L’ICES ouvre à la rentrée 2025 un master géopolitique destiné à former des personnes aptes à se mouvoir dans le monde des affaires et les défis géopolitiques actuels.
Propos recueillis par la rédaction
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Pourquoi lancer une formation en géopolitique destinée au secteur privé ?
Pendant près de quatre-vingts ans, l’Europe a bénéficié d’un temps suspendu au cours duquel le développement économique du vieux continent semblait insensible aux flux et au reflux de la puissance. Les marchés ignoraient superbement les conflits géopolitiques, car ils les considéraient comme une sorte de trou noir, qui serait laissé un moment de côté, tandis que les opérations financières prospéraient alentours. Or voici que la recomposition en cours fait du risque géopolitique le danger majeur pour une grande entreprise. C’est la raison pour laquelle les grands cabinets de consultants se sont mis à recruter des chiefs geopolitical officers afin de faire le lien entre les enjeux politiques et les affaires.
Quels sont les offres d’emploi dans le privé pour les spécialistes en géopolitique ?
Ces offres – qui sont actuellement en augmentation – s’articulent autour de trois métiers.
Il s’agit en premier lieu des public affairs, c’est-à-dire des opérations d’influence menées par les grandes entreprises souhaitant se saisir d’un marché, modifier une règlementation à leur profit ou bien protéger leur image.
En second lieu, les offres d’emploi visent les métiers de la conformité ou compliance. Il s’agit par exemple pour une banque de veiller – grâce au responsable KYC (Know your Costumer) qu’un client n’est pas lié à des activités criminelles ou bien qu’il recycle de l’argent sale.
En troisième lieu, les enquêtes-client qui relèvent de la business intelligence. La structure du master de l’ICES s’articule logiquement autour de ces trois métiers fondamentaux. Cette formation se présente comme une prolongation naturelle de l’expertise juridique et politique de l’ICES.
Quels vont être les conséquences du rapprochement russo-américain actuel ?
Le rapprochement russo-américain va avoir plusieurs conséquences géopolitiques majeures : il se fait en premier lieu au détriment de l’Union Européenne, qui devient une île libérale isolée, coupée à la fois de son arrière-pays eurasiatique et du soutien américain. En son sein, les enclaves suisse et hongroises deviennent soudainement des espaces diplomatiques centraux, aptes à discuter avec toutes les puissances. Les Etats-Unis, qui ont poussé à la déconnexion entre l’usine allemande et les réservoirs d’hydrocarbures russes allègent leur arsenal de sanction vis-à-vis de la Russie tout en négociant une privation du soutien russe à l’Iran en cas d’attaque israélienne. Alors que la Chine court le risque de l’isolement, les espaces neutres comme la Turquie, l’Inde ou l’Indonésie concentrent les investissements des multinationales. En raison de la renaissance de la coopération russo-américaine, les tensions s’apaisent autour de Cuba et du Venezuela, tandis qu’en Afrique, Russes et Américains redessinent leurs zones d’influence.
Mais surtout, la fragilisation du dollar – qui a conduit la Federal Reserve à appuyer Donald Trump, candidat des Saoudiens, puis à lui demander de se rapprocher de la Russie – est momentanément suspendue. Au-delà du conflit d’Ukraine, c’est en effet la guerre des monnaies qui détermine le cours actuel des événements géopolitiques.
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