Entretien avec Antoine de Lacoste – Poutine et Erdogan : les nouveaux maîtres du Moyen-Orient

6 août 2020

Temps de lecture : 10 minutes
Photo : Rencontre entre Poutine et Erdogan le 5 mars à Moscou (c) SIPA Sputnik/Handout via Xinhua) - -//CHINENOUVELLE_CHINE012047/2003060848
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Entretien avec Antoine de Lacoste – Poutine et Erdogan : les nouveaux maîtres du Moyen-Orient

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« Pragmatique » ; tel est le mot qui caractérise le mieux la relation russo-turque. Dans un Moyen-Orient en ébullition, Poutine et Erdogan s’imposent en nouveaux maîtres du jeu. Par une diplomatie réaliste, ambitieuse, profondément nationaliste et détachée de tout sentiment, les deux hommes avancent leurs pions, mais savent discuter quand la situation l’oblige. Deux modèles d’une géopolitique classique ? Deux « empires » à contenir pour la stabilité de « l’Orient compliqué » ? Antoine de Lacoste nous apporte son point de vue sur une relation qui explique, aujourd’hui, bien des conflits et des enjeux aux pays du soleil levant.

 

Propos recueillis par Étienne de Floirac

 

Conflits : D’un point de vue historique, la Russie et la Turquie sont deux empires qui se sont attachés à conquérir l’Eurasie, pour accaparer l’héritage de Byzance, mais qui ont disparu à la suite de la Première Guerre mondiale. Aujourd’hui, on observe qu’elles coopèrent dans bien des domaines, qu’ils soient stratégiques, militaires ou économiques. Quels sont leurs intérêts à se rapprocher l’une de l’autre ?

Antoine de Lacoste : Elles se rapprochent l’une de l’autre, c’est incontestable. Historiquement, les Russes ont rêvé de reconquérir Constantinople et redonner à Sainte-Sophie la splendeur chrétienne passée, mais les Anglais et les Français s’y sont opposés et ont arrêté la Russie dans ses ambitions géopolitiques, par la guerre de Crimée notamment. Depuis la chute du Mur, tout a changé. La Russie s’est effondrée et s’est patiemment reconstruite. D’autre part, moult pays frontaliers de la Russie ont adhéré à l’OTAN. Mais la priorité de Poutine restait de remettre de l’ordre à l’intérieur, les ambitions au Proche-Orient passant donc au second plan. La guerre en Syrie lui a donné l’occasion de s’intéresser de nouveau à cette région, qui est également une ouverture sur la Méditerranée, une mer essentielle pour lui. La Russie n’avait que le port de Tartous en Méditerranée. Il n’était donc pas question que la Syrie tombe aux mains des islamistes, et derrière les islamistes, il y avait entre autres la Turquie. La Russie est donc intervenue en 2015 pour sauver le régime syrien. Cela a déclenché une confrontation avec Ankara qui s’est soldée par la destruction d’un bombardier russe par la chasse turque puis par le massacre au sol d’un des pilotes par des islamistes insurgés turkmènes à la solde de la Turquie. Donc les relations sont extrêmement compliquées. Par la suite, les succès militaires russes ont obligé Ankara à plus de retenue.

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Conflits : Vladimir Poutine a tout de même été d’un grand secours pour Erdogan lors du putsch de 2016, alors qu’il aurait pu ne pas intervenir

Antoine de Lacoste : Au moment du coup d’État, en 2016, d’une partie de l’armée contre Erdogan, qui a échoué, il semble que Poutine ait joué un rôle dans le fait de prévenir les Turcs. Cela peut paraître paradoxal, car c’était peut-être l’occasion de se débarrasser d’Erdogan. La raison pour laquelle Poutine est intervenu reste mystérieuse, mais on pouvait considérer que les positions d’Erdogan allaient petit à petit le couper de l’Occident, et qu’il avait une meilleure carte à jouer avec Erdogan qu’avec un coup d’État de l’armée laïque qui la rapprochait inexorablement des États-Unis. Cela l’a poussé à se rapprocher d’Ankara, à un moment où les Américains accablaient la Turquie parce qu’elle ne respectait pas les droits de l’homme. Les Turcs se sont donc coupés de l’Occident et la répression du putsch fut extrêmement violente. Poutine et Erdogan ont donc opéré un rapprochement, mais avec une pierre d’achoppement majeure qui demeurait la Syrie.

 

Conflits : La guerre en Syrie met, en effet, en exergue la relation pragmatique qu’entretiennent la Russie et la Turquie, mais qui semble toutefois tendre vers une nouvelle rivalité

Antoine de Lacoste : Il y a un jeu de chat et de la souris dans ce pays. Globalement, on a quand même le sentiment qu’Erdogan recule. L’armée russe, après avoir sauvé Bachar Al Assad, se met progressivement en situation de reconquérir l’ensemble du territoire. Les Américains occupent l’est de la Syrie par le biais des Kurdes et de leur couverture aérienne. Le Kurdistan autonome est partiellement occupé par l’armée turque et par un certain nombre de mercenaires syriens. À Idleb, il y a deux types d’islamistes : il y a ceux qui sont à la solde de la Turquie, et le Front al- Nosra devenu Hayat Tahrir al-Cham. Il y avait eu un modus vivendi entre les Russes et les Turcs qui consistait à dire : les Turcs ont un travail de neutralisation d’Hayat Tahrir al-Cham et pendant ce temps, les milices islamistes sous contrôle de l’armée turque font mener une vie normale à cette province qui doit arrêter d’envoyer des missiles et des drones sur les villes le long de la frontière ou sur Tartous. Mais Erdogan a été incapable de neutraliser Hayat Tahrir al-Cham. Dès lors, il n’a pas su contrôler la situation et au cours de deux phases successives, les Russes ont autorisé les Syriens à avancer, à l’été 2019 et cet hiver.

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À chaque fois, ils ont progressé d’un certain nombre de kilomètres en reprenant plusieurs villes et en libérant la fameuse autoroute Damas-Alep, avec la couverture aérienne russe, et un soutien très actif du Hezbollah. Il y a eu des escarmouches entre l’armée syrienne et l’armée turque, jusqu’à un point d’orgue qui a été une bombe lancée sur un immeuble où s’étaient réfugiés plusieurs dizaines de soldats turcs dont une trentaine ont été tués. Diplomatiquement, Erdogan a accusé l’armée syrienne, mais il semble bien que l’aviation russe y était pour quelque chose … Les Turcs se sont vengés contre l’armée syrienne et les Russes ont laissé faire, ce qui démontre l’ambiguïté de la relation russo-syrienne, qui n’est donc pas un soutien inconditionnel, et avec la Turquie, qui n’est pas une opposition définitive. À l’évidence, l’objectif russe est de reconquérir la totalité de la province d’Idleb.

D’autre part, les Russes ont empêché les Turcs d’aller trop loin dans le Nord. Les Américains étant partis, ce sont les Russes qui ont contenu les Turcs en ne leur permettant d’avancer que sur une certaine partie du territoire. Les Russes ont incontestablement les cartes en main en Syrie. Poutine contient Erdogan et tout cela est contrebalancé par une excellente entente sur d’autres points entre deux pays, notamment sur le gaz russe. Quand il y a eu la mise en place du dernier tronçon du Turkish Stream qui arrivait près d’Istanbul, Erdogan et Poutine l’ont inauguré en grande pompe. Mais ce ne sont pas des amis en réalité, car il n’y a pas d’amis dans l’histoire. Ils ont très bien compris qu’en diplomatie, les sentiments ne comptent pas et les principes comptent peu. De ce point de vue, ils se comprennent très bien, car ils sont tous deux pragmatiques. Le seul sujet d’Erdogan, c’est la Turquie ; et le seul sujet de Poutine, c’est la Russie. Le drame de la diplomatie française, c’est que son souci n’est pas seulement la France.

 

Conflits : Si beaucoup d’éléments les rassemblent, nous pouvons tout de même observer des points de divergences. Le fait qu’Erdogan soutienne l’Azerbaïdjan face à l’Arménie, qu’il ne reconnaisse pas les indépendances de l’Abkhazie et de l’Ossétie du Sud en Géorgie et qu’il ait même accueilli des Tchétchènes rebelles dans les années 1990 pourrait favoriser une opposition à Poutine. Comment appréhendez-vous l’avenir de cette relation ?

Antoine de Lacoste : Erdogan regarde le Caucase, mais avec beaucoup moins d’intérêt que la Méditerranée. Il sait très bien que le Caucase serait un casus belli. S’il commence à s’intéresser de trop près aux Kazakhs, aux Turkmènes ou aux Ouzbeks, la Russie interviendra, car cela touche à son « étranger proche ». La Russie n’a pas forcément de bonnes relations avec tous ces États caucasiens, où les populations sont souvent d’origine turkmène. Elle laissera d’autant moins Erdogan s’en approcher de trop près. En Azerbaïdjan c’est différent parce que la population est chiite. L’Azerbaïdjan est dans une position très ambiguë. Les Turcs n’y sont donc pas complètement chez eux, car les Iraniens et les Russes entretiennent de bonnes relations avec ce pays. Ce qui est sûr, c’est que cela ne peut pas aller très loin, car les Russes ne toléreraient pas que l’Arménie soit envahie par l’Azerbaïdjan. Bien qu’Erdogan regarde cela avec intérêt, il sait donc qu’il ne pourra jamais avancer ses pions dans cette zone stratégique, d’autant que la Méditerranée demeure un enjeu beaucoup plus important.

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Conflits : Concernant la Libye, on voit que les « Deux grands » du Moyen-Orient s’opposent également sur ce point. La Turquie a allégrement violé l’embargo sur les armes et a fait fi du droit international maritime en occupant illégalement la Méditerranée. Quelle est la position de Moscou dans ce conflit et comment va-t-elle évoluer au fil des avancées turques dans la région ?

Antoine de Lacoste : Les Russes ne veulent pas se fâcher avec la Turquie, car ils ont trop d’intérêts et de dossiers en commun. Ce qui s’est passé en Libye est intéressant. Il y avait une « guerre civile » – même s’il y a plus de 120 tributs – où deux camps s’affrontaient : celui de Sarraj et celui d’Haftar. Haftar avait dans l’idée de réunifier la Libye, grâce au soutien officiel de la Russie, de l’Égypte, de l’Arabie Saoudite, des Émirats arabes unis et de la France implicitement. La communauté internationale était plutôt du côté de Sarraj. La Turquie regardait un peu prudemment au début, puis quand Sarraj a été en difficulté et que les hommes d’Haftar ont envahi les faubourgs de Tripoli, les Turcs sont intervenus. Autant je pense qu’Erdogan a été beaucoup moins habile que Poutine en Syrie, autant son action en Libye a été bien menée. L’aide apportée à Sarraj a été très efficace. Parallèlement, faisant fi des droits maritimes de la Grèce, ils ont passé un accord pour créer une zone maritime commune Turquie-Libye. C’est comme si les îles grecques avaient coulé et que la Crète n’existait plus. C’est un acte de piraterie internationale. Mais ce n’est pas la première fois que les Turcs violent le droit international, car ils avaient fait des forages en Méditerranée, dans des eaux qui ne leur appartenaient pas et avaient empêché des navires, notamment italiens, de le faire. Nanti de cette impunité que lui donne son statut de membre de l’OTAN, cet accord, qui n’a aucune valeur juridique, permet à la Turquie d’intervenir avec une certaine efficacité.

 

Conflits : Quel a été le rôle de la Russie en Libye ? A-t-elle tenu à limiter l’action turque ou préfère-t-elle ne pas trop s’ingérer dans un nouveau conflit ?

Antoine de Lacoste : Au moment de l’intervention turque, il était intéressant de voir ce que ferait l’aviation russe et ce que feraient les hommes d’Haftar et les mercenaires russes employés par Wagner. On a tout d’abord constaté que ces mercenaires n’étaient pas de si bons combattants. D’autre part, les Russes ont opéré une manœuvre de recul, bien précise jusqu’à une base aérienne qui se trouve en Cyrénaïque. Les hommes de Wagner s’y sont retirés. Aujourd’hui, il y a une frontière entre la Tripolitaine et la Cyrénaïque, qui s’arrête surtout à l’endroit où commencent les champs de pétrole. Tout l’enjeu est là : les Turcs veulent aller plus loin pour récupérer ces champs et ce qui reste des troupes d’Haftar et les Russes veulent les en empêcher. Les Turcs se sont donc arrêtés. Non que les Turcs craignissent la menace égyptienne (qui était le premier pays à exprimer son désaccord), mais parce que Poutine a dit aux Turcs d’arrêter.

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En ce moment, il y a des discussions informelles entre Russes et Turcs sur le sort de la Libye. On ne sait pas ce qui va en sortir. Vont-elles aboutir à la constitution de deux régions autonomes ? Vont-elles continuer dans cette ambiguïté qui arrange tout le monde ?  Mais, en réalité, cela n’arrange pas les Turcs, bien qu’ils soient satisfaits que l’on avalise le fait qu’ils aient reconquis la Tripolitaine, et donc sauvé Sarraj et a fortiori l’accord maritime. Les Russes se disent qu’Haftar a échoué, et, par pragmatisme, vont peut-être l’abandonner, bien qu’ils lui aient tout de même fourni des avions. Puis les Américains rentrent à nouveau en scène, atteints d’une russophobie pathologique, car leur grande inquiétude est que les Russes fassent construire une base navale en Cyrénaïque. Fidèle à leur tropisme antirusse et partant du principe que c’est la Russie qui tient l’Eurasie, ils veulent toujours la contenir dans le Caucase et de l’empêcher d’aller au Proche-Orient ou en Méditerranée.

 

Conflits : Les relations énergétiques permettent à Erdogan et Poutine d’entretenir de bons rapports. L’inauguration du Turkish Stream est une illustration du fait que la Turquie devient le nœud énergétique du Moyen-Orient. Peut-on tout de même prévoir une confrontation russo-turque sur ce sujet, tant le gaz est, pour ces deux pays, une source importante de croissance et d’influence ?

Antoine de Lacoste : Il y a deux nœuds : le nœud turc et le nœud balkanique. C’est pour cela que le dépècement de la Yougoslavie a été une opération à laquelle ont participé de très près les Turcs et les Américains, pour des raisons équivalentes. La naissance du Kosovo est très liée à cela, pas seulement pour des raisons énergétiques, mais pour des raisons stratégiques. Il fallait en effet abattre la Serbie, alliée de la Russie, et prendre le contrôle des routes énergétiques. Ce deuxième nœud est quand même dépendant du premier nœud qu’est la Turquie. Les intérêts des Turcs et des Russes sont communs pour ce premier nœud, donc ils ne s’opposeront jamais véritablement. La Turquie manque cruellement de matières premières, d’où son intérêt pour la Méditerranée. Au-delà de cette question gazière, nous pouvons donc observer que la Turquie joue assez habilement sur les deux tableaux : membre de l’OTAN, mais qui achète à la Russie, ce qui exaspère les Américains. D’où la position stratégique de la Turquie, sans oublier celle de la Russie sans qui Ankara ne pourrait déployer de géopolitique énergétique.

 

Conflits : Le fait qu’Erdogan continue de faire partie de l’OTAN pourrait, à terme, l’obliger de se détourner du partenaire russe ?

Antoine de Lacoste : Pas du tout, au contraire ! Cela lui donne un jeu d’équilibre entre la Russie et les États-Unis. S’il n’était pas membre de l’OTAN, il y a longtemps que la Russie aurait eu des liens stratégiques plus forts avec la Turquie, mais l’OTAN fait que la Russie essaie de tirer la Turquie vers elle, et c’est pour cette raison qu’ils ne se fâcheront jamais tout à fait. C’est aussi la raison pour laquelle les Russes ne vont au bout du processus en Syrie. Ils ménagent les Turcs, sachant qu’Ankara, en tant que membre de l’OTAN, peut envoyer ses bateaux en Méditerranée avec une certaine impunité. La Turquie a très bien compris que les Américains fermeront les yeux, car l’essentiel pour eux est d’empêcher les Russes de s’installer en Libye. Les États-Unis privilégieront toujours la relation avec la Turquie pour contrer la Russie.

 

Conflits : Concernant Sainte-Sophie, il semble que la décision de la retransformer en mosquée marque l’acte de mort définitif de l’héritage laïc de Mustapha Kemal et permet à Erdogan d’affirmer, véritablement, ses prétentions politiques. Cela marquera-t-il un refroidissement de ses relations avec la Russie orthodoxe ?

Antoine de Lacoste : Les orthodoxes se sont élevés contre cette action, mais Poutine lui-même n’a pas dit grand-chose. C’était inéluctable. Il y a une crise économique très forte et Erdogan, ayant perdu les municipales, pensait que c’était le moyen de se reconquérir une forme de popularité. Les élections générales qui auront lieu en 2023 constituent un grand danger pour lui. Je pense qu’il fera ce qu’il faut pour les gagner, mais il a également fait ce qu’il fallait pour les municipales et malgré cela, il les a perdues. Sainte-Sophie rentre dans ce processus-là, car même le Turc modéré, qui n’est pas islamiste, est tout de même très musulman et très nationaliste, et est très fier de la chute de Constantinople. Pendant des décennies, les Turcs ont eu une immense admiration pour Kemal, mais aujourd’hui, cela est terminé. Erdogan savait que les Occidentaux ne réagiraient pas, et de toute façon, Sainte-Sophie reste en territoire turc. Il n’y a rien à faire contre cela. Poutine est un pragmatique, non un idéologue. Ce qui l’intéresse, c’est la grandeur de la Russie. Sainte-Sophie qui devient une mosquée n’est pas une raison valable pour s’opposer à Erdogan. Il laisse le patriarche de Moscou faire le travail religieux et se garde la politique et la stratégie.

 

Conflits : Comment envisagez-vous l’avenir global des relations russo-turques ?

Antoine de Lacoste : Elles vont continuer dans le pragmatisme et dans une certaine ambiguïté. Il y a trop d’intérêts communs pour se fâcher, notamment le dossier syrien où Poutine pourrait très bien contraindre les Turcs de partir, mais il ne veut pas le faire, car il ne souhaite pas d’une confrontation sanglante avec la Turquie. Il y a l’affaire du gaz qui est très importante et la Libye où ils sont face à face tout en poursuivant le dialogue, donc ils ne se fâcheront jamais. Et, en définitive, c’est plutôt Poutine qui tire les rênes.

 

À propos de l’auteur
Etienne de Floirac

Etienne de Floirac

Étienne de Floirac est journaliste
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