Mercredi, le Kremlin a rejeté l’idée d’un échange de territoires occupés avec l’Ukraine. Alors que Kiev fait face à de grandes difficultés sur le front et que la population ukrainienne est exténuée, Vladimir Poutine veut imposer son calendrier pour commencer les négociations en position de force.
Kiev vient de passer une nouvelle nuit sous les bombardements. Dans un communiqué, le ministre russe de la Défense a affirmé avoir frappé « des ateliers » de production de drones de l’armée.
Face à ces frappes meurtrières, V. Zelensky a martelé que son homologue russe Vladimir Poutine refusait la paix, en pleines tractations sur de possibles pourparlers.
« Poutine ne se prépare pas à la paix. Il continue de tuer des Ukrainiens et de détruire des villes. Seules des mesures fortes et une pression sur la Russie peuvent mettre fin à cette terreur », a fustigé M. Zelensky, comprenant le rapport de force de plus en plus défavorable à l’Ukraine.
« Ce dont nous avons besoin maintenant, c’est de l’unité et du soutien de tous nos partenaires », a-t-il poursuivi. Ni l’Europe en crise ni les États-Unis qui ont promis la fin des combats ne semblent vouloir s’investir plus. L’Ukraine sera sauvée avec la paix.
Le président américain Donald Trump a lui salué mardi la libération par la Russie d’un Américain en échange d’un ressortissant russe, y voyant un geste de « bonne volonté » du Kremlin et un pas en direction de la paix.
L’incertitude Trump
En difficulté sur le front, l’Ukraine est aussi dans l’incertitude quant à l’avenir du soutien militaire des États-Unis depuis le retour de Donald Trump.
Ce dernier dit vouloir mettre fin à la guerre rapidement, mais sans dire comment. Kiev craint d’être forcé à un accord défavorable.
Dans ce contexte, Volodymyr Zelensky a commencé à esquisser de possibles concessions.
Il a évoqué mardi « un échange » de territoires, l’Ukraine occupant, depuis août, une petite partie de la région russe de Koursk et la Russie occupant environ 20% du territoire ukrainien.
Le Kremlin a rejeté mercredi cette proposition, jurant « d’anéantir » ou « de chasser » les soldats ukrainiens présents en Russie.
La semaine dernière, abandonnant une position de principe datant de 2022, M. Zelensky s’était dit disposé à négocier avec Vladimir Poutine. Une proposition là aussi balayée par le Kremlin, qui réclame de facto la reddition de l’Ukraine.
Kiev réclame pour sa part des garanties de sécurité, notamment un engagement clair des États-Unis, ainsi que le déploiement de 200.000 troupes européennes pour garantir une trêve éventuelle.
Vladimir Poutine veut lui que l’Ukraine dépose les armes, cède Louhansk, Donetsk, Zaporijjia, Kherson, et renonce à rejoindre l’Otan.
Libération d’un Américain et d’un Russe
L’administration américaine de Donald Trump reste très vague sur ses intentions s’agissant de l’Ukraine, et cherche à développer sa relation avec Moscou.
Le président américain a affirmé avoir parlé à M. Poutine, ce que le Kremlin n’a ni démenti ni confirmé.
En outre, mardi, un Américain de 63 ans emprisonné en Russie, Marc Fogel a été libéré de prison et renvoyé aux États-Unis. Il purgeait 14 ans de prison pour possession de drogue.
Washington a libéré en échange un Russe détenu aux États-Unis, a annoncé mercredi le Kremlin, sans préciser son identité.
Cet échange « montre la bonne volonté des Russes » et « signale que nous allons dans la bonne direction pour mettre fin à la guerre terrible et violente en Ukraine », a affirmé l’exécutif américain dans un communiqué.
Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, s’est montré plus prudent.
« Il est peu probable que de tels arrangements soient un point de bascule (en vue du règlement du conflit en Ukraine), mais ils peuvent être un élément pour renforcer la confiance qui est actuellement au plus bas » entre Moscou et Washington, a-t-il dit.
Les échanges de prisonniers sont l’un des rares domaines où Russes et Américains parviennent encore à s’entendre. Le plus grand échange depuis des décennies – 24 prisonniers – impliquant également plusieurs pays européens et des opposants russes, a eu lieu en août 2024.
Des contacts diplomatiques doivent en outre avoir lieu entre Kiev et Washington.
Zelensky doit rencontrer vendredi le vice-président américain J.D. Vance, qui a souvent vilipendé l’aide à l’Ukraine, à la conférence sur la sécurité de Munich, en Allemagne, où sont également annoncés l’émissaire spécial américain sur l’Ukraine, Keith Kellogg, et le secrétaire d’Etat Marco Rubio.
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