Objectif EXPO 2030 pour l’Arabie Saoudite

31 mai 2022

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Photo : Pavillon saoudien (c) Laïla Haddag
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Objectif EXPO 2030 pour l’Arabie Saoudite

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Lors de l’Expo Dubaï 2020, le Pavillon saoudien a reçu le plus grand nombre de visiteurs (5 millions de personnes) ainsi que le prix du « Meilleur pavillon » pour son bâtiment ultramoderne, et il ne compte pas s’arrêter là.

 Laïla Haddag, Géographe Urbaniste

Alors que le rideau est tombé sur l’Exposition universelle de Dubaï, l’Arabie Saoudite a clairement affiché son ambition d’être le pays hôte de l’évènement mondial en 2030. Sa participation remarquée lors de l’Expo de Dubaï a offert au pays une fenêtre sur le monde en s’appuyant sur sa tradition d’hospitalité, son riche patrimoine culturel et naturel et ses opportunités économiques.

Pavillon le plus visité de l’exposition et prix du « Meilleur pavillon », le Royaume saoudien s’est en effet démarqué en proposant une architecture audacieuse qui illustre bien son ambition de s’ancrer dans son histoire afin de mieux se projeter dans l’avenir. La base du bâtiment, en forme de prisme, représente la société saoudienne moderne avec son histoire profondément enracinée ; en s’élevant vers le ciel, le bâtiment symbolise les ambitions sans limites du Royaume.

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Bâtiment à la pointe de la technologie, fusionnant architecture et technologie numérique, il gagne trois records du monde au Guinness : celui du plus grand sol d’éclairage interactif avec environ 8 000 lumières LED ; celui de la plus longue pièce d’eau interactive à 32 mètres et celui du plus grand écran miroir LED de 1 302,5 m².

Pavillon saoudien, (c) Laïla Haddag

Les gens, les opportunités, la nature et le patrimoine : 4 piliers qui ont ancré l’expérience des visiteurs du pavillon saoudien

Les 5 millions de visiteurs du pavillon saoudien ont pu faire un voyage immersif au sein des sites historiques du pays et découvrir une projection de l’Arabie saoudite en 2030. Ses côtes, ses vastes déserts, ses mers environnantes et ses hautes montagnes, certains sites étant classés au patrimoine mondial de l’UNESCO : de la flore de la vallée d’Al Bardani dans la région d’Asir jusqu’aux montagnes de Tabuk, aux eaux cristallines de la mer Rouge. Au total, 23 destinations à découvrir, y compris les giga-projets de renommée mondiale qui réécrivent les possibilités de développement durable du pays tels que NEOM, Qiddiya, Diriyah Gate et King Salman Park.

Le « Discovery Center » a permis aux visiteurs d’appréhender l’économie saoudienne, sa compétitivité et les réformes qui ont eu lieu dans le Royaume. La « Saudi Vision 2030 » présentant le plan de transformation nationale à long terme et les opportunités d’investissement dans le pays est omniprésent. Pour cela, un « Business Park » invite les leaders économiques du monde à forger des partenariats et discuter des opportunités d’investissement.

Fahd al-Rasheed, PDG de la Commission royale pour la ville de Riyad, ville candidate pour l’accueil de l’Expo 2030, a déclaré : « Les millions de personnes qui ont visité le pavillon saoudien primé ont eu un aperçu de l’avenir que le Royaume et sa capitale sont en train de construire. Aujourd’hui n’est que le début de la présentation de ce que Riyad a à offrir pour l’EXPO 2030 ». Le Pavillon saoudien apparaît en effet comme la métaphore de la transformation en cours du pays.

L’écran concave du pavillon saoudien. (c) Laïla Haddag

Objectifs 2030

L’Arabie saoudite entend bien saisir l’opportunité d’une Exposition universelle en 2030 pour transformer durablement sa capitale et le pays tout entier. Événement international unique, les expositions universelles attirent tous les cinq ans des dizaines de millions de visiteurs.

À l’occasion de la cérémonie de clôture de l’Expo Dubaï 2020, Riyad a réaffirmé avec force son souhait d’accueillir l’évènement en 2030 sur le thème : « L’ère du changement : Conduire le monde vers des lendemains clairvoyants ». Le pays affiche d’ores et déjà un programme ambitieux pour la transformation de sa capitale Riyad : construire l’un des plus grands réseaux de transport public au monde, installer un espace vert au cœur de la ville prévu pour être quatre fois plus grand que Central Park à New York, planter 15 millions d’arbres et transformer les rues de la capitale saoudienne en œuvres d’art. La ville est un hub économique de premier plan dans le monde arabe, en plus d’être un centre politique et culturel et connaît une expansion spectaculaire du fait de projets redessinant son paysage urbain.

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L’année 2030 est donc cruciale pour l’Arabie saoudite, car elle coïncidera avec la fin de la mise en œuvre de sa « Vision 2030 ». Stratégie globale de développement, adoptée en 2017, elle vise à diversifier son économie et accroître sa compétitivité, en fixant les grands objectifs de développement économique et social à horizon 2030. Ces objectifs, sensés préparer l’après-pétrole, visent notamment à montrer que le potentiel de la population est plus élevé et durable que celui de l’or noir. Le pari est donc celui de la diversification économique ; les objectifs sociaux et politiques restent le pré carré du prince héritier Mohammed Ben Salmane qui semble vouloir une profonde transformation sociétale.

Première économie de la région MENA avec un PIB de 700 milliards de dollars en 2020, membre permanent du G20, le gouvernement saoudien vise trois enjeux majeurs d’ici 2030 : la privatisation et de la diversification de l’économie ; l’attraction des IDE sur le territoire ; l’enjeu de l’après-pétrole (accroître les exportations hors pétrole). En effet, l’Arabie saoudite, comme les autres pays producteurs de pétrole, a compris que la transition énergétique est inéluctable. Les réserves estimées à 36,6 milliards de tonnes fin 2016 seraient épuisées, à ce rythme, en 2075, soit dans environ 50 ans. L’augmentation de la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique global est donc l’une des priorités du pays. Toutefois, le gouvernement saoudien reconnait une grande vulnérabilité en lien à la fois avec le changement climatique, mais également du fait de l’importance stratégique du secteur des hydrocarbures dans son économie (35% du PIB).

Le tourisme, amené à croître d’ici 2030, est l’autre secteur en pleine expansion dans le Royaume. Des projets emblématiques verront le jour comme la transformation d’une cinquantaine d’îles le long de son littoral en stations balnéaires de luxe, ainsi que la création d’une ville technologique futuriste, NEOM (pour Neo-Mustaqbal ou « nouveau futur ») qui accueillera des industries de pointe, alimentée par des énergies renouvelables (« zéro voiture, zéro route, zéro émission carbone »). Estimé à 500 milliards de dollars, le projet NEOM a vocation à devenir un pôle de référence dans les domaines de la biotechnologie, de la nanotechnologie, mais aussi de la robotique.

En attendant le résultat du vote rendu par l’Assemblée générale du Bureau international des expositions (BIE) en 2023, la prochaine édition de l’Exposition universelle se tiendra à Osaka au Japon en 2025, autour du thème « Concevoir la société du futur, imaginer notre vie de demain ». Nul doute que l’Arabie Saoudite saura de nouveau se distinguer en poursuivant les ambitions de transformation économique et sociale du Royaume.

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