executive Order on Blocking Property with Respect to the Situation in Burma | The White House.

[21] Powerpoint « Network 2030 and the Future of IP », 17 pages, disponibles en ligne : Huawei presentation 2-edited.pdf .

[22] Retrouver la déclaration en ligne sur le site du groupe Siemens dans la section « Archives » : Siemens History Site – India (archive.org)  et sur le site : 070-werner-von-siemens-quotations.

[23] Cambridge Analytica and Facebook: The Scandal and the Fallout So Far », New York Times, 4 avril 2018, disponible sur : Cambridge Analytica and Facebook: The Scandal and the Fallout So Far – The New York Times (nytimes.com) et A Genocide Incited on Facebook, With Posts From Myanmar’s Military – The New York Times (nytimes.com).

[24] Le rapport complet de Democracy Index est téléchargeable sur le site The Economist – intelligence unit : Democracy Index 2020 – Economist Intelligence Unit (eiu.com).

[25] «  Reaffirming and Reimagining America’s Alliances », discours d’Antony Blinken, Secretary of State, siège de l’Otan à Bruxelles, 24 mars 2021, disponible : Reaffirming and Reimagining America’s Alliances – United States Department of State.

[26] La position de Singapour lui confère une influence forte sur les généraux de l’armée compte tenu de ses bonnes et longues relations. Voir : Singapore surpasses China as Myanmar’s biggest investor | The Myanmar Times (mmtimes.com).

[27] Propos de Joe Biden, le 4 février 2021 « Remarks by President Biden on America’s Place in the World », Briefing room de la Maison-Blanche, disponible en ligne : Remarks by President Biden on America’s Place in the World | The White House.

[28] Dean Acheson and the Special Relationship : The West Point Speech of December 1962, publié dans the Historical Journal, 33-3 (1990), pp. 599-608. Voir : Mr. Acheson’s Grand Tour » 14 Dec 1962 » The Spectator Archive.

[29] Voir la préface du 45e rapport sur les pays en matière de droits de l’homme et l’attachement à une diplomatie ancrée sur les valeurs démocratiques par les États-Unis. « 2020 Country Reports on Human Rights Practices »,  bureau of Democracy, Human Rights, and Labor,  US Department of States, disponible en ligne : 2020 Country Reports on Human Rights Practices – United States Department of State.

Mots-clefs : ,

À propos de l’auteur
Hervé Couraye

Hervé Couraye

Hervé Couraye est docteur en science politique. Il vit et travaille au Japon depuis de nombreuses années.
La Lettre Conflits
3 fois par semaine

La newsletter de Conflits

Voir aussi

Pin It on Pinterest