<i class='fa fa-lock' aria-hidden='true'></i> Relations UE – Inde : forger un partenariat décisif du XXIème siècle

27 avril 2025

Temps de lecture : 2 minutes

Photo : c : Sonu Mehta/Hindustan Times/Sipa USA) /59845021/ /2503010354

Abonnement Conflits

Relations UE – Inde : forger un partenariat décisif du XXIème siècle

par

La visite officielle de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, en Inde fin février 2025, accompagnée du Collège des commissaires, s’inscrit dans une tentative de redéfinir les relations stratégiques de l’Union européenne à l’heure où l’ordre mondial vacille.

Entre un conflit prolongé en Ukraine, un protectionnisme américain revigoré par Donald Trump, et les ambitions chinoises en Asie-Pacifique, Bruxelles cherche à diversifier ses alliances. L’Inde, démocratie foisonnante et économie en pleine ascension, coche toutes les cases du partenaire stratégique idéal.

L’Inde à l’équilibre

L’Union européenne perçoit en New Delhi un contrepoids crédible aux tensions multipolaires. Les deux puissances partagent des intérêts convergents dans des domaines aussi variés que le commerce, la sécurité maritime, la transition énergétique ou l’intelligence artificielle. Cette dynamique bilatérale repose sur une conviction commune : les défis mondiaux exigent des coopérations ambitieuses et pragmatiques.

Trois axes structurent cette ambition : commerce et technologie, défense et sécurité, connectivité et influence globale. Au cœur de l’équation, l’accord de libre-échange (ALE) Inde-UE, relancé en 2021 après une interruption de huit ans. Neuf cycles de négociation plus tard, les deux camps tentent d’accélérer les pourparlers pour conclure, d’ici fin 2025, ce qui pourrait devenir l’accord commercial bilatéral le plus vaste jamais conclu.

A lire également : Partenariat stratégique Inde – France : une relation déterminante pour le XXIe siècle

L’UE est déjà le premier partenaire commercial de l’Inde, avec 124 milliards d’euros d’échanges de biens en 2023. Quelque 6 000 entreprises européennes opèrent dans le pays, générant des millions d’emplois. Mais le marché indien demeure protégé : barrières tarifaires élevées, normes techniques complexes, et divergences sur la propriété intellectuelle alimentent les tensions. Bruxelles exige un abaissement de ces obstacles. En retour, New Delhi espère des investissements accrus dans les infrastructures, les technologies vertes et les semi-conducteurs, ainsi qu’une meilleure mobilité pour ses travailleurs qualifiés.

New Delhi multiplie les partenariats commerciaux

Ce regain d’engagement survient alors que l’Inde multiplie les accords commerciaux : Émirats arabes unis, Australie, AELE, et discussions avancées avec le Royaume-Uni, les États-Unis ou encore le CCG. L’Union européenne, si elle ne veut pas se laisser distancer, doit proposer une offre à la hauteur des ambitions indiennes. Le compromis réside sans doute dans un accord progressif, réciproque et orienté vers les citoyens.

Au-delà des chiffres, cette alliance s’inscrit dans une vision plus large : faire de l’Inde un pilier de la stratégie indo-pacifique européenne et un acteur central du corridor IMEC reliant l’Asie à l’Europe via le Moyen-Orient. Dans un monde fragmenté, le partenariat stratégique UE-Inde offre une rare combinaison de réalisme géopolitique et d’intérêts partagés. Il pourrait bien redessiner les contours de la puissance au XXIème siècle.

A lire également : Le pivot de l’Europe vers l’Asie rebat les cartes du monde

À propos de l’auteur
Mohit Anand

Mohit Anand

Dr Mohit Anand est professeur de commerce international et de stratégie à l'EM LYON, en France.

Voir aussi

L’Iran en guerre

Ayant donné des conférences académiques à Téhéran en juin 2025, puis étant parvenu à m’exfiltrer trois jours après le début de la guerre dans la nuit du 12 au 13 juin 2025, il me semble important de préciser quelques paramètres géopolitiques constatés sur place à la veille de la guerre pour réfléchir au futur.

La Seine : ses trésors cachés

La Seine : Vikings, impressionnistes, méandres et Paris. Balade au fil de ce fleuve emblématique de la France et découverte de ses trésors cachés La Seine prend naissance en Bourgogne. Si elle est mondialement connue pour traverser Paris, son histoire commence bien en amont, dans un...

Pépé Mujica, guérillero et président 

Le 14 mai 2025, une foule immense se tient sur les trottoirs de l’avenue 18 de Julio, la plus grande artère de Montevideo, capitale de l’Uruguay. Elle applaudit avec émotion le cortège funéraire de José Mujica, dont le cercueil est tiré d’un pas lent par un quadrige de chevaux emplumés de noir. Victime d’un cancer de l’œsophage, Mujica meurt le 13 mai à l’âge de 89 ans. Il fut le président du pays – La República Oriental del Uruguay –, du 1er mars 2020 au 1er mars 2025, et le moins que l’on puisse en dire, c’est qu’il se révéla un président tout à fait singulier.