Explosions entendues à Doha : Israël affirme avoir frappé « de hauts responsables » du Hamas

9 septembre 2025

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Explosions entendues à Doha : Israël affirme avoir frappé « de hauts responsables » du Hamas

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Israël a revendiqué une frappe aérienne inédite à Doha visant des responsables du Hamas. Alors que l’armée affirme avoir ciblé la direction du mouvement, le Qatar et plusieurs pays arabes dénoncent une violation grave.

Ce mardi, l’Etat hébreu a mené une frappe de représailles. La branche armée du Hamas, les Brigades Al-Qassam, venait de revendiquer l’attaque à l’arme à feu perpétrée lundi à Jérusalem-Est, qui a coûté la vie à six Israéliens.

On ignore dans l’immédiat si les responsables visés à Doha ont péri ou survécu.

Depuis le début de la guerre dans la bande de Gaza, Israël a tué plusieurs chefs et hauts responsables du mouvement dans le territoire palestinien, en Iran et au Liban.

Plusieurs explosions ont été entendues dans la capitale qatarie et de la fumée s’est élevée d’un quartier, selon des journalistes de l’AFP sur place.

« L’armée et le service de sécurité intérieure (Shin Bet) ont mené une frappe ciblée contre la haute direction de l’organisation terroriste Hamas », a confirmé l’armée israélienne dans un communiqué.

« Depuis des années, ces membres de la direction du Hamas dirigent les opérations de l’organisation terroriste, sont directement responsables du massacre brutal du 7 octobre et ont orchestré et géré la guerre contre l’Etat d’Israël », a-t-elle ajouté sans mentionner Doha.

Mais plus tard, un responsable de l’armée israélienne a confirmé à l’AFP que ces frappes avaient été menées à Doha.

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« L’action aujourd’hui contre les principaux chefs terroristes du Hamas a été menée entièrement par Israël: Israël l’a initiée, Israël l’a menée, et Israël en assume l’entière responsabilité », a déclaré le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.

Dans un communiqué, B. Netanyahu et I. Katz, ministre de la Défense, précisent avoir dès lundi « donné instruction à toutes les agences de sécurité de se préparer à la possibilité de cibler les dirigeants du Hamas. […] Aujourd’hui à midi, en raison d’une opportunité opérationnelle […] le Premier ministre et le ministre de la Défense ont décidé de mettre en œuvre la directive donnée la veille ».

Washington avait été prévenu des frappes aériennes menées contre des responsables du Hamas au Qatar, a indiqué mardi une haute responsable de la Maison-Blanche à l’AFP. « Nous avons été informés à l’avance », a-t-elle déclaré, sous couvert d’anonymat.

« Aucune immunité » 

Selon un responsable du Hamas qui a requis l’anonymat, « dans un nouveau crime sioniste, la délégation des négociateurs du Hamas a été ciblée lors d’une réunion à Doha, où elle discutait de la proposition du président (Donald) Trump pour un cessez-le-feu à Gaza ».

Des responsables du Hamas, qui ont participé aux négociations indirectes avec Israël sur un cessez-le-feu à Gaza, résident à Doha. Le Qatar n’ayant pas signé les accords d’Abraham (2020), il est l’un des principaux médiateurs entre le Hamas, les différentes organisations palestiniennes, Israël et les États-Unis.

« L’Etat du Qatar condamne fermement l’attaque lâche menée par Israël qui a visé des immeubles résidentiels abritant des membres du bureau politique du Hamas », a écrit le porte-parole des Affaires étrangères, Majed al-Ansari, sur X.

« Les terroristes n’ont et n’auront aucune immunité face au long bras d’Israël, où que ce soit dans le monde », a écrit le ministre israélien des Finances, Bezalel Smotrich. « Je salue la sage décision et son exécution parfaite par l’armée et le Shin Bet ».

En riposte à l’attaque du 7 octobre 2023, le gouvernement de Benjamin Netanyahu a juré de détruire le Hamas, et son armée a lancé une offensive d’envergure qui a dévasté la bande de Gaza et fait des dizaines de milliers de morts.

« Dernier avertissement »

L’ambassade des Etats-Unis au Qatar a appelé ses ressortissants dans le pays à « rester à l’abri ». « Nous avons vu des informations faisant état de frappes de missiles à Doha. L’ambassade a ordonné à son personnel de rester dans ses locaux. Il est conseillé aux citoyens américains de rester à l’abri. »

Lundi, le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a sommé le Hamas de se rendre sous peine d’être anéanti, après que Donald Trump a adressé un « dernier avertissement » au mouvement islamiste l’appelant à libérer tous les otages.

Ceux-ci ont été enlevés durant l’attaque du 7 octobre 2023 et emmenés dans la bande de Gaza.

« Ceci est un dernier avertissement aux assassins et violeurs du Hamas à Gaza et dans les hôtels de luxe à l’étranger: libérez les otages et déposez les armes, ou Gaza sera détruite et vous serez anéantis », a déclaré M. Katz sur X.

La Jordanie et les Emirats arabes unis, qui entretiennent des relations diplomatiques avec Israël, ont condamné les frappes à Doha.

Le Jihad islamique, un allié du Hamas à Gaza, a affirmé que « cibler une réunion de dirigeants du Hamas à Doha, constitue un acte criminel flagrant ».

De son côté, Emmanuel Macron a jugé « inacceptables, quel qu’en soit le motif » les frappes menées mardi par Israël à Doha contre des responsables du mouvement islamiste palestinien.

« La guerre ne doit en aucun cas s’étendre dans la région », a réagi le président français sur le réseau X, exprimant sa « solidarité au Qatar et à son émir, Cheikh Tamim Al-Thani ».

Israël essaye de torpiller les négociations de paix

« Pour Israël, il s’agit clairement de torpiller les négociations de paix », analyse Fabrice Balanche, maître de conférence à l’Université Lyon 2 et spécialiste du Proche-Orient.

Cette nouvelle attaque israélienne accroît l’inquiétude quant à l’évolution du conflit à Gaza. « Israël opère dans un processus guerrier, jusqu’au-boutiste dans la bande de Gaza. On voit que la ville de Gaza est à moitié conquise déjà, et qu’Israël veut pousser les Palestiniens vers le Sud, prélude à mon avis à une expulsion vers l’Égypte, pour vider la bande de Gaza de sa population », ajoute Fabrice Balanche.

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