Année des relations internationales, espaces maritimes et RDA. Aperçu des livres de la semaine.
Sylvain Domergue, La géopolitique des espaces maritimes, Armand Colin, 2025, 28€

Katja Hoyver, Au-delà du Mur. Histoire de la RDA, Passés Composés, 2025
A priori, ce sujet pourrait sembler triste comme une barre de HLM de Eisenhüttenstadt mais cette intéressante monographie se lit presque comme un roman. Les chapitres sont thématiques (la jeunesse, l’industrie, l’armée…) mais livrent de nombreux témoignages de personnages de premier plan ou de citoyens ordinaires qui rendent le récit très vivant.
On apprend beaucoup de choses sur la construction de cette autre Allemagne et notamment que la création de la RDA était moins un projet de Staline que la volonté forcenée d’exilés allemands, à Moscou, qui ont voulu prouver qu’ils seraient les meilleurs élèves du bloc socialiste. Quelques décisions, à l’Ouest – il faut le dire pour être juste – ont aussi poussé à cette partition de facto avant qu’elle devienne de jure et notamment, l’introduction unilatérale du Deutsche Mark. Mais ces forcenés, survivants et pas rancuniers des épurations staliniennes qui avaient plus que décimé les communistes allemands (3/4 d’entre ceux qui s’étaient réfugiés en URSS ont été éliminés), ont ensuite tout fait pour donner une réalité à un pays et obtenir une reconnaissance internationale avec les dérives que l’on connait comme celle du dopage dans le sport, par exemple.
Le projet était de créer une autre identité allemande, de créer un Allemand nouveau, idéologiquement supérieur et moralement meilleur. Finalement, ça à plutôt bien marché à l’extérieur en offrant à l’Ouest, pour beaucoup, l’image fascinante d’un communisme qui fonctionnait. En témoigne la manière dont certains, même parmi les plus anticommunistes, se sont laissés intoxiquer par ce qui était une véritable politique d’influence de la RDA : dans son bestseller La troisième guerre Mondiale, publié au début des années 1980, le général Sir John Hackett, envisageait ainsi l’avenir d’une RDA débarrassée de la tutelle d’une Union soviétique vaincue : « [in GDR] a real debate began to make itself heard, among academics, technicians, managers and army officers, in fact among all those professionals who, in spite of Soviet ideological interference, had kept the state running and made its industry a formidable factor in the world. Their opinions were not exactly what might have been expected in the West, or in the East. They did not clamour to join their democratic brothers west of the Elbe; they saw little joy in a united Germany controlled by West German bankers in the sole interest of economic growth. They found the conformism and hierarchies of the West almost as stifling as their own. They saw a better future in a state with some of the old Prussian virtues which they had assimilated into their own system: frugality, a certain puritanism, a feeling of superiority towards their neighbours on each side—a conviction that they were more advanced than the Slavs on the east and morally superior to the mixed economies in the West, already, in East German eyes, showing symptoms of decadence”.
Dans les faits, il n’en fut rien et même après la désagrégation réelle et finalement pacifique de l’Union soviétique et la chute du mur de 1989.
Si pour certains – et d’une certaine manière l’auteur s’y associe – il y a aujourd’hui une forme de nostalgie de la RDA, c’est certainement plus parce que ces personnes regrettent leur jeunesse que par adhésion à un système qui fut policier et répressif au point de devoir élever des murs pour conserver sa population.
Florent Hivert
L’année des relations internationales 2024-2025 s’impose comme un outil de référence pour comprendre notre monde en recomposition. Dense et précis, cet ouvrage scrute de près les grands dossiers de l’année comme les moins médiatisés, piochables par étude, thème, ou région, selon les besoins du lecteur. L’ouvrage propose enfin une bibliographie critique pour approfondir ces différents dossiers. Méthodique, il offre une pluralité de regards, ce qui en fait une encyclopédie objective de la géopolitique pour quiconque refuse de se contenter de raccourcis manichéens dans l’analyse des relations internationales.











